Précarité étudiante : les files d’attente interminables pour l’aide alimentaire

lundi 8 avril 2024.
 

Des files d’attente à perte de vue d’un bout à l’autre de la France. C’est la réalité vécue par des milliers de jeunes, chaque jour en France, pour subvenir à leurs besoins.

À Rennes, 600 étudiants font la queue devant l’Université de Rennes 2 pour se nourrir. À Lyon, les queues devant les restaurants CROUS s’allongent et le temps d’attente pour manger un repas chaud s’éternise. À Strasbourg, l’association Cop1 a distribué 500 paniers alimentaires à des étudiants de la ville il y a une dizaine de jours.

La précarité étudiante continue de faire un ravage dans notre pays, 7ᵉ puissance économique du monde. « En même temps », le camp présidentiel a voté contre les repas à un euro pour tous les étudiants. Pour rappel, la moitié d’entre eux avec moins de 100 euros de reste à vivre. « Sans ces distributions alimentaires, je serais forcée de retourner chez mes parents, à 800 kilomètres de ma faculté », nous confie une étudiante rennaise, qui tient à rester anonyme. Notre brève.

Précarité étudiante – Se nourrir ou se loger ? L’infâme dilemme de nombreux étudiants

« Quand on est jeune, on est un public par essence précaire. On a du mal à se nourrir, à se loger. Des fois, justement, c’est choisir entre ce qu’on va manger le soir et est-ce que l’on va pouvoir payer son loyer, ses charges dans le mois ! », expliquait Éléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante, le 17 novembre 2023. Lors d’un rassemblement à Paris, de nombreux étudiants étaient venus témoigner du froid qu’il subissait chaque jour dans leurs logements. Des témoignages bouleversants. Aujourd’hui, si les beaux jours commencent à revenir, le retour du printemps n’a pas résorbé la précarité étudiante pour autant.

Le 20 mars 2024, 600 étudiants faisaient la queue devant l’Université de Rennes pour se nourrir. Ils étaient 500 le 23 novembre 2023, de même le 4 octobre. À Lyon, la queue pour manger au restaurant CROUS est interminable. Parfois, certains jettent l’éponge et retournent en cours le ventre vide parce qu’ils n’ont pas eu le temps de manger.

« Ce sont des produits comme le lait qu’on utilise au quotidien. Je ne suis pas boursier donc je n’ai aucune aide, or les produits sont de plus en plus chers », témoigne un étudiant auprès de France 3 Régions, lors d’une distribution alimentaire à Strasbourg organisée par l’association Cop1 il y a une dizaine de jours. Des témoignages à mettre en parallèle avec cette réalité : depuis la réélection d’Emmanuel Macron, nous assistons à une flambée historique de la précarité étudiante. De 20% en février 2022, le taux de pauvreté dans la jeunesse est passé à 26% en février 2023.

Nous étions revenus dans nos colonnes sur les chiffres chocs de l’étude Cop1/IFOP sur cette précarité étudiante qui subsiste dans notre pays. Les résultats sont accablants : plus d’1 étudiant sur 3 a déjà renoncé à se soigner, 43% des étudiantes ont déjà renoncé ou reporté une visite ou un soin gynécologique, 52% ont dû limiter ou renoncer à leurs achats de loisirs, de sorties ou d’habillement, pour ne citer que ces chiffres.

La minorité présidentielle a fait rejeter à une voix près une proposition de loi visant à instaurer le repas à 1 euro pour tous les étudiants. Cette mesure, qui aurait permis de soulager le quotidien de milliers d’étudiants précaires non-boursiers, a été rejetée sur l’autel d’arguments grotesques. La preuve que la précarité étudiante n’est pas une fatalité, mais un choix politique. Le camp présidentiel a décidé de mépriser la jeunesse et la faire crever de faim.


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