Double référendum : finalement, l’Irlande conserve les "femmes à la maison" dans sa Constitution

jeudi 14 mars 2024.
 

On pensait l’Irlande prête à en finir avec les « femmes à la maison » dans sa Constitution, mais il n’en est finalement rien : les électeurs du pays ont été une majorité à se prononcer contre la modernisation des références aux femmes et à la famille dans leur Constitution, a indiqué ce samedi 9 mars le Premier ministre à l’issue du double référendum qui s’est tenu la veille.

« Je pense qu’il est clair à ce stade que les amendements [...] ont été rejetés », a en effet déclaré Leo Varadkar devant la presse. « Il était de notre responsabilité de convaincre une majorité de personnes de voter "oui" et nous avons échoué à le faire », a ajouté celui dont le gouvernement de centre droit avait proposé cette réforme. Une désillusion symbolique pour les femmes irlandaises qui espéraient voir revisiter ce texte rédigé en 1937, héritier de la longue influence de l’Église catholique dans la vie publique du pays, notamment en élargissant le concept de famille au-delà de la notion de mariage et en effaçant le rôle prioritaire des mères d’assurer les « devoirs domestiques » dans un foyer.

Abstention

Le gouvernement irlandais comptait, lui aussi, sur ce double référendum, organisé le 8 mars, journée internationale des droits des femmes – dans une séquence où la France vient d’entériner l’inscription du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans sa propre Constitution – pour effacer un peu plus l’empreinte laissée par l’Église catholique dans les institutions du pays.

À quelques jours du scrutin encore, les sondages prédisaient une victoire assez facile du « oui », mais les derniers sondages révélaient une incertitude croissante. Au bout du compte, ce double référendum a suscité peu d’enthousiasme, avec une participation qui n’a pas dépassé les 50 % dans la majorité des 39 circonscriptions irlandaises, d’après les estimations publiées par les médias irlandais.

1) En Irlande, un double référendum pour redéfinir la place des femmes et de la famille : « Cela voudra dire que je suis comme tous les autres »

Vendredi 8 mars, les Irlandais voteront pour revoir la notion de mariage dans leur Constitution et pour supprimer l’article dit « des femmes à la maison ». Une étape symbolique et complexe, dont la formulation fait débat.

Au cours des dernières années, l’Irlande a connu deux référendums majeurs : la légalisation du mariage pour tous en 2015 puis de l’avortement en 2018, qui avaient soulevé les foules et fait revenir des milliers d’expatriés déterminés à déposer leurs bulletins en faveur du progrès. Les débats étaient enflammés, les slogans accrocheurs, et le Premier ministre de l’époque Leo Varadkar avait même fait son coming out à l’occasion.

Cette fois, dans les rues de Dublin, il faut chercher les indices qu’un nouveau vote se prépare. Quelques affiches ont été installées de part et d’autre de la rivière Liffey et enjoignent à « protéger les femmes et les enfants » en votant deux fois « yes », mais le message n’est pas très clair. « Les gens ne comprennent pas vraiment ce référendum », s’agace Breda Murray, une employée de l’aviation à l’aéroport de Dublin. Pour cette mère de quatre enfants, ce vote est crucial. La Constitution irlandaise décrit la famille comme « le groupe naturel, primaire et fondamental de la société » et lui confère « des droits inaliénables et imprescriptibles ». Mais cette définition ne s’applique qu’aux familles fondées sur le mariage...

Juliette Démas, Libération


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