Noël 1979 Le curé de Loughamure (Irlande) est interpellé pour pédophilie en pleine messe de minuit

mercredi 27 décembre 2023.
 

John Kelly, porte-parole de Survivors of Child abuse explose « Ces endroits n’étaient pas des foyers d’accueil. C’était des goulags. Les enfants étaient loués à des fermiers comme esclaves. » . Il fait partie des milliers d’anciens élèves, aujourd’hui âgés de 50 à 80 ans, à avoir subi mauvais traitements et humiliations dans ces établissements scolaires catholiques . « Je n’étais pas John Kelly, j’étais le numéro 253 »... « Nous étions traînés hors du lit pour être flagellés, nus, au milieu de la nuit. On fabriquait même les martinets avec lesquels ils nous frappaient... »

En ce mois de novembre 2011, le gouvernement irlandais a fermé au Vatican son ambassade, le somptueux palais du XVIIe siècle nommé Villa Spada.

Quel prétexte avancent les dirigeants de Dublin ? les restrictions budgétaires imposées par l’Union européenne et par le Fonds monétaire international (FMI). Il est vrai qu’ils ferment en même temps leur représentation diplomatique au Timor Oriental.

Comme l’écrivait un article du Monde le 6 novembre 2011 " Sacrifier l’ambassade auprès du Saint-Siège... constitue un camouflet diplomatique d’envergure. La vraie raison est l’attitude de l’Eglise d’Irlande dans le scandale des crimes sexuels commis par des prêtres et des religieux. Le gouvernement d’Enda Kenny avait incriminé, le 14 juillet, la hiérarchie catholique irlandaise pour avoir cherché à dissimuler jusqu’en 2009 les cas d’abus sexuels dont s’étaient rendus coupables des membres du clergé, en particulier les agissements de 19 prêtres du diocèse de Cloyne, dans le sud du pays." Suite à ces propos, le Saint-Siège avait rappelé son nonce apostolique en Irlande le 25 juillet.

L’Eglise catholique irlandaise a évidemment critiqué la vente par le gouvernement de son ambassade vaticane en insistant sur le lien historique unissant l’Irlande au vatican depuis de nombreux siècles et en invoquant le rôle important du Saint Siège dans les relations diplomatiques internationales.

Le primat d’Irlande comme le Vatican aurait mieux fait de s’occuper à temps de l’épidémie de pédophilie parmi les religieux catholiques plutôt que de s’insurger aujourd’hui contre la fermeture de cette ambassade.

Retour ci-dessous sur le catholicisme irlandais et les horribles maltraitements subis par de nombreux élèves de ses établissements scolaires.

Les opprimés ont raison de lutter contre leurs oppresseurs mais ils ne choisissent pas toujours le meilleur moyen.

Ainsi, des musulmans se replient actuellement sur un islam moyenâgeux et identitaire.

Ainsi, les Irlandais ont supporté durant sept siècles l’oppression particulièrement atroce de la classe dominante britannique : accaparement des terres, famine, émigration imposée, esclavage...

Quel moyen ont-ils trouvé pour résister massivement en tant que peuple ? la croyance catholique en opposition aux anglicans et protestants.

Résultat de cette osmose entre une grande majorité des Irlandais et l’Eglise catholique : celle-ci contrôlait complètement l’enseignement au 20ème siècle, particulièrement l’enseignement primaire et l’enseignement professionnel.

A) Les défauts d’une religion ayant la fonction d’une religion d’Etat en particulier dans l’éducation

Le préambule de la Constitution irlandaise stipule toujours que l’autorité de l’Etat repose sur la saint Trinité. "Les juges et et le président de la république prononcent un serment religieux lors de leur investiture. L’angélus sonne deux fois par jour sur les ondes des médias publics. Chaque séance du Parlement s’ouvre par une prière" (L’Express n° 3135).

Cette place centrale de la religion catholique a également entraîné un monopole scolaire de l’Eglise dans plusieurs filières, en particulier dans l’enseignement primaire et professionnel.

Cette main-mise de l’Eglise sur l’enseignement a permis à de nombreux religieux catholiques d’assouvir leur sexualité pédophile au détriment de milliers d’enfants.

En 2009, le rapport Ryan diligenté par l’Etat a permis de constater l’ampleur et la gravité de cette oppression enfantine. Rédigé par la commission d’enquête sur les violences contre les enfants, "il a entraîné une avalanche de témoignages de nombreux Irlandais en ayant été les victimes. Ce document en cinq volumes... dépeignait les orphelinats et écoles spécialisées d’Irlande comme des lieux dominés par la peur, les négligences et les agressions sexuelles généralisées" (Article du Monde).

B) Des rapports accablants sur les pensionnats catholiques

Après neuf ans d’enquête auprès de plusieurs centaines d’écoles et des milliers de victimes interrogées, le rapport révèle que attentats à la pudeur et viols étaient « endémiques » dans les établissements réservés aux garçons. Durant plusieurs dizaines d’années, d’innombrables enfants avaient été victimes de flagellations, de travaux forcés et de viols collectifs dans l’ancien système d’écoles supervisées par l’Eglise. Les filles ont moins souffert d’abus sexuels. Cependant, elles étaient victimes « d’agressions et d’humiliations ».

« Les autorités religieuses savaient que les abus sexuels étaient un problème persistant dans les institutions religieuses masculines ». Mais l’Eglise catholique « n’a pas écouté les personnes qui se plaignaient ou ne les a pas crues ». Le rapport stigmatise également le ministère de l’Education qui « se rendait complice du silence ».

Les enfants qui ont le plus souffert sont généralement ceux qui étaient retirés de familles populaires "à problèmes" pour être dirigés vers une filière courte. Plus de 30.000 enfants considérés comme des délinquants ou issus de familles à problèmes ont été envoyés dans les écoles techniques, maisons de redressement, orphelinats et foyers administrés par des catholiques, entre les années 1930 et les années 1990.

Plusieurs personnes ayant subi de tels traitements sont intervenus publiquement pour que le scandale cesse.

Fin 2009, un nouveau rapport (dit Murphy) a confirmé et même amplifié le bilan de ces mauvais traitements.

Ces textes ont-ils entraîné des poursuites ? Non. Les conclusions du rapport ne peuvent pas être utilisées à des fins judiciaires. De plus, les Frères chrétiens ont obtenu de la Justice, en 2004, que le rapport ne nomme aucun membre de la congrégation, mort ou en vie.

Les victimes devraient être indemnisées par le gouvernement. Mais à une seule condition : qu’elles renoncent à intenter une action en justice contre l’Etat et l’Eglise. Des centaines de personnes ont rejeté cette condition pour traîner devant les tribunaux les auteurs de mauvais traitements et les ecclésiastiques qui les employaient.

C) Les souffrances de John Deegan et John Kelly

Cet homme a subi toutes ces infâmies de religieux tortionnaires dans l’école primaire de Loughamure (Donegal rural).

Ne pouvant plus supporter l’hypocrisie qui permettait aux prêtres concernés de continuer à prêcher l’Evangile en toute impunité et en toute gloire, John Deegan interpelle le curé du village durant la messe de minuit 1979. La réaction du milieu catholique pratiquant local est tellement violente qu’il se voit obligé de quitter l’Irlande pour l’Ecosse. Pire, des prêtres entrent dans la maison de sa grand-mère chez laquelle il logeait, jettent tous ses meubles, papiers et effets divers dans la rue puis y mettent le feu "afin de purifier la maison du démon".

Acculé, John Deegan décide de revenir en Irlande et de se poster régulièrement devant l’entrée de la cathédrale de Dublin avec quelques calicots vengeurs.

Devant la multiplication des cas et la multiplication des preuves de sévices et abus sexuels, l’Eglise catholique et l’Etat s’entendent sur des procédures visant à arrêter cette épidémie.

Suite à de nouvelles révélations, un nouveau rapport est diligenté dans le diocèse de Cloyne. Il prouve que, jusqu’en 2008 au moins, le Vatican et le clergé irlandais "ont étouffé les affaires de pédophilie, bafoué les procédures auxquelles ils avaient pourtant souscrit, menti à la police" (L’Express n°3135). Monseigneur l’évêque John Magee, secrétaire papal de Benoït XVI, est relevé de ses fonctions.

John Kelly, porte-parole de Survivors of Child abuse explose « Ces endroits n’étaient pas des foyers d’accueil. C’était des goulags. Les enfants étaient loués à des fermiers comme esclaves. » . Il fait partie des milliers d’anciens élèves, aujourd’hui âgés de 50 à 80 ans, à avoir subi mauvais traitements et humiliations dans ces établissements scolaires catholiques . « Je n’étais pas John Kelly, j’étais le numéro 253 »... « Nous étions traînés hors du lit pour être flagellés, nus, au milieu de la nuit. On fabriquait même les martinets avec lesquels ils nous frappaient... »

D) Le scandale explose

Frances Fitzgerald, ministre chargé de l’Enfance et de la Jeunesse fait part publiquement de sa réprobation à la lecture de ces rapports. "Il y a trois ans à peine l’Eglise constituait un danger pour les enfants de ce pays".

Enda Kenny, chef du gouvernement ne peut faire autrement que d’intervenir à la chambre des députés pour dénoncer ces scandales et mettre en cause la responsabilité du Vatican "le dysfonctionnement, la déconnexion, le narcissisme qui prédominent dans la culture du Vatican".

Ces scandales ont-ils vacciné le monde politique irlandais contre les dangers d’une religion d’Etat ? des initiatives contradictoires fleurissent :

- l’Etat négocie avec l’Eglise son retrait volontaire d’une partie de l’enseignement primaire (elle scolarise actuellement 92% des enfants).

- mais une loi punissant gravement le blasphème a été votée en 2009.

Le peuple catholique irlandais paraît plus conscient de la gravité de ces affaires de pédophilie. Les messes sont de moins en moins fréquentées. Le séminaire de Dublin a vu en 20 ans son nombre de pensionnaires s’effondrer de 1000 à 56.


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