« Nettoyage social » à l’approche des JO Paris 2024 : étudiants, SDF et migrants expulsés, les associations tirent la sonnette d’alarme

jeudi 16 novembre 2023.
 

Mois après mois, les Jeux Olympiques (JO) Paris 2024 ressemblent de plus en plus à une vaste chasse aux pauvres. Destruction d’espaces communs gratuits comme les jardins ouvriers, prix des billets exorbitants et désormais expulsion des étudiants, des sans-abris et des migrants. L’oligarchie s’accapare cette fête du sport et l’utilise pour mener un « nettoyage social » selon Médecins du Monde. Notre article.

Étudiants, SDF et migrants expulsés, les associations tirent la sonnette d’alarme

500 personnes ont été expulsées le 26 avril sur L’Ile-Saint-Denis pour préparer l’installation d’infrastructures du village olympique. Les solutions de relogement, quand elles existent, sont systématiquement loin de Paris. « Il n’y a plus de proposition de place en Ile-de-France » selon Paul Alauzy.

D’après le collectif Schaeffer, près de 4 100 ressortissants de pays africains qui vivaient dans des foyers de travailleurs migrants ou occupaient des logements autrement laissés vides ont été déplacés de la Seine-Saint-Denis.

À la rentrée scolaire, ce sont les syndicats étudiants qui alertaient déjà sur les expulsions des étudiants des logements CROUS.

Pendant les 2 mois d’été 2024, 3000 étudiants sont menacés de perdre leur logement. Un recours au Crous est lancé, l’audience aura lieu d’ici décembre. Si certains étudiants peuvent quitter leur logement à Paris durant l’été, ce n’est pas le cas de tous et notamment des plus fragiles socialement. D’une part, il y a les conflits ou drames familiaux. Pour cette raison, de nombreux jeunes ne peuvent pas retourner chez papa-maman. Surtout, nombreux sont ceux qui se souviennent du cas de Maëlle qui avait personnifié la précarité étudiante et la nécessité absolue de travailler pendant ses études.

Près de 50% des personnes en étude exercent une activité rémunérée. Une partie d’entre elles sont en CDI. Et elles ont absolument besoin de ce travail pour vivre. Pas question donc de le quitter. Avec cette expulsion, toutes ces personnes risquent, soit de perdre un emploi qui leur permet de survivre, soit de devoir faire des heures de transports entre leur lieu de travail et le logement qu’elles auront pu trouver et qu’on imagine mal se trouver, par chance, à quelques minutes à pied de l’endroit où ils doivent se rendre chaque jour pour gagner leur pain.

Comble du ridicule, le gouvernement a promis de les dédommager avec 100 euros et deux places pour les JO. Alors, certes, vu le prix astronomique des places, c’est un beau cadeau. En revanche, vu le prix des logements à Paris et les prix des billets SNCF, déjà chers en tant normal et qui vont, selon toute vraisemblance, devenir totalement inabordables pour la majorité de la population à l’été 2024, les étudiants expulsés n’auront nullement les moyens financiers de se rendre jusqu’au lieu de la compétition. Une grande partie de ces places promises resteront par conséquent inoccupées.

« Nettoyage social » sous prétexte des JO Paris 2024

Ce « nettoyage social » de Paris et de sa proche banlieue n’est pas nouveau. Que ce soit par l’accompagnement de la gentrification par Mme Hidalgo à la tête de la Mairie de Paris. Par le refus de réquisitionner les logements vides, d’encadrer le prix des loyers à la baisse. Par le déficit chronique de construction de logement sociaux et d’établissement d’hébergement d’urgence. Mais la politique d’expulsion des classes populaires les plus défavorisées loin de la capitale est accélérée par les Jeux Olympiques.

Rappelons que pour les personnes défavorisées, l’accès au centre de la ville est un enjeu essentiel. En effet, c’est là que sont concentrées les structures comme Médecins du Monde qui peuvent les accompagner. La proximité avec le centre permet également une mobilité indispensable pour trouver un emploi, s’occuper des nombreuses missions administratives (RSA, CAF, demande de logement social, titre-de-séjour).

La ségrégation sociale fortement inscrite dans l’histoire des JO

Le porte-parole du collectif Le revers de la médaille rappelle que ce phénomène n’est pas propre à Paris. Mais une constante des JO. « Il y a eu un rapport en 2007 du Cohre (Centre on Housing Rights and Evictions). Ils se sont intéressés à sept olympiades, entre 1980 et 2007 et ont estimé à deux millions le nombre de personnes déplacées pour ces méga-événements sportifs. Tout le monde a entendu parler des politiques de déplacements en Chine, des favelas détruites au Brésil. En fait, la manière dont on traite les personnes à la rue à Paris, ce n’est pas beaucoup mieux »

Par Ulysse


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