Pourquoi la pédiatrie est en crise ?

dimanche 22 octobre 2023.
 

Pédiatrie. Un article publié il y a quelques jours dans l’Huma titrait « La mortalité infantile augmente en France. » Il fait état d’un récent rapport qui souligne qu’une des principales causes est le manque de lits et de personnel. Le constat est implacable avec 1 000 enfants de moins d’un an qui meurent en plus par rapport aux pays comme la Suède et la Norvège. Comment en sommes-nous arrivés là alors que notre système de santé était considéré il y a encore 20 ans comme un des meilleurs du monde ?

Logique financière sur la pédiatrie ou comment le libéralisme empêche de soigner des nouveaux-nés

La réponse est simple il s’agit des conséquences des politiques capitalistes ultralibérales dont l’objectif est de transformer notre système de santé en service marchand dans une logique financière.

La première mesure a été de créer sciemment une pénurie de médecins en resserrant le fameux numerus clausus. Au-delà du déficit démographique, une autre conséquence a été d’instaurer une hiérarchie entre les spécialités avec, du fait d’une rémunération à l’acte valorisant particulièrement certains actes techniques, des différentiels de revenus allant de 1 à 3. Différentiels qui ne prennent aucunement en compte les priorités de santé publique et la pénibilité des métiers.

Ainsi lors du choix des internes qui s’est déroulé il y a quelques jours, le podium est emblématique de cette dérive : première chirurgie esthétique, deuxième ophtalmologie, troisième dermatologie. La pédiatrie n’arrive qu’en 31e position sur 44, ce qui n’est pas le pire quand on sait que les pédiatres sont les médecins dont les revenus en exercice libéral sont parmi les plus bas, derrière même ceux des généralistes. Mais là où le déficit est le plus criant est le secteur hospitalier et plus particulièrement les soins intensifs et la réanimation.

Cet exercice est sûrement un des plus contraignants dans la profession médicale car au-delà de la charge physique des gardes de nuit et de week-ends, il existe une charge psychologique très importante car la vie d’un enfant est considérée aujourd’hui comme ce qui est le plus précieux. Or c’est ici que se concentrent les problèmes, en particulier le manque de lits, notamment par manque de personnels. Cela oblige à de fréquents transferts de nouveau-nés à plusieurs centaines de kilomètres avec les risques que cela comporte. Mais plus grave, c’est l’impossibilité d’admission en soins intensifs d’enfants qui le nécessiteraient et une prise en soins dégradée qui est largement en cause dans la surmortalité constatée en France.

Sauver la vie des enfants : le secteur privé n’y voit pas d’intérêt

Un autre élément à souligner est le fait que plus de 90 % de la pédiatrie hospitalière est publique dont quasiment 100 % des lits de réanimation. Car, les bonnes âmes qui continuent à nous vendre le secteur privé d’hospitalisation comme un complément du service public nous mentent. Ce secteur s’est concentré sur les activités rentables que sont par exemple la chirurgie ambulatoire et délaisse totalement une bonne partie des spécialités médicales, dont la pédiatrie, activité peu lucrative et à risque.

Conclusion : cette politique est meurtrière et il est temps d’exiger des changements radicaux.

Dr Christophe Prudhomme


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