Le chantier meurtrier du Grand Paris Express

samedi 27 mai 2023.
 

Cinq ouvriers sont déjà morts depuis le début du chantier en 2020. Une situation mise en lumière le 28 avril, à l’occasion de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, lors d’une visite de sa secrétaire générale sur l’un des sites de construction.

Maxime Wagner, 22 ans. Franck Michel, 58 ans. Seydou Fofana, 22 ans. Abdoulaye Soumahoro, 41 ans. Joao Baptista Miranda, 61 ans. Depuis le début des travaux du Grand Paris Express, en 2020, cinq ouvriers ont déjà perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions. Le 28 avril, à l’occasion de la journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était en déplacement aux côtés des ouvriers et ouvrières du chantier pour exprimer la solidarité de l’ensemble du syndicat et mettre en lumière une situation intolérable.

Chaque jour, trois personnes meurent à cause du travail

“Aujourd’hui, au travail, on meurt en silence", assène d’office Sophie Binet.

Les chiffres sont éloquents. Depuis 2010, le nombre d’accidents mortels au travail n’a cessé de croître pour passer de 537 à 790 en 2019.

"On estime qu’un suicide par jour est du au travail, pointe la secrétaire générale de la CGT. Chaque jour, trois personnes meurent à cause de leur emploi”.

Alors que la France trône en tête des pays européens où le travail est le plus dangereux, le monde du bâtiment demeure le plus touché avec plus de 250 accidents mortels par an. “Dans le BTP, la santé au travail n’est ni protégé, ni mise en danger, alors que c’est la responsabilité de l’employeur, s’insurge Bruno Bothua, secrétaire général de la CGT construction . Pourquoi, pour sortir des bâtiments, chaque jour, c’est un salarié qu’on enterre ?”. “Les causes de cette hécatombe, on les connaît”, reprend la secrétaire générale de la CGT qui pointe notamment l’absence de politique de prévention sur les risques au travail.

Des solutions existent

“Quand il y a une volonté politique, qu’on fait une priorité de la sécurité sur le fonctionnement des chantiers, on obtient des résultats”, rebondit Bernard Thibault, membre du comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris.

L’ancien secrétaire général de la CGT prend en exemple le chantier de Paris 2024, qui affiche quatre fois moins d’accidents du travail que la moyenne des chantiers en France.

“Cela est permis par l’implication des représentants du personnel, ce qui permet aux salariés d’intervenir pour leur propre sécurité. À ce titre, la disparition des Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qui pouvait intervenir directement sur les chaînes de production, a été une vraie catastrophe. Il faut se réapproprier le pouvoir d’intervention sur l’organisation du travail”.

Une situation qui pousse, depuis plusieurs années, la CGT a demander la remise en place des CHSCT et met encore une fois au centre du débat la question des retraites.

“Macron, avec sa réforme, a supprimé les quatre critères de pénibilité, confie Bruno Bothua. À 53 ans, 70 % des salariés du bâtiment ont au moins un symptôme invalidant qui conduit à ce que 80 % des travailleurs de notre secteur n’arrivent pas à la retraite. Cette journée, c’est aussi l’occasion de montrer les conséquences du travail”.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message