Le Parti de la Gauche Européenne au secours de Correa et Morales

vendredi 9 octobre 2020.
 

Museler l’opposition politique, l’abattre, intimider ceux qui osent encore agir, voilà ce qui se joue en Bolivie et en Equateur, deux pays où le paravent de la démocratie se replie de plus en plus tant les ficelles de ce qui se joue sont visibles.

La judiciarisation du politique continue à faire rage en Amérique latine. Rafael Correa (Président équatorien entre 2007 et 2017) et Evo Morales (président de la République de Bolivie puis de l’Etat plurinational de Bolivie entre 2006 et 2019) sont actuellement dans le viseur de la répression. Des décisions rendues à la hâte, des procédures bâclées, des figures politiques empêchées de concourir aux élections, voilà ce qui se joue actuellement en Amérique latine.

Deux décisions lourdes de conséquences sont tombées au mois de septembre 2020. La première concernant Evo Morales, la seconde concernant Rafael Correa. Ces décisions sont le fait d’une judiciarisation du politique, d’une condamnation des opposants qui ne se cache même plus. Museler l’opposition politique, l’abattre, intimider ceux qui osent encore agir, voilà ce qui se joue en Bolivie et en Equateur, deux pays où le paravent de la démocratie se replie de plus en plus tant les ficelles de ce qui se joue sont visibles.

Au début du mois de septembre 2020, le gouvernement de Bolivie avait indiqué souhaiter porter plainte contre Evo Morales auprès de la Cour pénale internationale pour « crime contre l’humanité ». La cause de cette plainte ? Le bureau du procureur général estime que le blocage imposé dans certaines villes du pays a entrainé plus de 40 morts « par manque d’approvisionnement en oxygène médical ». Les soutiens de Morales avaient en effet organisé un certain nombre de barrages au mois d’août pendant la pandémie du Coronavirus. Cette action avait pour objectif d’obliger le Tribunal électoral suprême se décide à fixer une date pour les élections.

La présidente par intérim Jeanine Añez va donc jusqu’à instrumentaliser la pandémie, les insuffisances boliviennes dans la gestion de la crise et à accuser Evo Morales de la mort des malades… La judiciarisation du politique ne connaît donc aucune limite, encore moins dans les périodes de crise où tout est bon pour discréditer l’adversaire.

Une autre décision de guerre juridique contre Evo Morales

Le PGE rejette la décision de la Chambre constitutionnelle de la Cour départementale de justice de La Paz qui disqualifie Evo Morales de se présenter comme candidat au Sénat lors des prochaines élections d’octobre.

La Chambre a rendu cette décision en alléguant que Morales n’avait pas deux ans de permanence en Bolivie avant l’élection ou le domicile dans le pays : de cette manière la Cour a statué sur la disqualification contre les lois électorales de la Bolivie et la jurisprudence internationale. De plus, Evo n’a jamais changé de bureau de vote et a son adresse officielle dans une ville de Cochabamba.

En outre, la Cour a délibérément ignoré qu’Evo ne se trouve pas actuellement en Bolivie car il a dû fuir le pays après le coup d’État de novembre dernier, approuvé par les États-Unis et ses acolytes.

Le PGE exprime sa solidarité avec le camarade Evo Morales et demande l’annulation de la condamnation et le rétablissement des droits politiques au président Morales.

En plus d’être poursuivi, Evo Morales est également interdit de se présenter aux élections. La raison qui est mise en avant est celle de l’absence de domiciliation en Bolivie. Et pour cause ! Un mandat d’arrêt a été émis contre lui le 11 novembre 2019. Son exil est contraint. Jeanine Áñez a même déclaré qu’en cas de retour il serait poursuivi pour fraude. C’est le serpent qui se mord la queue. En revenant, il sera arrêté et poursuivi et ce sont ceux qui l’ont contraint à partir qui lui refusent le droit de se présenter ; une machine au rouage si bien huilée, le régime en place et les institutions judiciaires travaillant main dans la main contre la démocratie, la révolution citoyenne.

Le 11 septembre 2020, l’organisation Human Right Watch a publié un rapport intitulé « La justice comme une arme : persécution politique en Bolivie ».

« L’ingérence politique dans le système judiciaire est un problème de longue date en Bolivie. L’ancien président Evo Morales a rejeté à plusieurs reprises l’indépendance de la justice. Au cours de ses presque 14 années de mandat, les procureurs ont porté des accusations contre plusieurs de ses rivaux politiques dans des affaires qui semblaient avoir des motivations politiques.

En novembre 2019, Evo Morales a été contraint de démissionner et a fui le pays au milieu de protestations nationales motivées par des allégations de fraude électorale – aujourd’hui contestées – et après que les commandants des forces armées et de la police lui aient demandé de se retirer. Depuis lors, les anciens membres de l’administration Morales et Morales lui-même sont devenus victimes de la même ingérence politique dans le système judiciaire qu’ils exerçaient lorsqu’ils étaient au pouvoir »

Quand la justice n’est plus qu’un simulacre

Ce rapport extrêmement complet met en évidence la collusion entre la Justice et Jeanine Áñez, qui a remplacé Morales en tant que présidente par intérim. Extrêmement complet et dense il donne nombre de clefs pour penser la nature du lawfare qui s’exerce contre Evo Morales.

Jeanine Áñez a par ailleurs retiré sa candidature aux élections présidentielles. Devancée par un candidat pro-Morales, elle a retiré sa candidature au nom de la démocratie.

Ce désaveu au profit du candidat de la révolution citoyenne, du progrès social peut laisser présager le pire concernant le déroulement des élections et la démocratie. Luis Arce – ancien ministre de l’économie pro-Morales – a ainsi été sondé à 40% des votes dès le premier tour du scrutin à venir ! Un score impressionnant puisqu’il pourrait devenir Président à l’issue du premier tour au regard de la loi électorale bolivienne… Lorsque les autocrates sont menacés, le raidissement est immédiat et le l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques est aujourd’hui l’un des leviers les plus efficaces.

Rafael Correa doit quant à lui faire face à une procédure judiciaire dont le jugement a été rendu de manière expéditive. Le jugement rendu à son encontre en dix-sept jours (contre une procédure qui s’étend habituellement sur trois mois !). Pour rappel, Rafael Correa est poursuivi par la justice, harcelé depuis plusieurs années maintenant. Il est accusé de corruption et de détournement d’argent public. Il ne pourra pas se présenter à des élections pendant 8 ans. Une sanction lourde pour un homme dont on connaît le simulacre de farce juridique qui se joue contre lui.

Toujours de la guerre juridique contre Correa

Le PGE rejette la décision de la Cour nationale de l’Équateur ratifiant la condamnation de Rafael Correa pour l’affaire “Sobornos” (“corruption”).

La Cour n’a pas admis l’appel et a rendu le jugement définitif en seulement dix-sept jours, alors qu’il faut généralement des mois pour qu’un verdict de ce type soit rendu.

La décision de la Cour disqualifie Correa pour huit ans et empêche ainsi l’ancien président d’être candidat aux prochaines élections.

Cette décision signifie la consommation de la guerre juridique contre Correa, pour une affaire qui n’a pas fait l’objet d’une sentence unanime et pour laquelle il existe de nombreuses preuves qui montrent la farce autour d’elle.

Le PGE dénonce la persécution politique du gouvernement équatorien actuel, avec le traître Lenín Moreno en tete, contre l’ancien président équatorien et rejette cette décision judiciaire comme injuste et antidémocratique.

Aujourd’hui, plus personne n’est dupe de ce qui se joue. Les partis politiques, les associations et organisations non-gouvernementales sont de plus en plus nombreuses à afficher leur soutien aux victimes du lawfare, à rendre des rapports conséquents et documentés sur les fondements des condamnations et à mettre en avant la répression politique.

MARION BEAUVALET


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