Offensive turque en Syrie : "Les Kurdes, victimes de la folie fasciste d’Erdogan et de l’infamie de Trump"

samedi 19 octobre 2019.
 

A la Une de la presse, ce jeudi 10 octobre, les réactions à la nouvelle offensive turque dans le nord-est de la Syrie, une zone sous contrôle kurde. Une opération à laquelle le président américain Donald Trump a semblé donner son feu vert, et qui provoque un tollé quasi-général.

1) Syrie : La Turquie doit immédiatement cesser le feu

https://lafranceinsoumise.fr/2019/1...

La Turquie a annoncé lancer une offensive dans le nord de la Syrie contre des forces kurdes.

La France insoumise condamne de la manière la plus ferme qui soit cette initiative criminelle. La France doit en urgence réunir le Conseil de sécurité de l’ONU et tout mettre en œuvre pour obtenir un cessez-le-feu.

L’action de la Turquie est illégale et dangereuse. Elle affaiblit nos plus sûrs alliés dans la lutte contre Daesh. Elle vise prioritairement des populations civiles et ne participe en rien à garantir sa propre sécurité. Enfin, elle obère lourdement toute possibilité de reconstruction de la Syrie.

2) Erdogan demande à Allah de bénir les troupes turques

https://www.france24.com/fr/2019101...

Baptisée « source de paix », cette offensive est présentée par Ankara comme une opération destinée à lutter « contre les terroristes des Unités de protection du peuple kurde, et du groupe Etat islamique » - une action « au nom de la patrie », d’après le journal Türkiye – qui demande à Allah de « bénir » les troupes turques. « L’opération « source de paix » a été lancée pour éliminer les menaces terroristes en Syrie », martèle Daily Sabah, en soutenant que l’offensive de la Turquie est « une question de souveraineté nationale », provoquée par « les éléments terroristes liés au Parti des travailleurs du Kurdistan », accusés de « prendre pour cible la sécurité de la Turquie et de la région ».

L’offensive turque, à laquelle le président américain a semblé donner son accord, avant de nuancer sa position. Les atermoiements et les revirements de Donald Trump désolent The New York Times, qui annonce que « la Turquie attaque un allié des Etats-Unis en Syrie », et qu’après avoir donné son « feu vert » à la Turquie, le président a ensuite qualifié son intervention de « mauvaise idée » - une offensive que les Etats-Unis ne chercheront toutefois pas à stopper, au motif que les Kurdes, toujours selon Donald Trump, ne les ont « pas aidés pendant la Seconde Guerre Mondiale », ni « aidés en Normandie » - un argument qui sous-entend que les Kurdes ne sont pas de vrais alliés des Etats-Unis parce qu’ils ne le furent pas durant la Seconde guerre mondiale, jugé « surréaliste » par certains.

Dans ses récentes déclarations pour justifier sa volonté de retirer les troupes américaines de Syrie, et ouvrir la voie à une incursion turque, le président américain a aussi expliqué que les Turcs et les Kurdes étaient des « ennemis naturels », qui se sont combattus « pendant des centaines d’années » - des propos balayées par Asli Aydintasbas, qui les juge à la fois « dangereux » et « réducteur ». Selon cette contributrice turque du Washington Post, « des millions (de ses compatriotes) ne voient pas les Kurdes de Syrie comme une menace, mais comme les habitants d’une zone-tampon dans une région chaotique » - une minorité « avec laquelle la Turquie doit normaliser ses relations et s’engager dans un règlement politique sur la question kurde » : autrement dit, une solution diamétralement opposée à l’option choisie par le président Recep Tayip Erdogan, accusé de « semer les graines de la haine pour les générations à venir ». L’intervention turque compte néanmoins quelques soutiens outre-Atlantique, dont le site ultra-conservateur Daily Caller, qui estime que Donald Trump « a eu raison d’annoncer le retrait des troupes américaines, et qu’il devrait même aller plus loin », et sortir définitivement les Etats-Unis d’un conflit dans lequel leur intérêt serait « extrêmement limité ».

Donald Trump, dont les dessinateurs de presse rappellent les difficultés intérieures. Menacé par une procédure de destitution du Congrès, pour avoir demandé des informations compromettantes à l’Ukraine sur son potentiel rival à la présidentielle de 2020, Joe Biden. Donald Trump cherche-t-il à faire diversion, à faire oublier les accusations portées contre lui ? Le dessinateur américain Marlette montre des soldats turcs en pleine offensive syrienne, faisant ce commentaire : « Si on avait su qu’il était si facile d’amener les Etats-Unis à abandonner leurs alliés, on aurait offert des infos compromettantes sur Joe Biden bien plus tôt ». Un dessin trouvé sur Twitter. « La Turquie attaque les Kurdes : Trump s’excuse, il a un impeachment – un empêchement, le terme américain pour désigner la procédure de destitution », ironise le dessinateur Herrmann, pour La Tribune de Genève.

A l’étranger, l’offensive turque comme l’attitude du président américain, suscitent un véritable tollé. « Envers et contre tous, Erdogan passe à l’attaque », titre L’Orient Le Jour. D’après le journal libanais, « le déclenchement de l’offensive a été fermement condamné par plusieurs pays qui craignent un chaos risquant d’ouvrir la voie à un retour en force (du groupe Etats islamique) et qui fait planer l’incertitude sur le sort des djihadistes capturés par les Unités de protection du peuple kurde ». « La Turquie cible les Kurdes abandonnés par Trump », critique le journal britannique The Independent, qui rapporte que des milliers de civils ont fui, ou tentent toujours de fuir les zones bombardées par l’armée turque.

En France, Libération dénonce « la sale guerre d’Erdogan », et la façon dont le président turc aurait « joué des ambiguïtés de Washingto » pour mener à bien sa guerre contre les Kurdes, objets d’une trahison sans fin ». Selon Libé, « cette nouvelle crise souligne l’impuissance des pays européens », et « les silences de l’Europe et de la France interrogent ce que l’on croyait acquis : l’idéal du printemps des peuples et des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Soutien indéfectible de la cause kurde, L’Humanité enrage de voir ce peuple « livré à la folie d’Erdogan », victime de « l’infamie » de Donald Trump, dont l’annonce, du retrait de ses troupes « marquera d’une flétrissure la présidence de la première puissance mondiale ». « Le Conseil de sécurité de l’ONU va se réunir aujourd’hui en urgence. Nous sommes entrés dans un engrenage guerrier » : le journal demande « l’arrêt immédiat de l’offensive turque ».

3) L’ONU dit « se préparer au pire »

« Nous ne savons ce qui va se passer (…) Nous nous préparons au pire », a déclaré le coordinateur humanitaire de l’ONU pour la Syrie, Panos Moumtzis, lors d’une conférence de presse à Genève.

il a affirmé clairement que son bureau n’avait pas été prévenu de la décision de Washington d’abandonner ses anciens alliés kurdes dans la lutte contre les jihadistes de l’Etat islamique en Syrie.

M. Moumtzis a déclaré que les priorités de l’ONU étaient de s’assurer que toute offensive turque ne provoque pas de nouveaux déplacements de population, que l’accès humanitaire ne soit pas entravé et qu’il n’y ait pas de restrictions à la liberté de mouvement dans la région.

L’ONU a un plan d’urgence pour répondre à de nouvelles souffrances des civils, mais « espère qu’il ne sera pas utilisé », a ajouté M. Moumtzis.

4) Dpnald Trump ; l’imbécile de service

https://www.courrierinternational.c...

“Les Kurdes se battent pour leurs terres, il faut que vous le compreniez”, a déclaré le président à la presse, selon The Hill. “Ils ne nous ont pas aidés en Normandie” pendant la Seconde guerre mondiale, a-t-il ajouté,

Il a parallèlement exhorté le président turc Recep Tayyip Erdogan à poursuivre ses desseins “de la façon la plus humaine possible”, rapporte le Washington Post. À un journaliste qui lui a demandé de préciser ce qu’il entendait par “humain”, le président américain a répondu qu’il faudra “définir cela au fur et à mesure”, mais que si M. Erdogan n’agit pas “de manière acceptable, il paiera un énorme prix économique”.

Selon Al Jazeera, il a concédé que l’offensive était “une mauvaise idée”, tout en défendant “sa décision d’évacuer les troupes américaines” pour ne plus impliquer les États-Unis dans des “guerres stupides et sans fin” au Moyen-Orient.

Le Congrès américain a été beaucoup plus virulent envers Ankara, notamment le sénateur républicain Lindsey Graham, habituellement grand partisan de Donald Trump, mais qui ne lui pardonne pas d’avoir “honteusement abandonné” les Kurdes.

M. Graham a fait équipe avec son collègue démocrate Chris Van Hollen pour présenter un texte commun menaçant la Turquie de sanctions “infernales” si elle continue son offensive, explique le New York Times.

“Cette invasion va entraîner la résurgence de l’État islamique en Syrie, renforcer nos ennemis comme Al-Qaida, l’Iran et la Russie, et déclencher un nouveau conflit interminable dans ce qui était, jusqu’à aujourd’hui, l’une des régions les plus sûres et les plus stables de Syrie”, écrivent les deux sénateurs.

Selon Politico, les sanctions prévoiraient, entre autres, de “geler les avoirs américains des hauts responsables turcs, M. Erdogan compris, d’interdire les ventes d’armement à la Turquie, et de limiter l’octroi de visas aux officiels turcs”.

Ankara est resté sourde à ces menaces et a lancé dans la soirée de mercredi le volet terrestre de son offensive, après les attaques aériennes de la journée, observe Al-Arabiya, citant le ministre turc de la défense. Mais les forces kurdes assurent avoir résisté : “Les attaques terrestres des forces turques ont été repoussées par les combattants” kurdes, a assuré sur Twitter le porte-parole des Forces démocratiques syriennes.

L’Égypte, l’Arabie saoudite, le Liban et les Émirats Arabes Unis ont vivement dénoncé l’offensive, tandis que la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont réclamé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, qui se tiendra jeudi matin.

En réponse, l’ambassadeur turc auprès des Nations unies, Feridun Sinirlioglu, a envoyé mercredi soir une lettre au Conseil de sécurité, assurant que “comme lors de précédentes opérations antiterroristes, la réponse de la Turquie sera proportionnée, mesurée et responsable”, selon le Middle East Eye.


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