Geneviève Legay a bien été renversée par des policiers

jeudi 4 avril 2019.
 

1 Attac exige la démission du ministre de l’Intérieur, du préfet des Alpes Maritimes et du procureur de la République de Nice

Des témoignages concordants affirment que Geneviève Legay a bien été poussée par des forces de l’ordre lors de la charge policière intervenue le samedi 23 mars, pendant l’acte 19 des gilets jaunes, à Nice. Geneviève Legay, 73 ans, porte-parole d’Attac 06, a ainsi été grièvement blessée.

Ces révélations remettent en cause les versions avancées par le procureur de la République de Nice et les affirmations d’Emmanuel Macron et de Christophe Castaner qui ont affirmé que Geneviève Legay « n’avait jamais été en contact avec les forces de l’ordre ».

Ces versions avaient déjà été sérieusement remises en doute par plusieurs analyses journalistiques [2] qui avaient scruté les différentes images de la scène, dont la vidéo de CNews qui permet de voir un contact direct entre un policier et une personne munie d’un gilet jaune à la main (en l’occurrence Geneviève Legay était la seule à en avoir un à la main, dans cette zone).

Attac s’insurge face à cette volonté éhontée du pouvoir de dissimuler la vérité et demande :

la démission du procureur de la République de Nice, qui a menti en affirmant que Geneviève « n’a pas été touchée par des policiers » et qu’ « il n’y a aucun contact direct entre un policier et cette dame ». la démission du préfet des Alpes Maritimes, qui a donné l’ordre et a déclaré que Geneviève « a été poussée dans le dos, non pas directement par un membre des forces de l’ordre mais par des personnes reculant dans un mouvement de foule » la démission de Christophe Castaner, qui a donné les consignes et s’est félicité que les « consignes de fermeté ont été respectées » le dépaysement sans délais de cette affaire, car elle ne peut être instruite sereinement à Nice dans ce contexte.

Attac appelle à participer massivement aux mobilisations sociales, notamment celles des gilets jaunes, ce samedi 30 mars pour y défendre la justice fiscale et sociale, le droit de manifester et dénoncer des violences policières orchestrées par l’État. Nous appelons à se munir d’un drapeau arc-en-ciel, comme celui que portait Genevieve Legay quand elle a été blessée, pour soutenir Geneviève et défendre le droit à manifester.

P.-S.

Attac a adressé une lettre ouverte au Président de la République pour dénoncer les contre-vérités qui ont été énoncées et qui visent à dédouaner l’État et les forces de l’ordre de leurs responsabilités dans les très graves blessures de Geneviève Legay et demander que toute la vérité soit faite sur les circonstances de cette violente agression.

2 "Gilets jaunes" : la manifestante blessée a bien été poussée par un policier, selon le parquet (AFP)

Nice (AFP) - La manifestante blessée samedi 23 mars lors d’une charge des forces de l’ordre pour disperser des "gilets jaunes" à Nice a bien été poussée par un policier, a affirmé vendredi le procureur, au terme d’une semaine de polémique, contrairement à ses premières déclarations.

A l’ouverture de l’enquête, le procureur de la République de Nice Jean-Michel Prêtre avait assuré lundi qu’il n’y avait eu "aucun contact" entre la manifestante et un policier.

Emmanuel Macron avait affirmé dans un entretien avec Nice-Matin publié également lundi que "cette dame n’a(vait) pas été en contact avec les forces de l ?ordre". "Quand on est fragile, qu’on peut se faire bousculer, on ne se rend pas dans des lieux qui sont définis comme interdits et on ne se met pas dans des situations comme celle-ci", avait commenté le chef de l’Etat.

Ce sont la poursuite des investigations et le témoignage "rectifié" d’un policier - qui a admis avoir repoussé du bras une femme, et non un homme comme il l’avait dit initialement - qui ont permis d’établir que la chute de Geneviève Legay, 73 ans, avait bien été causée par un membre des forces de l’ordre, a indiqué vendredi M. Jean-Michel Prêtre, qui a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire.

Samedi dernier, Mme Legay, porte-parole d’Attac dans les Alpes-Maritimes, a violemment chuté lors de la dispersion d’une manifestation de "gilets jaunes" place Garibaldi, dans un périmètre interdit à toute manifestation.

Les images, captées par des journalistes et des manifestants, de cette dame âgée, drapeau arc-en-ciel et gilet jaune à la main, gisant à terre avec une blessure à la tête, avaient immédiatement suscité de vives réactions. Sa famille et Attac ont porté plainte dès lundi pour "violences en réunion" contre la police.

- "Nouvelles images", "nouveaux témoins" -

Une information judiciaire pour violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique a été confiée à plusieurs juges d’instruction, a ajouté M. Prêtre vendredi.

"Comme je l’avais indiqué lundi dernier, les images alors disponibles qui avaient été visionnées et les témoignages recueillis me conduisaient à conclure qu’il n’y avait pas eu de contact direct entre la victime et les policiers", a rappelé le procureur.

Les investigations se sont poursuivies, notamment avec la saisie de nouvelles images et l’audition de nouveaux témoins. "Les résultats finalisés (...) de l’exploitation de très nombreuses autres images (...) et la mise en cohérence de l’ensemble de ces éléments de preuve, m’ont conduit avec les enquêteurs à constater qu’avant l’arrivée du cordon de ses collègues au niveau où se trouvait Mme Legay, un fonctionnaire de police isolé et dépourvu de bouclier avait écarté du bras vers sa droite Mme Legay, provoquant ainsi (sa) chute", a ajouté le magistrat.

Le policier en question, déjà entendu, a "rectifié ce matin son témoignage en admettant que la personne qu’il avait écartée de son chemin n’était pas un homme comme il l’avait déclaré initialement", a-t-il affirmé.

"Acculé, le procureur de la République admet finalement que c’est bien un policier qui a provoqué la chute de #GenevieveLegay", a salué l’association altermondialiste Attac sur Twitter.

Attac qui a appelé les "gilets jaunes" à afficher samedi leur soutien à Geneviève Legay en manifestant avec des drapeaux aux couleurs arc-en-ciel, comme celui que la septuagénaire portait quand elle a chuté, a réitéré sa demande de dépaysement de l’enquête.

Attac a également publié une lettre ouverte au président de la République, dénonçant ses propos à l’encontre de Geneviève Legay. "Est-ce à dire qu’une personne de 73 ans devrait dorénavant abandonner son droit de manifester par crainte de se retrouver à l’hôpital ?", s’interroge Attac.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message