Perquisitions = Opération de basse police politique

lundi 29 octobre 2018.
 

Quelle démocratie normale pourrait accepter ce scenario ? Trois semaines après la nomination polémique d’un nouveau Procureur de Paris présenté comme un choix « politique » de l’exécutif, des dizaines de policiers perquisitionnent des locaux du principal parti d’opposition, les domiciles privés de 11 militant.e.s, refusent l’entrée dans les locaux des principaux intéressés empêchant de constater la nature des documents saisis, pour finalement partir avec les données personnelles et politiques de tout un mouvement ? Ces pratiques sont dignes d’autres régimes, et cela n’a pas échappé aux commentateurs dans les autres pays. Pas en France où tout est bon pour attaquer la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon.

Cela n’arrive pas par hasard. Ces enquêtes ont été déclenchées sur la base d’accusations émanant d’un ancien cadre du PS et d’une élue Front National, alors même que les comptes de la France Insoumise ont été validés sans irrégularités. Trois autres candidats ont été visés par des plaintes, mais eux n’ont pas eu droit à un tel traitement digne de la répression des gangs. Quel contraste avec l’affaire Benalla, qui a bénéficié de passe-droits, et a été averti la veille de sa perquisition, à laquelle il s’est dérobé.

Que l’on ne vienne pas nous parler de l’indépendance de la justice ! Les syndicats de magistrats, les ONG et la Cour Européenne des Droits de l’Homme dénoncent constamment le statut du Procureur, soumis à la hiérarchie de l’exécutif. La justice est peut-être indépendante en droit, mais en fait elle est souvent perméable, elle a des fuites. Pendant l’affaire Benalla, les vidéos saisies par la police se sont retrouvées à l’Élysée, pendant l’enquête Bettencourt/Sarkozy, les P.V. d’audition du juge atterrissaient sur le bureau de Claude Guéant. Et on se souvient de l’affaire Schuller où une cabale contre un juge a été montée directement dans le bureau du Ministre de l’Intérieur. Il est extrêmement grave que dans un État de droit on puisse laisser saisir l’ensemble des informations d’un mouvement politique d’opposition par la police directement reliée à la hiérarchie du pouvoir exécutif. Ce n’est pas porter atteinte à la probité des agents sur le terrain, il ne s’agit hélas que du fruit de l’histoire de toute la cinquième République. La Constitution de la République garantit la libre administration des partis politiques. Elle est bafouée dès lors que les informations, la liste des donateurs, les agendas et contacts d’un parti se trouvent dans des services sous la hiérarchie de l’exécutif. Et désormais nous assistons à de pseudo-fuites qui aboutissent dans des rédactions promptes à faire le buzz.

Cette opération n’a pu se mener à l’insu du gouvernement et du Président de la République. La République En Marche ici dévoile son vrai visage, elle n’hésite pas à mener des opérations de basse police politique.

Benoît Schneckenburger


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