Mélancolie ouvrière Femmes en lutte (film de Gérard Mordillat)

jeudi 6 septembre 2018.
 

Avec le film Mélancolie ouvrière, Gérard Mordillat fait revivre Lucie Baud, une des premières femmes syndicalistes. Disponible gratuitement et en intégralité sur le net jusqu’au 30 août 2018.

Source de l’article : https://www.herodote.net/Melancolie...

Sortie de l’oubli par l’historienne Michelle Perrot, Lucie Baud, travailleuse de la soie, a participé aux grèves du début du XXe siècle avant de signer en 1908 un témoignage, publié dans la revue Le mouvement socialiste, dans lequel elle raconte son engagement.

Pour le tournage, Gérard Mordillat et son équipe sont allés dans l’Isère, entre Saint-Etienne et Grenoble, non loin de Vizille et de Voiron où a travaillé Lucie Baud. Ce haut-lieu industriel de la soie a permis au réalisateur d’avoir recours à un véritable atelier de tissage et à des figurants dont l’histoire personnelle était liée à celle qu’il voulait raconter. Ainsi, les machines à tisser, leur bruit, les noms des ouvrières même secondaires, etc. sont véridiques.

Pour nous plonger plus intensément encore dans la vie de cette inconnue, le réalisateur donne une place primordiale aux chansons, ouvrières ou bourgeoises, fredonnées par les acteurs ou chantées à pleine voix. Elles occupent bien une place importante dans la culture des ouvriers qui ne lisent pas, ou peu, et des enfants obligés de chanter en tissant pour supporter la cadence et le bruit assourdissant des machines.

Dans cet univers, l’histoire de Lucie Baud est reprise depuis sa naissance, en 1870. Éduquée par des religieuses, elle entre dans l’usine à l’âge de douze ans comme apprentie. Ce n’est qu’après la mort de son premier mari, un garde-champêtre de vingt ans plus âgé qu’elle, et suite à la décision du maître d’usine d’augmenter la cadence tout en baissant les salaires, qu’elle entre dans la lutte ouvrière à 32 ans.

De 1902 à 1906, sa vie syndicale est très active. C’est cette période que Gérard Mordillat a décidé de porter à l’écran, aux dépens du reste de sa vie plus banale d’ouvrière de la soie. En 1902, elle crée le « Syndicat des ouvriers et ouvrières de la soie du canton de Vizille » et entre ainsi dans l’histoire de la lutte ouvrière.

Ces quatre années d’engagement sont d’autant plus intenses qu’elles sont marquées par sa rencontre avec Charles Auda, un ouvrier italien syndicaliste, pour lequel la véritable Lucie Baud avait beaucoup d’admiration et dont l’héroïne de Gérard Mordillat tombe amoureuse.

Après l’échec de plusieurs grèves, notamment celle du 1er mai à Voiron, et des divisions au sein des grévistes, à quoi le film ajoute l’abandon par ses deux filles et une courte période de prison, Lucie Baud finit par se tirer trois balles dans la mâchoire en 1906. Elle ne meurt de ses blessures que quelques années plus tard, en 1913.


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