Macron, roi des riches, leur vend les meubles du pays

samedi 21 juillet 2018.
 

Macron a décidé d’une nouvelle vague de privatisation. La loi « Pacte », qui contient un ensemble de mesures libérales supplémentaires comprend notamment un volet qui autorise l’État à vendre les parts qu’il détient dans les aéroports de Paris, la Française des jeux et Engie.

Bruno Le Maire s’en explique dans Les Echos : « L’État n’a pas vocation à diriger des entreprises concurrentielles à la place d’actionnaires qui ont les compétences et le savoir-faire pour le faire mieux que lui ». L’argument est uniquement idéologique. Car nulle part il n’a été prouvé que des actionnaires privés, qui sont souvent des fonds financiers n’ayant pas de rapport direct avec les activités réelles des entreprises dans lesquelles ils investissent, sont plus compétents que la puissance publique. C’est même souvent l’inverse. Par ailleurs, avec ce genre d’arguments, on voit mal comment la SNCF pourrait ne pas être privatisée puisqu’elle aussi va bientôt exercer dans un secteur concurrentiel.

Les recettes issues des privatisations sont censées aller au désendettement et à un fond pour financer l’innovation. Concrètement, l’État attend 10 milliards d’euros qu’il placera sur les marchés financiers. Il prévoit ainsi un rendement de 200 à 300 millions d’euros par an, donc de 2 à 3%. C’est cet argent qui devrait être investi par l’État. Et si la bulle financière éclate et provoque un recul généralisé des cours de bourse, le rendement pourrait être bien plus faible. Dans tous les cas, il s’agit bien d’un appauvrissement de l’État puisqu’actuellement, la Française des jeux, Aéroports de Paris et Engie rapportent chaque année 712 millions d’euros de dividendes à l’État. C’est donc pour nous une mauvaise opération financière que prépare le gouvernement.

Avec ces nouvelles privatisations, l’État va vendre à des acteurs uniquement soucieux de rentabilité dans entreprises stratégiques dans lesquelles il a un rôle de régulation important. Le secteur des jeux d’argent pose des risques importants d’addiction, de fraude, de blanchiment, de mise en danger des mineurs. C’est pourquoi, jusqu’à maintenant, on avait considéré que la puissance publique régulatrice était la mieux placée pour diriger l’entreprise. Cela a conduit, par exemple, l’entreprise à retirer du marché en 2014 le jeu « rapido » parce qu’il était trop addictif. En 2016, elle a réalisé une série de tests pour établir la proportion de buralistes qui respectaient l’interdiction de vente de jeux aux mineurs. Le résultat était assez alarmant pour que soit aussitôt renforcé la politique de régulation et de contrôle. En deux ans, le taux de conformité à la loi a doublé. Une entreprise privée rendant des comptes avant tout à ses actionnaires aurait-elle fait de même ? Pas sûr.

Dans le cas d’Aéroports de Paris, il s’agit tout simplement de confier au privé la gestion d’une frontière. En effet, 100 millions de personnes passent par les aéroports d’Orly ou de Roissy Charles de Gaulle par an pour entrer ou sortir de la région capitale. Et une partie des tâches de sécurité est bel et bien effectuée par le personnel des aéroports et non par des agents de l’État. Sans oublier toutes les contraintes créées par la nécessité de limiter la pollution et les nuisances sonores engendrées par le trafic aérien. Là encore, on peut imaginer qu’une entreprise entièrement privée soit incitée à contourner la régulation, à l’appliquer moins rigoureusement, pour réduire ses coûts et augmenter sa rentabilité. L’épisode calamiteux de l’aéroport de Toulouse, que Macron avait vendu à un fond d’investissement chinois lorsqu’il était ministre de l’économie, a assez montré son effet. Dès son arrivée, le nouveau propriétaire avait pillé la trésorerie pour s’accorder un dividende exceptionnel. C’est donc une mauvaise nouvelle pour les investissements que l’arrivée d’actionnaires privés.

Enfin se pose la question de l’augmentation des prix. Le bilan de la privatisation des autoroutes est à ce titre instructif. Depuis leur vente au privé en 2006, les prix ont augmenté de 20%. Et « en même temps » 95% de leurs bénéfices étaient reversés aux actionnaires. Pour les aéroports, il s’agit d’une situation comparable. Ce sont des grandes infrastructures en situation de monopole. La clientèle, à savoir les compagnies aériennes, y est captive. Le propriétaire peut donc augmenter ses prix, les redevances payées par les compagnies… et au final répercutées sur les billets d’avion.

D’autant que Macron a glissé un cadeau dans la loi pour le futur propriétaire des Aéroports de Paris. Il change la règlementation pour lui permettre d’empocher la totalité des recettes commerciales sur un compte. Et sur l’autre viendront les comptes du reste. Là l’équilibre devra être atteint avec les seules redevances. Le coût des emprunts sera donc uniquement payé par les redevances. Il est donc assuré que celles-ci vont augmenter. C’est ça le Macronisme : une idéologie aveuglée qui veut faire croire que les supers-profits de quelques-uns font le bonheur de tous. En pratique, c’est un pillage des biens de la nation.


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