Macron incarne le système néo-libéral : violence sociale et force autoritaire

samedi 2 mars 2019.
 

Le pouvoir allait flancher parce qu’il avait montré sa faiblesse. Son talon d’Achille, c’était sa tête de gondole : un jeune Président trop arrogant. Mais c’était se tromper de cible ou plutôt oublier à quoi tient le système néolibéral. La violence sociale et la force autoritaire. Mais aussi le train des réformes structurelles.

Avez-vous remarqué comme rien n’a vraiment ralenti du côté du programme législatif du pouvoir ? On a eu l’impression d’une bifurcation avec l’affaire Benalla venant percuter la réforme des institutions en juillet 2018. Mais qui a besoin d’une réforme des institutions alors que la Ve République actuelle et la majorité En Marche remplissent admirablement bien le contrat depuis l’été 2017 ? Si le Gouvernement a eu chaud, il n’a pas vraiment craint pour le cap assigné. Les donneurs d’ordre n’ont cessé de le rappeler. Les exécutants l’ont clamé et ont tenu la barre avec l’appui des médias dominants.

Depuis le 17 novembre, tout y passe : tout ce qui faisait justement l’objet des revendications sociales des Gilets jaunes. On demande une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité ? La loi sur l’alimentation déclenche une augmentation drastique du coût global du caddie des ménages. On demande plus de services publics et un meilleur accès à ceux-ci ? La loi sur l’organisation et la transformation du système de santé, prise en procédure accélérée, aggrave regroupements et fermetures d’établissements avec la création trompeuse d’hôpitaux de proximité éloignant ainsi les soins de la population. Dans le même élan – c’est-à-dire en procédure accélérée –, arrive en plein mouvement des Stylos rouges le projet de loi pour « une école de la confiance » dont toutes les mesures relevant du domaine de la loi sont confiées au Gouvernement qui les prendra par ordonnances, et notamment celle qui prévoit de mutualiser établissements primaires et secondaires et d’obliger les parents à scolariser leurs enfants dans le privé payant faute d’établissement public. De son côté, la loi Justice (loi de programmation 2018-2022 et de réforme) s’emploie à déshumaniser et éloigner toujours plus la possibilité de recourir aux tribunaux. On attend sans grande illusion la décision du Conseil constitutionnel à son sujet. Pour couronner le tout, se préparent deux projets d’anéantissement du statut des fonctionnaires et de notre système de retraites. Le programme devra être bouclé d’ici l’été.

Cerises sur le gâteau et indispensables compléments : une loi qui attaque directement le droit de manifester de tous ceux qui pourraient s’opposer à ces réformes avec les moyens qui leur restent, des rassemblements contre l’antisémitisme supposé des Gilets jaunes pour culpabiliser le mouvement, une bienveillance de façade vis-à-vis du RIC pour brouiller les pistes.

Les ronds-points ne suffisent plus, il faut occuper ce qui nous reste : nos écoles, nos hôpitaux, nos tribunaux, nos postes, avec les professionnels qui y travaillent.

Charlotte Girard


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