Le volcan social se réveille : Panique au sommet de l’état

mercredi 23 mars 2016.
 

Alors que le mouvement pour le retrait de la loi El Khomri s’inscrit dans la durée, c’est la panique au sommet de l’Etat qui tente toutes les grandes opérations de communication, de division et de répression.

La grande opération de com’ est lancée pour tenter désespérément de casser la mobilisation après la réussite des manifestations des 9 et 17 mars. Quelques mesures fioritures ont bien été supprimées mais ne nous y trompons pas, le recul sur le texte ne change en rien l’esprit de la loi, comme l’explique en détail la tribune publiée dans Marianne co-signée par notre secrétaire national à l’économie Guillaume Etiévant. A part la mesure concernant les apprentis, les autres modifications sont en demi-teinte. L’esprit de la loi reste le même. L’objectif est bien d’étendre la logique du CDD au CDI en permettant aux grandes entreprises de licencier plus facilement, de réduire les salaires et d’augmenter le temps de travail en réduisant le coût des heures supplémentaires. Et pour ce faire, l’arme est la destruction des fondements du code du travail, à savoir : inverser la hiérarchie des normes en favorisant et permettant aux accords d’entreprise d’être défavorables aux salariés par rapport aux accords de branches, et contourner au maximum les droits des salariés et les droits syndicaux.

En s’appuyant sur une partie des organisations opposées au retrait, pourtant bien lâchées par leur base, la vieille ficelle de la division du mouvement est à l’œuvre. Celle de la répression fonctionne également à plein. Après avoir procédé à des fermetures administratives arbitraires d’universités pour empêcher la tenue des assemblées générales étudiantes qui se déroulent pourtant dans le calme, de nombreuses interventions violentes policières ont eu lieu à Paris comme dans plusieurs autres départements.

A l’approche des futures manifestations des 24 et 31 mars, le gouvernement s’apprête également à lâcher du lest sur le point d’indice des fonctionnaires. Un tout petit lest seulement : 1,2 % et, qui plus est, en deux temps (0,6% en juillet 2016 et 0,6% en février 2017). Alors que le pouvoir d’achat des fonctionnaires a baissé de 8% depuis 2008, pour la seule année 2015 les bénéfices du CAC 40, eux, ont augmenté de 8,53 % !

Pendant ce temps, « l’ubérisation » de la société avance. Après le recours tous azimuts à la sous-traitance et à l’intérim, place à l’innovation technologique des plateformes faussement dites collaboratives. Le secteur du transport à la personne n’en est que la face émergée. Dans de très nombreux domaines, des plateformes pullulent, s’affranchissant de contraintes fiscales pour planquer les profits dans les paradis fiscaux et s’affranchissant du code du travail par la surexploitation de travailleurs en statut d’autoentrepreneur. Ce gouvernement casse le code du travail d’une part, et laisse les multinationales s’en passer de l’autre.

Mais c’est bien la course contre la montre face à la contestation sociale qui monte. Et le gouvernement n’est pas le seul en panique. Le MEDEF est bien conscient qu’il tient là une conquête historique et sur-joue la scène du partenaire déçu et trahi, lui qui n’est que trop bien servi. Les médias et la droite n’ont cessé également d’en rajouter dans la désinformation depuis le début de la semaine, proférant que la loi aurait été vidée de son contenu sur des plateaux télévisés totalement déséquilibrés. En boucle, ils nous vantent que l’Italie serait le nouveau pays modèle, lui qui a su instaurer un contrat de travail unique et progressif : 3 ans de précarité avant d’espérer atteindre un faux CDI, dont on peut être viré sans justification réelle ! Le grand retour du travailleur jetable du 19e siècle… Quelle modernité !

L’oligarchie est aux abois, mais le rejet de la réforme dans le peuple est là, écrasant. La loi El Khomri pourrait bien être la loi libérale de trop. Celle qui provoque le volcan d’une colère contenue depuis trop longtemps.

Danielle Simmonet

Co-coordinatrice politique du Parti de Gauche


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message