Tunisie : La contestation s’étend ! Solidarité !

mercredi 27 janvier 2016.
 

B) Rassemblement en solidarité avec le peuple tunisien 26 janvier 2016

Solidarité avec le peuple tunisien,

En lutte pour la dignité, la justice sociale et le développement régional

Nouveau rassemblement

Mardi 26 janvier 2016 à 18H30

Ambassade de Tunisie

Place André Tardieu - 75007

Métro Saint François Xavier ligne 13

Cinq ans après la révolution, Kasserine puis plusieurs autres villes de Tunisie se soulèvent de nouveau pour leurs droits économiques et sociaux bafoués.

La mort du jeune diplômé chômeur Ridha Yahiaoui, électrocuté alors qu’il réclamait son droit à l’emploi, souligne, de manière dramatique, que les acquis restent en deçà des attentes légitimes des populations marginalisées qui réclament travail, dignité et liberté.

Les mesures d’urgence, décidées à la hâte par l’actuel gouvernement tunisien, masquent mal son échec et celui des gouvernements successifs à s’attaquer prioritairement aux urgences économiques et sociales et à répondre aux exigences du développement des droits économiques et sociaux des plus défavorisés.

Le spectacle donné par les partis politiques au pouvoir, embourbés dans des querelles partisanes, ne fait que renforcer l’ampleur des mouvements déclenchés à Kasserine et qui s’étendent à de nombreuses villes et régions du pays, mouvements souvent criminalisés par les gouvernements successifs.

Partant de ce constat, les associations, partis politiques et militants de l’immigration tunisienne en France :

- présentent leurs condoléances à la famille du jeune Ridha Yahiaoui et leur compassion aux blessés

- exigent l’ouverture d’une enquête sérieuse sur la manipulation de la liste des dossiers prioritaires pour une embauche dans la fonction publique et des sanctions contre les tricheurs et corrompus,

- se déclarent totalement solidaires avec toutes celles et ceux qui, par des moyens pacifiques, militent pour leurs droits légitimes au travail, à la dignité et à la liberté,

- expriment leur solidarité avec les populations des régions déshéritées, hauts lieux de la révolution tunisienne, qui luttent contre le laxisme du pouvoir dans la mise en place des projets de développement et l’absence de vision stratégique pour l’emploi et la lutte contre la corruption.

- mettent le gouvernement en garde contre les graves conséquences et les risques de dérapage et de récupération par des groupes terroristes ou malfrats.

- déclarent la création du « comité de suivi des luttes sociales en Tunisie »

Paris, le 21/01/2016

Le comité de suivi des luttes sociales en Tunisie appelle à :

Rassemblement samedi 23 janvier 2016 à 15H00

Place de la République

Métro République, Lignes 3, 5, 8 et 11

Premiers signataires :

Associations :

- Association Démocratique des Tunisiens en France – ADTF
- AIDDA
- Association Marocaine des Droits Humains -Paris/IDF - AMDH-Paris/IDF
- Association des Marocains en France - AMF
- Association des Tunisiens en France – ATF
- Association des Travailleurs Maghrébins en France – ATMF
- Collectif des Femmes Tunisiennes – CFT
- Collectif 3C
- Collectif Algérien, Agir pour le Changement Démocratique en Algérie - ACDA
- Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie - CRLDHT
- Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives – FTCR
- Forum Permanent de Solidarité active
- Mouvement Citoyen des Tunisiens en France – MCTF
- Réseau Euro-Maghrébin Culture t Citoyenneté - REMCC
- Tunisie Plurielle
- Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens – UTIT
- Vérité et Justice pour Farhat Hached – AVJFH

Partis politiques

- Front Populaire - FRANCE,
- Al Massar – FRANCE,
- Al Joumhouri- France
- L’Alliance Démocratique – France
- Ettakattol - France

Avec le soutien de :

- ACORT
- Cedetim / IPAM
- Coopérative Politique Ecologie Sociale Aussi
- Droit au Logement – DAL
- Droit Devant
- EELV
- Ensemble
- Ligue Française des Droits de l’Homme - LDH
- Mouvement Contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples – MRAP
- Nouveau Parti Anti-capitaliste - NPA
- Parti Communiste Français – PCF
- Parti de Gauche - PG
- Union Syndicale Solidaires

A) En Tunisie, la contestation sociale s’étend

http://www.lemonde.fr/afrique/artic...

En une semaine, les mouvements de protestation contre le chômage et les inégalités se sont étendus à d’autres villes de la région dont Thala, proche de Kasserine, ou encore Sidi Bouzid, le berceau de la révolution...

Manifestations de chômeurs, routes coupées, heurts avec la police, occupations de gouvernorats : une semaine après la mort d’un jeune chômeur dans la ville de Kasserine (centre-ouest), la contestation continue de s’étendre en Tunisie. Après les villes de l’intérieur du pays, plusieurs quartiers de la capitale, Tunis, ont été à leur tour le théâtre d’incidents dans la nuit du jeudi 21 au vendredi 22 janvier, notamment la grande cité populaire d’Ettadhamen. Les autorités ont décrété vendredi un couvre-feu dans toute le pays entre 20 h et 5 h, en réaction aux « atteintes contre les propriétés publiques et privées ».

Le premier ministre Habib Essid a annoncé jeudi qu’il écourtait son séjour en Europe, où il participait au Forum de Davos, et doit présider samedi matin un conseil des ministres exceptionnel alors que le pays vit une crise sociale sans précédent depuis la révolution de décembre 2011. Il a déclaré vendredi que la situation était « maîtrisée ».

Le détonateur a été la mort, à Kasserine, samedi, d’un jeune de 28 ans, Ridha Yahyaoui, électrocuté après être monté sur un pylône alors qu’il protestait contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique. Dans les régions déshéritées de l’intérieur du pays, l’entrée dans la fonction publique est quasiment la seule chance de trouver un emploi stable pour une jeunesse dont le taux de chômage atteindrait les 30 %. La décision du premier ministre, lundi, de limoger le sous-préfet de Kasserine, soupçonné d’avoir manipulé les listes d’embauche, n’aura pas permis de calmer les esprits.

Transition politique périlleuse

En une semaine, les mouvements de protestation contre le chômage et les inégalités se sont étendus à d’autres villes de la région dont Thala, proche de Kasserine, ou encore Sidi Bouzid, le berceau de la révolution, faisant plusieurs centaines de blessés, et un mort mercredi à Feriana (30 km de Kasserine)  : un policier dont le véhicule se serait renversé.

Les manifestations ont gagné, jeudi 21 janvier, de nouvelles régions, comme à Siliana (gouvernorat du Kef, nord-ouest) ou encore Kairouan (nord). Dans la soirée, de jeunes manifestants sont sortis dans le quartier populaire d’Ettadhamen en périphérie de Tunis. Selon les médias, certains s’en seraient pris à des magasins et à une agence bancaire. Vendredi matin, les autorités ont affirmé que 16 personnes avaient été interpellées au cours de la nuit à la suite de « saccages et pillages ». Le ministre de l’intérieur, Walid Louguini, a dénoncé une « tentative, de la part de criminels, de profiter de la situation ». «  On veut juste avoir du travail, rien d’autre. On veut les mêmes mesures que pour Kasserine  », explique Ahmed, chômeur, lors d’une manifestation à Kairouan

A Kasserine, la police a tiré des gaz lacrymogène pour disperser des manifestants qui bloquaient des routes. Selon l’AFP, le couvre-feu instauré depuis deux jours n’était pas plus respecté que la veille. A Kairouan, un groupe de chômeurs avait envahi dans la matinée le gouvernorat, installant dans le hall du bâtiment les drapeaux de l’Union des diplômés chômeurs et exigeant de rencontrer le gouverneur. «  On veut juste avoir du travail, rien d’autre. On veut les mêmes mesures que le gouvernement a décidées pour Kasserine  », expliquait Ahmed, chômeur, veste en jean et casquette bleue sur la tête.

Face à la contestation, le gouvernement avait en effet annoncé pour la grande ville du centre la création de 5 000 emplois. Une annonce qui avait provoqué la formation, jeudi devant la municipalité, de longues files d’habitants espérant en bénéficier. Mais quelques heures plus tard, le ministère des finances expliquait qu’une erreur avait été commise  : il ne s’agissait pas de 5 000 emplois mais de 5 000 chômeurs pouvant bénéficier d’un dispositif d’aide à l’emploi. Erreur de communication ou prise de conscience que l’objectif ne pouvait être tenu  ? La bourde n’a en tout cas pas contribué à apaiser la situation.

L’inquiétude est nourrie par la similitude des événements actuels avec le scénario qui avait abouti à la chute de Zine El-Abidine Ben Ali. En décembre 2010, l’immolation d’un vendeur de rue, Mohamed Bouazizi, avait déclenché des manifestations à Sidi Bouzid, suivie par les villes de Kasserine puis Thala au centre avant de s’étendre au reste du pays et au Grand Tunis, à travers la cité d’Ettadhamen. Un mois après, le président Ben Ali quittait le pays, après vingt-trois ans de règne.

« Pas de baguette magique »

Les motifs d’exaspération étaient alors le manque d’emplois, la corruption, les inégalités sociales et régionales sur fond d’accaparement des richesses par l’entourage du président Ben Ali. Les mots d’ordre étaient ceux de la dignité et de la justice sociale. Or, cinq ans plus tard, les habitants des régions de l’intérieur sont exaspérés par l’absence de changements dans leurs conditions de vie. Présentée comme une exception dans le paysage des révolutions arabes, la Tunisie a été entièrement absorbée par sa périlleuse transition politique. Les urgences économiques et sociales sont, elles, restées en suspens. «  Depuis 2011, les gouvernements successifs se sont contentés de la gestion des affaires courantes, sans proposer de politique ni de vision réelle  », estime Iyed Dahmani, député de Siliana.

Le tourisme, en déclin déjà avant la révolution, qui représente 7 % du PIB, a souffert des attentats qui ont ensanglanté le pays en 2015. Les investissements étrangers sont également à la baisse. La croissance a plafonné à 0,5 %. Dans ce contexte économique morose, les régions de l’intérieur du pays, traditionnellement marginalisées par rapport au littoral, ont doublement souffert. En outre, depuis des décennies, les gouvernements successifs ont promis des plans d’investissement massifs qui n’ont jamais vu le jour.

A Davos, le premier ministre a déclaré que le chômage était «  le problème essentiel (…) et l’une des priorités du gouvernement  ». Mais «  nous n’avons pas de baguette magique pour en finir en peu de temps  », a plaidé Habib Essid. Un appel à la patience que reprend M. Dahmani  : «  Les chômeurs, les jeunes, savent que la création d’emplois ne pourra se faire du jour au lendemain mais ils ont besoin de voir qu’un processus est en cours.  »


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