Tsahal à Gaza en 2014 Tuer des Palestiniennes non armées, c’est pas un drame

lundi 8 juin 2015.
 

Dans un rapport de l’ONG israélienne Breaking the silence, une soixantaine de soldats israéliens ont raconté l’offensive à Gaza durant l’opération Bordure protectrice, en 2014. Des témoignages édifiants sur les "dérives morales" de Tsahal.

"On avait repéré deux femmes en train de marcher dans un verger, peut-être à 800 ou 900 mètres de nous. Le commandant a demandé une confirmation : ‘Que voyez-vous ?’, ‘Sont-elles suspectes ?’

Il était 11 h ou midi. Les guetteurs ne pouvaient pas bien les voir. Le commandant a envoyé un drone pour les observer. Elles marchaient et elles parlaient au téléphone. Il les a visées, elles ont été tuées. Étaient-elles dangereuses ? Je pense que c’étaient des conneries.

[…] Trois tanks sont partis ensuite inspecter les corps. C’étaient bien deux femmes, d’environ 30 ans. Elles n’étaient pas armées. Le chef de char est revenu et nous sommes partis. Elles ont été listées comme terroristes. Elles ont été tuées – donc bien sûr, elles étaient forcément terroristes…"

"Les tirs, les tirs, les tirs"

Voici l’un des nombreux témoignages répertoriés dans le rapport "Voilà comment nous combattions à Gaza" publié lundi 4 mai par une ONG israélienne Breaking the silence (Briser le silence). Dans ce document dense de 240 pages, plusieurs soldats de Tsahal, hauts gradés ou non, racontent leur expérience du conflit à Gaza durant l’été 2014, pendant l’opération Bordure protectrice.

Sorte de coulisses de la guerre, le rapport y dépeint sans fard la dévastation de l’enclave palestinienne après le passage de l’armée israélienne, qui voulait mettre fin aux tirs de roquettes du Hamas. Les témoignages disent tous peu ou prou la même chose : la violence extrême, les maisons systématiquement détruites, la liberté d’appréciation laissée à chacun, et "les tirs, les tirs, les tirs".

"Graves doutes" sur l’éthique de Tsahal

"Nous tirions toute la journée sans aucun but. On ne voyait le Hamas nulle part", raconte un sergent d’une unité de blindés cité par l’ONG.

Tsahal s’est toujours défendue d’exactions et de "crimes de guerre" - mot jamais prononcé dans le rapport - affirmant avoir essayé de limiter les pertes civiles. Pour toute défense, l’armée a accusé les combattants du Hamas de provoquer des pertes humaines en s’embusquant dans des zones d’habitation.

Le rapport de Breaking the silence laisse surtout entendre que l’armée a utilisé à l’excès sa puissance de tir pour assurer le risque minimum à ses troupes, quitte à tuer des civils palestiniens. Une méthode qui jette de "graves doutes sur l’éthique" de l’armée, écrit l’ONG.

"En entrant dans Gaza, l’hypothèse de base était que quiconque osait sortir la tête était un terroriste", explique un soldat. "Ils nous disaient : ’Si tu tues quelqu’un à Gaza, ça va, c’est pas un drame’", confie un autre. "Ils nous disaient qu’il ne devait y avoir aucun civil dans la zone [qu’ils avaient tous été évacués]. Alors si tu voies quelqu’un, tu tires ! Qu’il soit suspect ou pas, ce n’est pas le problème".

>> À voir sur France 24 : "Vidéo : dans le nord de Gaza, les populations paient le prix fort de la guerre"

http://www.france24.com/fr/20140719...


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