60 jours de résistance à Kobané

samedi 15 novembre 2014.
 

Kobané n’était qu’un hameau, il y a cent ans. Aujourd’hui, une ville qui est devenue le symbole de la résistance contre la barbarie.

Cette ville fait partie du Kurdistan, à cheval sur quatre pays ; la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie.

Kobanê est située sur la frontière avec le Kurdistan de Turquie. En 1921, une ligne de démarcation divise la ville de Kobané de sa jumelle Suruc, dans la province d’Urfa.

Les kurdes désignent encore ces deux villes avec les mots serxet (au-delà de la ligne) et binxet (au-dessous de la ligne).

Comme les autres villes du Kurdistan syrien, Kobané devient victime de la politique d’arabisation du régime Ba’as à la fin des année 60.

La mode de vie, la coexistence de différentes cultures, les noms des villes... tout change après la prise de pouvoir de la famille d’al-Assad.

Le sort de Kobané et de toute la région ont commencé à changer à partir du 19 juillet 2012, quand les kurdes ont pris pour la première fois le contrôle de la ville de Kobané.

C’était le début de la révolution kurde, appelé Rojava. Mais aussi le début d’une nouvelle ère pour les Kurdes et pour toute la région. Plus rien ne devait être comme avant...

La révolution de Rojava qui redéfinit les rapports sociaux autour d’un contrat social laïque et libertaire a attiré aussi l’attention des régimes répressifs, des forces obscurantistes et leurs complices.

Les attaques visant ce modèle démocratique n’ont pas cessé depuis le début de la révolution.

Mais le train de la révolution était déjà sur les rails.

En janvier 2014, le Kurdistan syrien a adopté le modèle cantonal. Trois cantons autonomes ont été déclarés : Djazira, Afrin et Kobani.

Ce modèle a inclus tous les composants de la région kurde dont les Arabes, les Arméniens, les Assyriens, les Tchétchènes mais aussi les différentes religions comme l’Islam, le christianisme, le yézidisme etc…

Le canton de Djazira a adopté trois langues officielles, kurde, arabe et syriaque.

Les vices présidents du canton sont un arabe et une syriaque. Les femmes sont fortement représentées dans les gouvernements de ces trois cantons.

Une femme est à la tête du canton d’Afrin, car cette révolution était avant tout celle des femmes.

En juillet 2014, les ennemis de l’humanité ont lancé une vaste attaque contre la région de Kobané.

Cette attaque visait directement la révolution kurde, dans son berceau pour en finir une bonne fois pour toutes.

De violents combats ont eu lieu pendant un mois, loin des yeux du monde entier. Les combattants kurdes ont réussi à briser et repousser les attaques.

Après plus d’un mois, le 15 septembre, des milliers d’hommes, vêtus des chemises noires, ont lancé des attaques sans précédentes, recevant notamment le soutien de la Turquie.

Face aux tanks, mais aussi des armes américaines, russes, allemandes et françaises, tombées aux mains du Daesh, les combattants et combattantes kurdes ont montré une résistance héroïque.

Ces braves gens ont montré au monde entier qu’aucune force n’était au dessus de la volonté humaine décidée à vaincre la barbarie.

Alors que tout le monde attendait, dont certains gouvernements avec impatience, la chute de cette petite ville, la résistance inattendue du peuple kurde a changé le cours de l’histoire.

Cette résistance face à une force sauvage qui a pris le contrôle d’une large zone en Irak dont Mossoul en une semaine au cours du mois de juin, a gagné la sympathie du monde entier.

Cette ville qui a rendu visible la lâcheté infâme des gouvernements, la complicité avec des sauvages, le bilan catastrophique d’une politique régionale et internationale, était désormais un tournant important pour l’avenir de la région.

Elle incarne à la fois Stalingrad, Verdun, Varsovie, Srebrenica et Guernica.

C’est plus qu’une ville kurde. Elle représente maintenant une résistance incroyable, l’héroïsme, la puissance de la femme et sa lutte féroce pour la liberté, la détermination, l’espoir d’une nouvelle vie, la volonté humaine et la solidarité internationale.

La victoire appartient déjà à tous ceux et celles qui luttent pour l’humanité à Kobané et dans le monde entier.

Maxime Azadi


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