INTOLERANCE ET INTEGRISME CATHODIQUE

mardi 9 juillet 2013.
 

Un couple d’homosexuels s’est fait agresser à Paris, dans la nuit du 6 au 7 avril. Le lien avec la loi sur le mariage homosexuel est patent. Ce 12 mars, toute l’extrême droite parisienne était réunie pour créer un climat d violence autour du Sénat.

Exacerbés par certains médias et partis politiques qui se complaisent à diviser les français, des catholiques et pratiquants sont ébranlés. Cela tourne à l’homophobie, et l’utilisation de la violence en est la traduction ultime. Etait-ce le but recherché ?

Pourtant, qu’il leur en déplaise, Dieu n’a pas puni l’homosexualité en tant que telle mais le fait que les hommes et les femmes se soient détournées de lui, en refusant notamment l’hospitalité et de l’honorer. Dans l’épitre de Saint Jude, où il est fait référence à une « autre chair », ce n’est pas celle du même sexe dont il est question mais de liaisons consommées entre les anges et les humains. On est loin d’une ferme condamnation. Arrêtons-là les références bibliques, et revenons à l’objet de cet article.

Verrons-nous ces gens, bien sous tous rapports pour la plupart, manifester pour défendre le droit du travail mis à mal par un autre projet gouvernemental ? Seront-ils également dans la rue le 5 mai pour exiger d’autres institutions plus démocratiques, conçues pour œuvrer au bien-être du peuple ?

Et même si cela mérite débat vu notre évolution comportementale et intellectuelle, la vraie question n’est pas de savoir si un couple homo a la possibilité de s’unir devant M. le maire, d’avoir des enfants via l’adoption ou la PMA. Non, c’est bien plus fondamental, il s’agit du droit à la différence, au respect d’être et de penser autrement. Abordée ainsi, elle prend une autre dimension.

C’est pourquoi les médias se doivent de participer à l’enrichissement de la réflexion collective, et non détourner l’opinion publique en l’empêchant de faire son propre point de vue. Leur devoir d’objectivité est essentiel. Selon le traitement donné à un sujet, une partie de la population peut se voir entraînée, contre son gré, dans un processus d’escalade entretenu grâce à un savant dosage cathodiquo-politique.

On constate là combien désinformation et intolérance peuvent se compléter si l’idéologie dominante veut orienter les mentalités dans un but déterminé. Elle se trouve souvent proche d’un pouvoir, qu’il soit politique, économique, financier ou religieux. L’excès de certains médias zélés nuit au métier de journaliste, échappant alors à toute éthique professionnelle.

Comme le détournement du rôle des médias devient permanent, il est facile de tuer le libre arbitre et de privilégier – ou d’honnir – une frange de la population, la beauté à la laideur, le superflu à l’essentiel, le productivisme mortifère au rationnel. Rendue conforme à un mode de penser, de paraître, de se comporter, on aboutit en réalité à un culte de la discrimination, à une atteinte aux libertés individuelles et collectives. Certaines émissions (cathodiques, écrites ou parlées) sont des outils de manipulation, comparables à des armes de guerre psychologique. En 1938, l’adaptation radiophonique d’Orson Welles de La Guerre des mondes, sur une radio américaine, fit croire qu’une invasion martienne venait d’avoir lieu. Des scènes de panique indescriptibles s’ensuivirent, provoquant de nombreux morts et d’importants dégâts.

La fonction médiatique est confisquée par une élite aux intérêts antinomiques à ceux du peuple. Elle l’utilise, selon son gré, pour détourner son attention. L’information est déformée pour le conduire à agir, à s’exprimer sans réelles motivations ou réflexions. Elle utilise la technologie pour étouffer les débats, confiner à l’isolement et conduire finalement à l’indifférence pour préserver ses privilèges.

De cette civilisation-là, on n’en veut pas. L’Homme a un cerveau, une intelligence. Il doit être libre de les exploiter pleinement pour penser, critiquer, et formuler des idées novatrices. Notre évolution, sociale et systémique, ne pourra réellement se faire qu’à ces conditions.


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