Vincent Peillon lance un nouveau débat sur la "refondation de l’école"

jeudi 19 juillet 2012.
 

1) Education : Peillon lance à la Sorbonne la concertation sur la "refondation de l’école" (AFP)

Le ministre de l’Education Vincent Peillon lance jeudi à la Sorbonne la concertation sur la "réfondation l’école" promise pendant la campagne présidentielle, et qui doit aboutir à un projet de loi à l’automne.

Jean-Marc Ayrault avait annoncé mardi dans sa déclaration de politique générale devant les députés qu’il ouvrirait ce jeudi une consultation sur "la refondation de l’école".

"Le président de la République a fait de la jeunesse et de l’éducation la priorité de son quinquennat. C’est donc en pensant à l’avenir de la jeunesse que je conduirai l’action de mon gouvernement", avait indiqué.

"L’école est au coeur de la promesse républicaine : c’est l’école qui fait naître parmi les jeunes générations un profond sentiment d’attachement à nos valeurs fondamentales, à la laïcité, au civisme et au respect des autres ; c’est l’école qui permet la promotion sociale, la construction et l’affirmation d’une citoyenneté libre, fondée sur des droits et des devoirs", a dit M. Ayrault.

"Mais le constat est sans appel. Notre système éducatif ne produit ses effets que pour 80% des jeunes et n’est pas adapté pour les 20% restant. L’échec scolaire est encore massif, les inégalités sociales et territoriales minent le contrat entre la nation et son école", a ajouté le chef du gouvernement.

"Nous devons concentrer notre attention et nos efforts sur l’enseignement primaire et les premiers cycles de l’enseignement supérieur, qui forment les maillons faibles de notre système. C’est dans les premières années que se construit la réussite des élèves", a-t-il encore dit. "L’objectif est de faire reculer massivement, au cours de la mandature, le nombre de jeunes qui sortent du système scolaire sans aucune qualification", a promis M. Ayrault.

"Pour servir cette ambition, je vous propose un nouveau contrat éducatif", a-t-il dit, en rappelant le recrutement "dans l’urgence" de 1.000 postes d’enseignants dans le primaire "pour faire face aux situations les plus tendues" dès la rentrée 2012.

Il a également cité la création de 60.000 postes sur l’ensemble du quinquennat, promesse emblématique de François Hollande, et annoncé "le recrutement de 1.500 auxiliaires de vie scolaire individuels" (AVSI) dès la rentrée 2012 pour prendre en charge les élèves handicapés. C’était une demande des syndicats d’enseignants et des parents d’élèves.

Parmi les chantiers d’"une large concertation" qui aura lieu cet été, en vue d’une loi d’orientation et de programmation à l’automne, M. Ayrault a cité les rythmes scolaires "dans l’intérêt des enfants".

En outre, "nous donnerons un nouvel élan à l’éducation prioritaire", a-t-il dit, et "la formation initiale des professeurs sera rétablie et des écoles supérieures du professorat et de l’éducation seront instituées au sein des universités". La réforme menée par le précédent gouvernement est très décriée.

La FSU, principale fédération de l’éducation, a annoncé jeudi la mise en ligne d’un site (http://www.ideespourleducation.net) ouvert à "tous les acteurs de l’éducation" pour contribuer aux débats de la concertation sur l’école, qui sera lancée par le gouvernement jeudi après-midi à la Sorbonne.

Les personnels de l’éducation, fédérations de parents d’élèves, de lycéens, d’étudiants, associations, mouvement pédagogiques et chercheurs sont invités à débattre ou a témoigner.

"Chacun peut s’accorder sur le défi à relever : assurer la réussite de tous les élèves et mettre fin aux sorties sans qualifications tout en augmentant le niveau de qualification et le taux de diplômés de l’enseignement supérieur", explique le syndicat dans une déclaration destinée au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), réuni jeudi matin à la Sorbonne.

2) La concertation sur l’école : semaine 1. "Mes premiers pas de concerté", par Claude Lelièvre, historien de l’éducation (Le Monde)

Après le lancement, jeudi 5 juillet, de la concertation pour la refondation de l’école, les travaux ont déjà débuté pour quelques-unes des 500 personnalités impliquées. C’est que le calendrier est serré : durant trois mois, les participants vont traiter de quatre grandes questions - "la réussite scolaire de tous", "les élèves au cœur de la refondation", "un système éducatif juste et efficace", "des personnels formés et reconnus" -, pour aboutir à un rapport final qui doit influencer la rédaction, à l’automne, de la loi de programmation et d’orientation de l’école. Sur un blog qui va s’ouvrir dans les jours à venir, Le Monde va suivre l’avancée de ces débats censés inventer une autre école - l’école de demain.

"Mes premiers pas de concerté", par Claude Lelièvre, historien de l’éducation

Mardi 10 juillet au matin, dans les locaux de la direction des ressources humaines du ministère (Paris-13e), loin des ors de la Sorbonne où a été lancée la concertation, le 5 juillet, s’est réunie pour la première fois la centaine de membres du groupe dit de "la réussite scolaire". L’historien Claude Lelièvre, animateur de l’atelier sur la redéfinition du socle commun, nous a raconté ces "débuts", qu’il a ressentis comme "plutôt prometteurs".

"Durant les quarante premières minutes, j’ai présenté en condensé une histoire de la scolarité obligatoire. Une sorte de mise au point, un exposé de l’état de la question depuis les années 1960-1970. Puis, durant un peu plus de deux heures, la parole était libre. Elle a essentiellement été prise par les représentants des différents syndicats. Tous ont parlé, y compris ceux qui ne se reconnaissent pas du tout dans la problématique du socle commun - FO, le SNALC, SUD. S’ils ont marqué leurs divergences, cela s’est fait sans aucune animosité.

"J’ai le sentiment que la plupart des participants était vraiment animée par le désir de sortir, par le haut, des oppositions et des confusions. Que l’état d’esprit était foncièrement positif. Que l’envie de dépasser les points de blocage est aujourd’hui partagée. Quelques experts ont pris la parole, comme André Antibi, le théoricien de la "constante macabre", quelques inspecteurs généraux, un directeur d’école, des chefs d’établissement, des inspecteurs de l’éducation nationale...

"Pour l’heure, c’est plutôt un débat d’orientation générale : on pointe quels sont les problèmes, on recherche comment s’en saisir... Je n’ai pas entendu d’enseignants parler, en dehors de ceux qui ont un mandat syndical, et cela me semble normal puisque, comme l’a maintes fois répété le ministre, nous ne sommes pas dans une consultation mais bien dans la concertation.

"Les représentants des parents d’élèves se sont, eux aussi, exprimés - un du public et une du privé. Les mouvements pédagogiques également. On sent chez chacun d’entre nous le désir de sortir de la situation actuelle, délétère et confuse, de trouver une issue, plutôt que de s’affronter. Est-ce que cet état d’esprit va perdurer quand on s’emparera des dossiers ? Je l’espère.

"Au menu, comment articuler le socle commun avec les programmes et disciplines. Comment clarifier les types d’évaluation, multiples et souvent contradictoires, pour en arriver à une seule logique. Quelle instance, et avec quels membres, doit être chargée de réécrire et de repenser le socle commun... Vastes questions, à débattre lundi 16 et mardi 17 juillet prochains."

La phrase de la semaine

"Le fonctionnement sélectif de l’école française place le pays dans une situation peu favorable, tant au niveau social - enjeux de cohésion sociale et d’égalité des chances - qu’économique - enjeux de compétitivité."

(Extrait de l’annexe à la lettre de mission (ici en PDF), signée des ministres Vincent Peillon et George Pau-Langevin, et transmise le 5 juillet aux quatre animateurs de la concertation, Marie-Françoise Colombani, Nathalie Mons, François Bonneau et Christian Forestier.)

3) Refondation de l’école  : le débat est lancé (L’Humanité)

Le ministre de l’Éducation nationale a lancé jeudi à la Sorbonne la vaste concertation promise sur l’école. Le rapport final, attendu en octobre, servira de base à un projet de loi avant la fin de l’année.

Promise par le candidat Hollande, la grande concertation sur l’éducation a enfin ­démarré. Le ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon, en a donné le coup d’envoi, jeudi après-midi, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Cette vaste consultation doit servir de base à un projet de loi d’orientation et de programmation prévu avant la fin de l’année et censé concrétiser la «  refondation de l’école de la République  ».

Devant une salle archicomble, réunissant élus, syndicalistes et hauts fonctionnaires, le ministre a rappelé que l’éducation n’était pas un «  engagement de circonstance mais une priorité pour tout le quinquennat  », insistant sur la dimension «  totalement inédite  » de cette concertation qui va rassembler «  tout le monde de l’école  ».

De fait, elle rassemble, au-delà des interlocuteurs classiques (syndicats, associations…), des personnalités de tous horizons et se voit dirigée par un comité de pilotage plutôt éclectique, composé de la sociologue Nathalie Mons, spécialiste des politiques publiques d’éducation, de Christian Forestier, l’administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), de Marie-Françoise Colombani, éditorialiste au magazine Elle, et, enfin, de François Bonneau, vice-président délégué de l’Association des régions de France (ARF), où il préside la commission de l’éducation.

Ce comité de pilotage aura la tâche « lourde mais exaltante », dixit Vincent Peillon, de présenter début octobre le rapport « Refondons l’école » qui inspirera une loi déposée « en octobre ou novembre  ».

Que pilotera exactement ce comité  ? Quatre groupes de travail, avec à la tête de chacun un président. Le premier traitera de « la réussite scolaire pour tous  », le second des « élèves au cœur de la refondation », le troisième s’attellera à élaborer « un système éducatif juste et efficace » et le quatrième se penchera sur les meilleurs moyens d’avoir « des personnels formés et reconnus ».

À l’intérieur de chaque groupe de travail sont déclinées plusieurs thématiques. Vingt et une au total, toutes plutôt ambitieuses  : la priorité donnée à l’école primaire, la rénovation du collège, la ­redéfinition du socle commun, la prévention du décrochage scolaire, les rythmes scolaires, la formation des enseignants, l’évaluation des élèves, la valorisation du lycée professionnel… Sur chacune de ces thématiques, les groupes de travail devront produire des recommandations susceptibles de se traduire dans la future loi. Un site internet consacré à la concertation est également ouvert depuis jeudi à l’adresse www.refondonslecole.gouv.fr.

Le tout devra se faire sans traîner car le calendrier est des plus serrés. Les travaux en ateliers se déroulent du 6 au 21 juillet, puis du 20 août à la fin septembre. À peine deux mois pour refonder l’école, ça fait court. Même si Vincent Peillon se veut confiant. « Sur cette concertation, nous ne partons pas de rien  », a rappelé le ministre, qui souligne que ces travaux s’appuieront principalement sur les engagements de François Hollande.

Les syndicats ont globalement apprécié l’ouverture de cette concertation. L’Unsa éducation « salue cet engagement ». Et la FSU, principale fédération de l’éducation, a annoncé jeudi la mise en ligne d’un site (www.desideespourleducation.net) ouvert à « tous les acteurs de l’éducation » afin de contribuer aux débats.

De son côté, le PCF « prend acte » de ce lancement, tout en estimant que le contenu de la future loi « doit être en rupture absolue avec les orientations laissées par la droite ». Les parlementaires du PCF et du Front de gauche promettent d’organiser également une consultation et des initiatives militantes afin « d’associer l­argement la ­population à cette contribution législative ».

Laurent Mouloud


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