Le Front de Gauche transforme l’électeur en citoyen !

samedi 14 avril 2012.
 

Pourquoi progressons nous ? Pourquoi la dynamique du Front de Gauche est l’évènement de cette campagne électorale ? Quel en est le ressort principal ? Pourquoi nos salles sont-elles toujours pleines ? Pourquoi tant d’enthousiasme ? Pourquoi tant de ferveur populaire ? Pourquoi arrivons nous autant à faire venir à l’action civique et politique tant de gens qui s’abstenaient précédemment ? Pourquoi notre progression n’a-t-elle pas de plafond ? Pourquoi je suis convaincu que le 22 avril et le 6 mai prochains "tout est possible" ?

La réponse se trouve dans un aspect déjà évoqué ici ou là, mais peut être pas assez précisé : le Front de gauche mène une campagne d’éducation populaire. Et en ce sens, quoi qu’il arrive le 22 avril et le 6 mai, nous avons déjà remporté une grande victoire. Qu’est-ce à dire ? L’éducation populaire, cela signifie une campagne politique qui éduque et instruit les millions de femmes et d’hommes qui y participent. Elle transforme des électeurs, qui, sans nous, auraient été condamnés à ne rester que des supporters sautillants devant les caméras, membres d’un fan-club de machine ou machin, en des citoyens, éclairés, motivés, lucides et exigeants qui deviennent eux-mêmes les émetteurs enthousiastes de belles idées politiques. Nul ne sort indemne de nos meetings. Ce sont, chacun à leurs mesures, des universités populaires, où l’on partage les idées de gauche et l’histoire du mouvement ouvrier et écologistes. En plus de 15 ans de combat commun, combien de fois ai-je entendu Jean-Luc Mélenchon répéter « Il n’y a pas de République sans républicains » ? C’est cela que nous faisons, notre campagne est une fabrique à républicains et républicaines, une usine à citoyens et citoyennes.

Ce n’était pas un secret. Nous sommes là au cœur de notre objectif majeur : changer la société et donc, pour cela, changer, non seulement les structures économiques et sociales, mais aussi les comportements et les habitudes des citoyens qui la composent. Bref, engager la Révolution citoyenne. J’insiste. Pas de citoyenneté possible sans citoyens qui en sont les premiers acteurs. Pas de bouleversement politique possible sans rompre avec les consentements à l’autorité imposés généralement par les puissantes machines de domination intellectuelle que sont les médias et les sondages. En ce sens, parce qu’elle propose une explication cohérente et juste des désordres de notre société, qu’elle propose des solutions pour s’en émanciper, parce qu’elle demande à notre peuple de prendre en charge ce changement sans quoi rien n’est possible, notre campagne est Révolutionnaire.

De ce point de vue, et pas seulement d’ailleurs, dirigée frontalement contre la droite et l’extrême droite, notre campagne est aux antipodes de celle de notre concurrent François Hollande. La sienne est trop souvent une machine à résignation alors qu’il y a tant d’espoir de changement dans notre pays et tant de disponibilité pour le mettre en oeuvre. Ce dernier répète de façon lancinante et mécanique son slogan « Le changement, c’est maintenant », agrémenté de quelques plaisanteries, sans expliquer ce qui va maintenant changer si il était élu. C’est insuffisant. Un meeting de gauche ne peut se résumer à un dosage subtil mêlant douche froide sur tout espoir de changement profond, si légitime et nécessaire, et « stand-up anti sarko » où l’on rit contre la droite comme pour mieux se convaincre que l’on est de gauche, tellement on en doutait finalement un peu.

Je l’affirme sans détour. La campagne du candidat du PS n’est pas une pédagogie d’éducation populaire qui mobilise nos concitoyens pour résister à la propagande des tenants des politiques austéritaires. Ses meetings n’arment pas intellectuellement contre les attaques de la droite qui cogne pourtant si fort contre les idées de gauche. Pire, parfois même, les discours d’Hollande désarment et peuvent être dangereux à terme pour toute la gauche. En écoutant attentivement François Hollande, on comprend surtout que le principal changement qu’il organise, qu’il souhaite, qu’il espère, c’est celui du locataire de l’Elysée. Soit. C’est urgent que l’actuel dégage. C’est une condition sine qua non. Un bon début, c’est important. Oui, il faut chasser Nicolas Sarkozy, et ses amis, au plus vite. On est d’accord. Les trois quart de notre peuple sont d’accords. Mais, cette seule force propulsive s’effoufle. Pour la renforcer d’ici le 22 avril et le 6 mai, il importe aussi de mettre en œuvre une politique économique et sociale de changement qui ne se résume pas au slogan qui serait uniquement en définitive « Le remplacement, c’est maintenant », remplacement de Président, certes pour un autre style et une différence d’intensité dans les politiques de rigueur, mais pour le reste ? Je peine à trouver les grandes ruptures économiques avec la droite. certes, il en existe quelques unes, mais elles sont si timides. Croire que l’on est majoritaire par le seul rejet de Sarkozy, c’est se tromper de période et ne pas entendre le pays. Le peuple de France veut un autre changement, dès maintenant, sans attendre. Une fois de plus, notre peuple est disponible pour une grande tâche. Les conditions du grand changement ne sont pas seulement mûres, elles ont même commencé à pourrir dans certains endroits. C’est cette haute exigence que porte la campagne du Front de Gauche conduite par Jean-Luc Mélenchon. Nous élevons le niveau de cette élection. François Hollande et ses amis devraient cesser de nos toiser de haut, mieux écouter ce qui se passe dans nos meetings : ils entendraient la France qui gronde et des solutions pour que le bonheur redevienne une idée neuve.

Entendent-ils seulement nos propositions, ou font-ils semblant de ne pas les écouter ? Nous voulons la 6e république pour changer les institutions (voir à ce sujet le blog de ma camarade Raquel Garrido à qui je souhaite la bienvenue dans notre blogosphère). François Hollande lui, veut garder la 5e République. Nous voulons la planification écologique pour mettre en œuvre la transition écologique. François Hollande n’en veut pas. Nous refusons l’austérité. François Hollande veut seulement « donner du sens à la rigueur » et annonce 50 milliards d’économie dans les dépenses publiques chaque année et donc aucune création de postes de fonctionnaires alors que la droite en a supprimé 180 000 ! Nous voulons augmenter le pouvoir d’achat et les salaires à commencer par le SMIC que nous voulons porter à 1700 euros. François Hollande s’y oppose. Nous voulons le retour à la retraite à 60 ans et la défense intransigeante des 35 heures hebdomadaires. Nous refusons de payer toute la dette, dont une partie est clairement illégitime. Nous voulons partager les richesses, mettre en place 14 tranches d’impôts et tout prendre au dessus de 30 000 euros de revenus par mois. François Hollande, après avoir moqué ces idées, sous la pression de notre campagne ne propose qu’une mesure symbolique pour les revenus de plus d’un million d’euros par an tout en annonçant immédiatement qu’elle ne rapportera rien. Quel intérêt économique et pédagogique ? Vous voulez d’autres sujets ? En voici encore. Veut-il donner plus de pouvoirs aux travailleurs dans l’entreprise ? Non, ou si peu. Refuse-t-il avec fermeté les dangereuses directives de l’Europe libérale souvent destructrices de services publics ? Non, il en accompagne certaines et en dénonce d’autres si modestement que cela n’aura aucun effet.

Notre campagne n’est pas donc une "sympathique" campagne de protestations, comme je l’entends dire parfois, dont la seule originalité, un peu pittoresque aux oreilles de petits marquis se croyant socialistes, viendrait du verbe ou de la verve. Cette force ne pliera pas le genou devant ceux qui la méprisent. Vision à courte vue pour esprit limité que de voir les choses ainsi. La campagne du Front de Gauche est une campagne de propositions pour gouverner la France. Bien plus que celle de François Hollande dont je peine, à moins de trois semaines du premier tour, à dire exactement de quelles propositions nouvelles, fortes et précises pour partager les richesses, en rupture avec l’ordre établi, il est porteur.

C’est pour cela qu’il apparaît de plus en plus que le candidat PS n’est pas clairement dans une logique de rassemblement. Sa méthode est brutale et surtout dangereuse, Pour s’unir à lui, il faut accepter de façon disciplinaire son projet, dans son intégralité, sans la moindre inflexion. Je n’exagère pas. C’est lui-même qui présente les choses ainsi. C’est « à prendre ou a laisser » a encore dit son conseiller Jérome Cahuzac. Et bien soit. Jean-Luc a répondu : dans ces conditions, nous laissons. D’où vient, chez les socialistes, ce comportement rompant avec les traditions de la gauche ? Où puise-t-il son origine ? Sans concession politique, ils pensent "plumer la volaille Front de Gauche". Dangereuse méthode. Depuis des mois, ils refusent notre offre publique de débat. Ils nous envoient balader. Ils refusent même de discuter du cas des 90 circonscriptions où il y a un risque de deuxième tour FN contre droite… Pourquoi ces refus ? Dans quel but ? C’est pourquoi nous sommes clairement dans une stratégie indépendante de conquête du pouvoir. C’est nécessaire. Nous nous battrons jusqu’à la dernière minute pour être en tête de la gauche car, dans ces conditions, nous établirons de meilleures conditions pour rassembler la gauche. Autant le dire simplement : nous sommes plus efficace pour battre la droite et Nicolas Sarkozy. Qu’on se le dise !

Je reviens à mon sujet initial. Le Front de gauche mobilise des femmes et des hommes, en leur disant « Prenez le pouvoir ! ». Il fait crier dans ses meetings « Résistance ! Résistance ! » et surtout pas le nom ou prénom du candidat. Il n’exhibe pas non plus sur ses affiches, pour sembler plus « cool », les lunettes rouges de sa candidate. Nous laissons à d’autres ces enfantillages. Notre cause n’a pas besoin de surhomme, mais de femmes et d’hommes surs, et ce n’est pas la même chose. Comme l’écrit un de mes maîtres qui vient de publier un de ses petits livres jubilatoires dont il a le secret, je m’étonne et m’afflige de ces meetings à fond blanc, sans Poings, ni Roses, ces meetings sans Jean-Baptiste Clément où l’on ne chante plus vraiment mais on scande, comme dans les tribunes d’un stade de foot. Les nôtres transmettent une histoire, des idées, des valeurs. Elles deviennent une force matérielle parce que des millions de femmes et d’hommes s’en emparent. C’est déterminant car il n’y a pas de dynamique politique qui ne procède d’une vision d’ensemble, d’une explication générale du temps où l’on vit. On ne fait que l’Histoire qu’on comprend et qu’on sent. Une Nation amnésique ne peut redécouvrir la vérité.

Cette conviction se conforte soir après soir. Après un beau meeting à Mulhouse, j’ai eu la chance, la semaine dernière de tenir meeting dans le Gard, avec le grand historien de la Révolution française et spécialiste de Gracchus Babeuf, Monsieur Claude Mazauric. Sans le connaître trop, j’aime cet homme dont la gentillesse n’a d’égale que l’élégance et l’intelligence. Lors de ce meeting, j’ai rappelé ce que Claude écrivait dans l’un de ses nombreux articles : « L’Histoire, toute l’Histoire est en nous, en chacune et chacun, et en nous tous collectivement : renoncer à s’inscrire dans son histoire, c’est renoncer à soi-même. En prolongeant le meilleur des ambitions émancipatrices venues du plus loin, et sans rien ignorer des étroitesses de naguère, des impasses et des échecs, des errements, des malfaçons et des crimes, c’est alors que l’on dégage le plus clair des horizons.. »

Merci Monsieur Mazauric ! La campagne du Front de Gauche s’inscrit dans cette volonté de « dégager le plus clair des horizons ». Nous luttons contre l’effacement de siècles d’expériences. Notre culture s’ancre dans un socle profond : la passion de l’Egalité, les Lumières, la laïcité, bref, les grandes promesses de la grande Révolution. Les anciens, ceux qui ont de l’expérience ont à transmettre tout cela aux plus jeunes. Je déteste cette culture jetable ou pour être entendu, il faut être nouveau, moderne, en rupture avec les codes précédant et mépriser nos aînés. Cela marche peut être dans le milieu de la mode vestimentaire, mais c’est désarmant dans celui de la politique. Nous sommes les maillons d’une longue chaîne... nos idées viennent de loin... de très loin.


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