Les dieux sont en deuil... Jean-Pierre Vernant vient de mourir.

samedi 13 janvier 2007.
 

Les mois de janvier sont meurtriers, on dirait. Aux infos, tout à l’heure, on annonçait la mort de Jean-Pierre Vernant. Même si vous n’avez jamais étudié le grec à l’école, ce nom-là doit vous rappeler quelque chose, non ? Esprit libre, résistant de la première heure, défenseur d’un communisme généreux et fraternel, ce brillant agrégé nous a quittés hier. Sa grande voix va nous manquer.

Engagé dès 34 au côté des antifascistes, il militera ensuite contre tous les nationalismes avec le Parti communiste jusqu’en 1970, préférant toujours le combat « de l’intérieur » à la facilité de la critique « du dehors ». Sportif accompli, marcheur infatigable, des Pyrénées à la Grèce, des Alpes à la Corse, inlassablement, il recherchera et célébrera « l’Universelle Fraternité humaine ».

Il était intervenu chez Mermet, en 2004. Portant toujours l’étendard de la tolérance, de l’espoir, ce « vieux type utopiste » comme il se définissait lui-même, avait ce jour-là bien recadré le débat. Revenant sur son parcours, il rappelait le programme du Conseil National de la Résistance : un projet d’édification d’une patrie socialement plus juste, plus fraternelle.

Alors que la France était exsangue, à genoux, ruinée, un Etat volontaire, ambitieux avait pu réaliser tout un programme de lois sociales considérables. Ceci pour finir par se demander ce qui, bon sang, pouvait bien empêcher nos gouvernants actuels d’en faire autant ici et maintenant, dans ce pays riche où les victuailles débordent de partout.

Il rappelait aussi l’importance des services publics, lui qui s’emportait toujours contre la « rentabilité » de la SNCF, de l’école, de la Poste. Les services publics ne doivent pas être « lucratifs », disait-il, il est de la responsabilité de la collectivité de maintenir ces services là où ils existent. Et comme une ultime leçon donnée à des étudiants attentifs et religieusement admiratifs, il finit par rappeler que l’esprit de résistance est tout à fait actuel, que nous n’avons pas le droit de baisser les bras devant la difficulté à défendre ce qui nous est vital : la Liberté, la Fraternité, la Laïcité, la Solidarité.

Merci pour cette leçon de vie, Monsieur. Pour vous être fidèles, relisons-donc ce programme du CNR et prenons-en de la graine, ne serait-ce que pour la volonté de faire avancer le débat. Soyons opiniâtres, comme vous. Ne laissons pas nos passions tiédir. Votre jeunesse de 93 printemps est un modèle.

Pour se souvenir : lundi prochain, à 20 h 15, Kathleen Evin, sur Inter, rediffuse une « Humeur Vagabonde » à lui consacrée. On va bien s’amuser, c’est sûr ! prs57


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