« Le droit de grève est indivisible » Non au service minimum (MG Buffet)

samedi 7 janvier 2012.
 

Comment réagissez-vous à l’intervention du chef de l’État et du gouvernement dans le conflit 
des agents de sécurité dans les aéroports, et en particulier à la menace de faire remplacer les grévistes par des policiers et des gendarmes  ?

Marie-George Buffet. Cela fait des années qu’on 
n’avait pas employé cette menace de recours 
à la gendarmerie contre les grévistes. C’est tout 
de même incroyable, en terme de régression. 
Ensuite, c’est complètement démesuré. Nous 
ne sommes pas face à une crise d’État, mais 
simplement devant un conflit social qui entraîne 
des retards, quelques annulations.

On nous annonce un projet de loi limitant l’exercice 
du droit de grève dans les aéroports…

Marie-George Buffet. Ce droit de grève est indivisible. J’en ai assez que, à chaque fois qu’on parle grève, automatiquement, le gouvernement réponde  : « Oui, le droit de grève est dans la Constitution, mais… » Mais il faudrait le limiter pour le trafic aérien, pour le trafic ferroviaire, etc. Je rappelle que ces salariés sont employés par des entreprises privées, où ils sont surexploités. Des entreprises qui passent des contrats avec les aéroports.

Pour limiter leur droit de grève, le gouvernement invoque le fait qu’ils effectuent une mission de service public…

Marie-George Buffet. Si l’on considère qu’ils remplissent un service public, eh bien, qu’on leur redonne un statut de fonction publique  ! Je rappelle qu’avant, la sécurité dans les aéroports dépendait effectivement d’un service public. On nous dit maintenant qu’on va faire appel 
à la police des frontières. Sauf qu’aujourd’hui, elle n’a plus les moyens de remplir ces tâches. On ne peut exiger des salariés de la sécurité aéroportuaire de remplir 
des fonctions de service public, et les laisser dans 
les mains d’entreprises privées qui, au gré des contrats, se repassent ces travailleurs comme si c’était 
des marchandises.

Nul besoin, donc, pour vous, de légiférer de nouveau  ?

Marie-George Buffet. Depuis cinq ans, on a déjà beaucoup porté atteinte au droit de grève dans 
ce pays. On veut retirer aux salariés ce moyen d’action. Mais, aujourd’hui, ce ne sont pas les salariés qui prennent les usagers en otages, ce sont les patrons 
des entreprises de sécurité.

entretien réalisé par Yves Housson


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