Celac : Quand L’Amérique latine fait bloc pour son émancipation !

jeudi 8 décembre 2011.
 

L’Amérique latine vient de franchir un nouveau cap vers l’intégration régionale. Le premier sommet de la Communauté des États d’Amérique Latine et des caraïbes (CELAC) s’est tenu les 2 et 3 décembre 2011 à Caracas (Venezuela).

- 33 pays mais ni les USA, ni le Canada
- 550 millions d’habitants
- 20 millions de kilomètres carrés

La CELAC a pour vocation de déplacer le curseur géopolitique de Washington vers l’Amérique Latine. La seule organisation qui jusque-là faisait figure d’arbitre entre les pays d’Amérique Latine et au sein même de ces pays est l’Organisation des États Américains fondée en 1948 (OEA). Le problème est que l’OEA est un organisme fortement influencé par la politique extérieure des Etats-Unis dans le contexte de la guerre froide. Depuis lors, c’est l’OEA qui envoie des observateurs pour superviser les processus électoraux, elle encore qui distribue les bons et mauvais points en matière de respect des droits humains à travers la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), tout cela en regard des intérêts nord-américains dans la région. Il suffit de se souvenir que c’est l’OEA qui a soutenu l’exclusion de Cuba en 1962 (réintégrée en 2009) puis l’embargo contre l’île (toujours en vigueur), l’OEA qui a légitimé la mascarade électorale en 2008 après le Coup d’Etat contre Manuel Zelaya au Honduras et gardé un silence coupable sur l’instauration de tant d’autres dictatures en Amérique latine.

Cette entité régionale que sera la Celac s’inscrit dans le droit fil de l’Alternative Bolivarienne des Ameriques (Alba) créé en 2004 et de l’Union des Nations Sud-Americaine (Unasur) créé en 2008. La Celac réunit 32 pays d’Amérique latine ainsi que les micro-États insulaires de langue anglophones (550 millions d’habitants), laissant a la marge les États-Unis et le Canada, Il s’agit d’un processus politique important pour l’affranchissement de l’hégémonie nord-américaine dans cette partie du monde.

L’objectif est double : accélérer le processus d’intégration régionale et lever un bouclier politique, économique et financier contre les directives du FMI et de la Banque Mondiale qui saignent actuellement nombre de pays européens. Alors que la directrice du FMI, Christine Lagarde, est en "visite" pour rencontrer entre autres les Présidents péruvien, Ollanta Humala et mexicain, Felipe Calderón, les pays d’Amérique Latine s’apprêtent donc a consolider les propositions de la gauche non-libérale, celle qui ne pliera les genoux devant aucune espèce de Troika, devant aucune invective du FMI qui en Europe et ailleurs dit soutenir les États quand elle est la corde qui soutient le pendu.

Ce projet, pourtant marqué par le pluralisme politique, a été initié par les dirigeants de la gauche progressiste, pour s’émanciper du libéralisme économique et retrousser leurs manches pour faire bloc face aux tentatives coercitives des marchés. Les marchés agitent en effet la dette des États comme un épouvantail dans le but de justifier d’injustifiables mesures libérales en Colombie, au Chili, au Mexique et ailleurs. Force est donc de constater qu’il ne s’agit en rien d’un bloc monolithique puisque deux perspectives s’opposent. Pour les gouvernements les plus progressistes comme l’Equateur, La Bolivie, le Venezuela, le but est que la CELAC remplace à terme l’OEA, en se dotant non seulement de ses propres mécanismes de coopération économique mais aussi de sa propre cour de justice en lien avec l’ONU, comme le suggère l’Equateur.

La déclaration de Caracas, issue de ce premier sommet repose sur trois axes principaux : l’indépendance économique et politique, l’intégration régionale pour la paix et la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la coopération Sud-Sud.

La Celac est un donc un signal fort que la gauche progressiste d’Amérique latine envoie a toutes les forces politiques de gauche du monde, résister a l’impérialisme et à l’atlantisme, aux diktats des marchés, unir nos forces pour la souveraineté populaire, c’est possible, c’est donner aux peuples la place qui leur revient de droit.

Guillaume Beaulande, PG

Source : http://www.lepartidegauche.fr/edito...

1) 3 décembre 2011 Création de la Communauté des États Latinoaméricains et des Caraïbes (CELAC)

La Communauté des États Latinoaméricains et des Caraïbes (CELAC) fondée les 2 et 3 décembre 2011 á Caracas constituera sans aucun doute l´événement politique majeur de ces dernières années. Cet organisme remplace en effet une OEA (Organisation des États Américains) décrédibilisée par son alignement sur les États-Unis, par un organisme exclusivement latino-américain et politiquement pluraliste. Celui-ci réunira pour la première fois sans les USA ni le Canada, 32 chefs d´État sur un total de 33 pays représentant 550 millions de citoyen(ne)s sur un territoire de plus de 20 millions de kilomètres carrés. D´ores et déjà le président équatorien Rafael Correa a manifesté son souhait de voir se créér au sein de la CELAC une commission des droits de l´homme réservée aux latino-américain(e)s pour substituer une CIDH devenue caisse de résonance de campagnes médiatiques contre les gouvernements progressistes qui se multiplient en Amérique Latine.

Unité contre dépendance : une lutte historique.

Pour mesurer la portée historique de l´événement on peut se référer aux propos tenus par le président de la république bolivarienne du Vénézuéla - puissance invitante et l´une des principales forces d´impulsion du nouvel organisme : “Combien d´années de lutte. C’est un premier pas, ce n´est pas la victoire. Non. Mais c´est un premier pas. Parce que c´est en 1820 qu´a commencé la lutte dans ce continent. Aprés 300 ans de conquête, de domination, de génocide de la part des empires européens, a surgi la menace de l’empire naissant. Et Bolívar l’a prévu, l’a pressenti, l´a vu. L’a affronté. Bolívar proposa l’unité dès le Congrès Amphictionique de Panamá. Mais finalement s´est imposé le monroïsme : l’Amérique pour les américains. Et on a cru enterrer le boliviarianisme”.

L’ importance politique de la CELAC – même avant sa naissance – est liée à la caducité de l’OEA et à son épais dossier d´interventions contre des pays qui empruntaient diverses voies transformatrices sur le continent. L’ « Organisation des États Américains » restera tristement célèbre pour l´aval qu´elle a donné á des invasions, des coups d´État, voire des magnicides. De l’intervention étasunienne en République Dominicaine (1965) au coup d´État contre le président Zelaya au Honduras (2009), on peut lire l´histoire de l´OEA comme celle d´un « instrument de l`impérialisme » (dixit le politilogue argentin Atilio Borón). L’apogée de la dépendance de l´OEA vis-à-vis de Washington fut sans doute l´expulsion de Cuba en 1962 au motif du danger que représentait “ l´offensive subversive de gouvernements communistes, de ses agents, et des organisations contrôlées par eux” (sic). C`est sur cette base que les gouvernements nord-américains successifs ont appliqué un blocus comercial toujours en vigueur contre Cuba, provoquant des pertes qu´on estime à 975 milliards de dollars.

Le point de “non-retour” de Notre Amérique

En 2005, divers mouvements sociaux et politiques de l’ Argentine et d´ailleurs remplissaient le stade du “mundial de futbol” pour un événement majeur organisé en présense de Hugo Chávez et de Evo Morales : l´enterrement de l´ALCA, traité de libre commerce d´obédience néo-libérale que l’administration Bush avait tenté d´imposer au continent, mais aussi le démarrage paralléle de processus au Vénézuéla, en Bolivie et en Équateur qui ont permis de construire l’ALBA – Alliance Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique. Ce bloc de pays – également intégré par Cuba et le Nicaragua entre autres- a ensuite fondé le TCP (Traité de Commerce entre les Peuples) pour substituer par la complémentarité et la solidarité, la concurrence entre pays du « libre commerce » des années 90.

La CELAC ne tombe donc pas du ciel mais s´enracine dans une « mémoire longue » – le “bolivarianisme” auquel Chávez se réfère ainsi que la marque laissée par les différents « Libertadores » de l´Amérique Latine, eux-mémes enracinés dans de longs cycles de résistance indigène, afrolatinoaméricaines comme celui d´Haïti, qui fut la première république libre du continent.

Elle prend aussi racine dans une « mémoire moyenne » - la résistance au néolibéralisme, les émeutes anti-FMI à Caracas (1989), etc-. Et dans une “mémoire proche” formée par des processus unitaires entre nations souveraines tels que l`ALBA, un système nourri de coopération sociale et libéré de la logique du profit. D’autres, bien que plus nuancés, comme l´UNASUR, ont déjà permis de résoudre des moments de tension comme la tentative de coup d´État contre Evo Morales en Bolivie (2008).

Alors que dans une Europe amnésiée par les grands médias, on a vu des "intellectuels" de gauche se convertir à la « guerre humanitaire » et défendre peu ou prou une guerre meurtrière en Libye, il est bon de citer la présidente argentine Cristina Fernandez « Quand je vois les pays dits civilisés régler leurs affaires à coups de bombes, je me sens fière d´être sud-américaine ».

Juan Manuel Karg, Licencié en Sciences Politiques, UBA

Traduit et adapté pour le français par Thierry Deronne pour La revolución Vive

Source : http://www.larevolucionvive.org.ve/...

Site officiel de la CELAC : http://www.celac.gob.ve/ (avec lien de la transmission spéciale par Internet de la réunion des 33 pays à Caracas les 2 et 3 décembre 2011)


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