L’actualité de la pensée de Bolivar

lundi 15 août 2016.
 

En termes d’actualité de la pensée bolivarienne dans les relations internationales, nous devons examiner ce qu’on appelle la pensée unioniste de Simon Bolivar. C’est à travers l’union qu’on va garantir et l’indépendance et la liberté, et qu’on va assurer aussi l’équilibre de l’univers. Bolivar n’avait pas une compréhension particulière ni du Venezuela ni même de la Colombie – comprise dans la réunion des trois états contemporains Colombie, Équateur et Venezuela – mais il comprend que pour l’indépendance de la Colombie il faut garantir l’indépendance de toute l’Amérique entièrement espagnole (…)

Si l’on nous dit que la pensée unioniste de Simon Bolivar n’est pas actuelle, il convient de regarder quels sont alors les dangers d’une façon plus précise au niveau interne et externe. Mais comparé au XXIe siècle, on se rend compte que ce sont presque les mêmes dangers. Par exemple il y a des ennemis internes à la consolidation de l’union et de la liberté au XIXe siècle, comme au Pérou où il y avait une importante classe qui était en faveur des Espagnols. Au XXIe siècle nous avons aussi des ennemis internes. Ces groupes sont devenus des groupes économiques de pouvoir, notamment dans les médias qui ont une importance capitale. Le « divisionnisme », le « sécessionnisme » au XIXe siècle s’est manifesté lors de la faillite du congrès de Panama.

Il est encore actuel, qu’on se rappelle de la Bolivie il y a deux ans menacée par de graves périls sécessionnistes. La prise de conscience populaire, qui faisait défaut, est désormais croissante. (…) Au niveau externe, l’ennemi qui était potentiel au XIXe siècle est devenu réel parce que l’impérialisme est présent, comme l’est la doctrine Monroe, le panaméricanisme construit tout au long de ces deux siècles. Il y a le capitalisme et le néolibéralisme au XXIe siècle, qui, finalement, a reproduit le libéralisme de la Grande-Bretagne d’une façon plus stricte et plus large. Si on manquait de conscience populaire externe au XIXe siècle, on voit aussi que celle-ci est croissante aux XXe et XXIe siècles.

Il y a une continuité de l’impérialisme. Alors que Bolivar cherchait l’union, le consensus au congrès de Panama, les instructions des États-Unis ne visaient pas l’union mais le traité bilatéral. C’est ce qui se passe aujourd’hui avec les petits Alca, les traités bilatéraux de commerce que les États-Unis ont signé récemment avec la Colombie, l’Équateur, le Panama ou le Chili. Ce qu’ils n’ont pu vendre au niveau global avec l’Alca, ils le font au niveau bilatéral. Ce n’est pas nouveau. En 1824, les instructions des États-Unis étaient les mêmes. Les périls sont donc toujours là. Mais il y a des choses nouvelles, venant surtout de l’Amérique du Sud, qui commencent à exister dans le système international. (…)

Les cinq principes de la pensée internationale de Bolivar, c’est-à-dire l’équilibre de l’univers, l’union, l’humanisme, le pacifisme et l’antihégémonie, se démontrent dans plusieurs expériences actuelles entamées non seulement au Venezuela mais aussi dans les pays de l’Alba et différents pays d’Amérique du Sud. Nous avons encore un défi à relever, « dépasser les dangers internes et externes qui font que la sub-région américaine et le monde doivent encore vaincre le triple joug de l’ignorance, de l’ignominie et du vice », avec comme solution celle proposée par Bolivar  : « le pouvoir, le savoir et la vertu ».

par Hector Constant, sous directeur de l’institut des hautes études diplomatiques Pedro Gual ( Caracas)


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