Réforme de la notation des enseignants : c’est l’école publique qu’on assassine

lundi 18 mars 2019.
 

Non à l’école de la concurrence et de la sélection (Tract Front de gauche)

6) Communiqué intersyndical de l’Education

L’ampleur de la mobilisation contre les projets de textes concernant l’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation (appel à la grève, pétition qui a déjà recueilli 50 000 signatures, assemblées générales de personnels, motions de conseils d’administration de collèges et de lycées, motions de conseils d’écoles…) a contraint le ministre de l’Education Nationale à revenir sur la suppression de toutes les promotions entre 2012 et 2015. Il renonce aussi à présenter ce texte dès décembre au CTM. Il tente de désamorcer la mobilisation des personnels de l’éducation en proposant un simulacre de négociations sur ces textes.

Il affirme aujourd’hui que ces textes ne sont pas définitifs et sont ouverts à la discussion. Mais dans le même temps il confirme qu’il n’entend pas revenir sur les principaux points de désaccord :

* le rôle majeur du supérieur hiérarchique : IEN dans le premier degré et positionnement du chef d’établissement comme seul évaluateur dans le second degré,

* le contenu de l’évaluation : elle ne porterait plus principalement sur l’activité en classe avec les élèves,

* l’évolution des carrières : déroulement ralenti, sans transparence renforçant inégalités et injustices.

Les organisations CGT Educ’action, FNECFP FO, FSU, SE-UNSA, SNALC-CSEN, SNCLFAEN, SNEP-FSU, SNES-FSU, SNETAA-FO, SNFOLC, SIES-FAEN, SNUDI-FO, SNUEPFSU, SNUipp-FSU, SUD Education, UNSA considèrent que les annonces ministérielles ne répondent pas à leurs attentes, et confirment leur demande de retrait du projet de décret et d’arrêté.

Elles appellent à signer et à faire massivement signer la pétition nationale pour le retrait du projet (http://retraitduprojetevaluation.net). Elles maintiennent leur appel à la grève le 15 décembre et elles appellent les personnels à participer massivement à la mobilisation.

5) Pétition unitaire : NON A CETTE REFORME DE L’EVALUATION

Le Ministère vient de transmettre aux organisations syndicales le texte d’un projet de décret modifiant radicalement les modalités d’évaluation des enseignants, CPE et CO-Psy.

Ce projet est inacceptable.

Il est une attaque frontale contre les personnels, contre nos métiers et contre l’Ecole.
- Le chef d’établissement deviendrait le seul évaluateur de la "valeur professionnelle" des enseignants, CPE et Co-Psy.

- Le coeur de notre métier (l’enseignement d’une discipline, les activités pédagogiques) ne serait plus évalué.

- Les progressions de carrière seraient dans les seules mains du chef d’établissement.

- Jusqu’en 2015, toutes les promotions autres qu’à l’ancienneté seraient gelées.

Réunie à l’initiative du SNES, l’intersyndicale du Second degré exige le retrait de ce projet.

PETITION INTERSYNDICALE A SIGNER ET FAIRE SIGNER :

http://retraitduprojetevaluation.net/

Cette pétition est largement unitaire (CGT, SE-UNSA, SGEN-CFDT, SNALC-CSEN, SNCL-FAEN, SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU, SNUipp-FSU, FO-SNLC)

4) Professeurs. «   L’État tente d’imposer une logique de caporalisation  »

Coauteur de Manager ou servir (Syllepses, 2011), le sociologue Thomas Lamarche décrypte les dangers du « nouveau management public ».

Que pensez-vous du projet de confier l’évaluation aux chefs d’établissement  ?

Thomas Larmarche. Donner de la légitimité au chef d’établissement pourrait être une bonne idée 
s’il s’agissait d’améliorer la démocratie scolaire. Mais là le ministère cherche surtout 
à créer une nouvelle hiérarchie à sa botte. 
Ce dispositif s’inscrit totalement dans 
le « nouveau management public » (NMP) qui se met en place dans l’éducation nationale.

D’où vient ce nouveau management  ?

Thomas Larmarche. Initié par Margaret Thatcher, le concept a depuis été repris par l’OCDE et la stratégie de Lisbonne. L’idée centrale est d’adapter au service public 
les méthodes de management du privé. 
On ne pense plus l’État à partir 
de sa mission politique et éthique, mais 
à partir d’une logique de rationalisation 
et des seules techniques de gestion. Dans les faits, le NMP se caractérise par une profonde défiance à l’égard des personnels qui, 
pour les autorités, doivent faire l’objet 
d’un contrôle très étroit. On multiplie donc 
les dispositifs d’évaluation systématiques et l’on crée de nouvelles hiérarchies intermédiaires. Apparaissent des «  managers  » dont la fonction n’est pas d’être au contact 
des personnels et d’animer l’organisation mais de contrôler de manière rigide, procédurale, ceux qui sont devenus leurs subalternes. 
En clair, on impose une logique de caporalisation là où l’on travaillait ensemble dans une logique relevant de la confiance.

Comment cela se met-il en place 
dans l’éducation nationale  ?

Thomas Lamarche. Cette transformation se fait par la formation des cadres de l’éducation nationale, dont les chefs d’établissement. La nouvelle génération est moins liée 
à la profession et beaucoup plus formée aux techniques managériales. Ces cadres ont moins une mission d’ordre général 
et sont de plus en plus mobilisés pour imposer aux personnels une avalanche 
de règlements et de procédures strictement cadrées. L’évaluation individuelle, le livret de compétences ou encore les évaluations de CE1 et CM2 sont typiques 
de ces dispositifs. Au lieu d’éclairer l’enseignant sur la meilleure manière 
de faire évoluer chaque élève, 
on lui demande de le faire rentrer dans 
une norme uniforme et nationale.

Quel est l’impact sur les personnels  ?

Thomas Lamarche. Cette forte pression produit beaucoup de stress. Contrôlé sans cesse 
dans son action, l’enseignant finit 
par perdre confiance et se dévalorise. L’avalanche procédurale produit également de la distance entre les personnels, 
avec la hiérarchie et avec les familles. 
Les discussions sont toujours « intermédiées » par une norme. Au final, le NMP contrarie l’action des personnels et produit surtout de l’immobilisme. Le gouvernement parle beaucoup d’« autonomie » et de liberté 
des équipes enseignantes. C’est un leurre. La vraie liberté, c’est d’avoir des personnels compétents avec les moyens d’agir. Aujourd’hui, ils restent compétents 
mais sont enchaînés par les procédures. 
Ce qui va à l’inverse de la démocratie scolaire.

3) Les profs refusent la dérive managériale

Les syndicats appellent à manifester aujourd’hui contre le projet du gouvernement de faire évaluer les enseignants par les chefs d’établissement. Cette réforme conforte une vision « entrepreunariale » du système éducatif.

« C’est devenu passionnel, souligne Daniel Robin, cosecrétaire général du Snes. C’est le sujet sur lequel ils ont de fortes convictions sur ce qu’ils ne veulent pas. » C’est peu de le dire  : le projet de réforme de l’évaluation des enseignants a mis le feu dans les salles des profs. Révélé le 15 novembre, il a été aussitôt perçu comme une « déclaration de guerre » par le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, mais aussi par la plupart des grandes fédérations de l’éducation. Un mois plus tard, la tension n’est pas retombée.

Une large intersyndicale appelle aujourd’hui à une journée de grève et de manifestations. Quelque 80 rassemblements sont prévus dans toute la France (lire encadré). De son côté, la pétition demandant le retrait des textes a dépassé, hier, les 64 000 signatures électroniques. En début de semaine, quatorze associations de professeurs spécialistes (arts plastiques, histoire-géo, lettres, etc.) ont également publié un texte commun dénonçant ce projet dans lequel ils voient « le cheval de Troie d’une profonde dénaturation des missions d’enseignement ».

Les desseins du gouvernement menacent particulièrement les quelque 400 000 profs du secondaire. Jusqu’ici, leur évaluation était constituée d’une double notation  : administrative, sur 40 points, effectuée par le chef d’établissement, et pédagogique, sur 60 points, la plus importante pour la carrière, réalisé par l’inspecteur pédagogique régional (IPR), formé dans la discipline des collègues inspectés. L’idée du gouvernement est de confier désormais un rôle central au chef d’établissement. Il ferait, non pas une visite en classe, mais un entretien tous les trois ans avec chacun des enseignants et proposerait ensuite au recteur d’accélérer – ou non – le déroulement de carrière, et donc le salaire, en proposant des mois d’ancienneté supplémentaires.

Cette nouvelle mainmise des chefs d’établissement a de quoi heurter. « Ils n’ont pas les compétences pour apprécier les choix pédagogiques et didactiques des enseignants », martèlent les syndicats. Qui voient également, et surtout, dans ce projet une transformation de leur métier. « Cela signifie que ce qui se passe en classe n’est plus, aux yeux du ministre, la mission principale des enseignants, souligne le Snes. Il préfère les inciter à se concentrer sur la périphérie de nos métiers, certes importante, mais qui ne constitue pas le cœur de l’activité enseignante. »

« Une école conçue comme une entreprise »

Que jugera donc exactement le chef d’établissement  ? Les mots contenus dans les projets d’arrêté et de décret ne sont pas neutres. Ils parlent d’évaluation à la mesure « des résultats professionnels obtenus par l’agent ». En clair, il lui faudra trouver des outils pour « quantifier » quelque chose d’aussi subjectif que l’activité enseignante. « En fait, ce projet transforme la question de l’échec scolaire en problème de productivité et en disculpe commodément les politiques mises en œuvre ces dernières décennies, s’agacent les associations de professeurs spécialistes. Dans une école alors conçue comme une entreprise, où des “objectifs” sont “assignés” à “l’agent”, éduquer reviendrait à “produire” des résultats selon les mêmes exigences de rentabilité et en modelant les élèves sur la demande du marché du travail. »

Une vision dans la droite ligne du nouveau «  management  » que Luc Chatel et consorts tentent de mettre en place dans l’Éducation nationale (lire entretien). Depuis des mois, le ministre et l’UMP ont fait ainsi de « l’autonomie » des établissements scolaires la colonne vertébrale de leur projet politique pour l’école. Avec, au cœur de cette nouvelle organisation, le chef d’établissement, désigné par la droite comme devant être le « vrai patron » gérant sa petite « entreprise » scolaire, recrutant et évaluant « ses » profs plus que jamais soumis à sa bonne volonté.

« L’autonomie, dans la tête de la droite, ce n’est pas donner plus de liberté pédagogique, avertit le sociologue Choukri Ben Ayed, professeur à l’université de Limoges. Au contraire, pour le gouvernement, il s’agit de se désengager et de transférer la responsabilité de l’échec scolaire au niveau local. Le chef d’établissement apparaît alors comme l’un des maillons de cette conception managériale du système scolaire qui cherche à aligner les structures publiques sur le modèle privé et entrepreneurial. »

Laurent Mouloud, L’Humanité

2) Appel intersyndical à la grève des personnels enseignants d’éducation et d’orientation le 15 décembre !

Les sujets de désaccords et de mécontentements sont aujourd’hui très nombreux dans l’Education nationale : suppressions massives de postes, dégradation des conditions de scolarisation des élèves, conditions de travail de plus en plus difficiles pour l’ensemble des personnels… autant de mesures qui ne sont pas au service de la réussite de tous. Le gouvernement refuse de pratiquer un dialogue social digne de ce nom.

Dans ce contexte, le ministre de l’Éducation nationale veut imposer dès la rentrée 2012 une modification en profondeur des modalités d’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation. Les projets de textes, finalisés avant même toute concertation, prévoient :

• le gel des promotions autres qu’à l’ancienneté jusqu’en 2015 ;

• la progression de carrière aux seules mains du supérieur hiérarchique

Dans le même temps, dans le second degré, le chef d’établissement deviendrait l’unique évaluateur.

Parce que ces projets induisent des transformations de nos métiers que nous refusons, nous en demandons le retrait.

Les fédérations syndicales signataires condamnent ces projets que le ministère veut imposer dès la rentrée 2012. Il est désormais de la responsabilité du ministère de mettre un terme à ce conflit en retirant ce texte et en ouvrant de véritables négociations sur cette question.

Elles appellent les personnels enseignants, d’éducation et d’orientation (éducation nationale et enseignement agricole), à être massivement en grève le 15 décembre prochain pour exiger le retrait des projets de texte sur l’évaluation.

1) Soutien du Parti de Gauche

Décidément, la peur du peuple pousse ce gouvernement dans une fuite en avant éperdue. C’est maintenant la liberté pédagogique et le statut des enseignants qui sont dans le collimateur. Il est temps de comprendre que ce gouvernement a mis en œuvre une véritable machine de guerre contre le service public d’éducation !

Le 8 novembre dernier, l’UMP tenait en sa convention éducation et annonçait les principaux axes de son programme pour 2012 avec notamment « l’évaluation des enseignants par le chef d’établissement ». Il n’aura pas fallu une semaine pour que Luc Châtel présente le projet gouvernemental de réforme de la notation des enseignants qu’il souhaite boucler avant fin décembre.

Au menu ? L’autonomie des établissements, le recrutement et l’évaluation des enseignants par le chef d’établissement. Le projet gouvernemental n’est qu’un piètre copié-collé des mesures les plus déstructurantes pour le service public d’éducation que recèle le programme UMP.

Ce projet ne vise pas seulement à faire noter les professeurs par le seul chef d’établissement. Il importe dans l’éducation nationale les méthodes managériales du privé, renforçant la vision hiérarchique et brise les solidarités pédagogiques.

L’évolution des carrières se ferait donc désormais au mérite, selon l’appréciation du seul chef d’établissement, au détriment aussi de la liberté pédagogique et des élèves. Le projet d’arrêté engage l’Ecole dans la soumission aux groupes de pression locaux, dans la déstructuration et la dislocation des champs disciplinaires, et dans la soumission aux exigences de l’idéologie dominante.

Ce projet, déjà expérimenté pour partir dans les établissements ECLAIR (Ecoles, Collèges et Lycées pour l’ambition, l’initiative et la réussite), signifie la destruction pure et simple du statut de fonctionnaire des enseignants. Il prépare immédiatement l’étape suivante, qui sera la privatisation et la marchandisation de l’ensemble de l’enseignement public. Dans ce cadre, tout s’éclaire.

Pour le Parti de Gauche, les statuts de la Fonction publique sont au contraire les garants de l’intérêt général. Ce sont eux qui permettent aux agents d’être mis à l’abri des pressions de toutes sortes et leur permettent d’exercer au mieux leurs missions. Le Parti de Gauche condamne vigoureusement ce projet. Il sera aux côtés des personnels et de leurs syndicats pour exiger le retrait pur et simple du projet de décret et du projet d’arrêté.

Le 15 novembre

François COCQ, secrétaire national à l’éducation du Parti de Gauche


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