Jeanne d’Arc, canonisée le 16 mai 1920

vendredi 2 juin 2023.
 

Jeanne d’Arc, jugée par un tribunal de l’Eglise, meurt brûlée vive le 30 mai 1431. Elle est canonisée le 16 mai 1920 et fêtée comme sainte le 8 mai.

Nous avions déjà mis en ligne un article sur Jeanne d’Arc elle-même, sans traiter son utilisation idéologique ultérieure par l’Eglise :

Jeanne d’Arc, jeune, femme, passionnée et rebelle

Quatre siècles plus tard, Monseigneur Dupanloup, évêque d’Orléans, sent l’utilité pour l’Eglise catholique française de la faire canoniser. Royaliste clérical et nationaliste, éminemment engagé dans la défense des écoles confessionnelles, chef du parti religieux à l’Académie française, pourfendeur de Littré comme de Hugo, il aborde cette question dès 1855. Le 8 mai 1869, à l’occasion de l’anniversaire de la délivrance d’Orléans, il évoque à nouveau la sainteté de la Pucelle.

La défaite de 1870 donne une occasion extrêmement favorable pour cette valorisation d’une Sainte capable de relever la France de ses défaites. De plus, elle était lorraine, province que l’Allemagne a acquis par sa victoire. Le 18 avril 1909, Jeanne est béatifiée par Pie X ; en 1920, la voila canonisée sous le nom de Sainte Jeanne d’Arc.

La campagne de communication lancée par l’Eglise jusqu’en 1944 va utiliser Jeanne d’Arc plutôt que la valoriser. Dans les années 1950 et 1960, les catéchismes, les livres des bibliothèques paroissiales et municipales sont encore imprégnés d’une image de la jeune lorraine de Domrémy correspondant aux axes de campagne politique de l’extrême droite cléricale :

- royalisme

- nationalisme

- militarisme

- besoin d’un Sauveur envoyé par Dieu ; ce fut Jeanne d’Arc, ce sera Pétain

- valorisation des paysans

- dévalorisation de la sexualité et valorisation de la virginité

- coupure entre une religion pour le peuple incarnée par Jeanne à Domrémy (travail, humilité, piété, charité, respect de l’autorité et des hiérarchies) et une religion pour les élites incarnée par Jeanne après l’entrevue avec le dauphin en 1529 (aptitude au commandement, bonnes manières...)

Ci-dessous des extraits d’un livre édité à l’époque de la canonisation de Jeanne d’Arc et de son utilisation idéologique maximale par l’extrême droite cléricale et royaliste, entre 1918 et 1944. Il s’agit d’un texte de catéchisme pour les élèves de lycées publics : Leçons et récréations dédiées à la jeunesse (par le chanoine Vaylet, chevalier de la Légion d’honneur). Il symbolise bien les panégyriques catholiques de saintes, saints, papes, princes et rois rédigés comme un genre littéraire de fiction et non comme un travail historique.

A Domrémy au milieu des siens, ce n’est pas jeanne qui paraît devant nous : c’est Jeannette. La future libératrice de la France s’appelle ainsi au village.

C’est une brave jeune fille qui n’a pas d’histoire. Elle a tout à fait l’allure des jeunes paysannes de son âge et ne montre de prétention d’aucune sorte ; elle se distingue pourtant entre toutes par sa grande piété... Ce profond sentiment de religion en Jeannette, s’alliait à une vive charité pour le prochain... Nous savons que Jeanne était active. Mais quand la jeune fille avait accompli sa tâche, elle n’était pas ennemie d’une bonne récréation ; elle allait retrouver ses jeunes compagnes, notamment Mangette et Hauviette, ses préférées...

C’était une jeune fille bien douée et une admirable chrétienne ! Ces qualités la faisaient apprécier. Elle avait été demandée en mariage, quoiqu’elle eut à peine atteint sa dix-septième année. Elle répondit que Dieu la destinait à d’autres fins. Déjà depuis longtemps elle avait fait le voeu de virginité... Elle garda toujours son coeur robuste et sain de paysanne, l’amour de la vie simple et paisible, le goût des champs et de leurs travaux.

Jeanne d’Arc, la grande Française

Dans son rôle héroïque... la fille des champs a pris l’allure d’une princesse, uniquement occupée des affaires de la France. La première surprise qu’elle nous fait, c’est sa parfaite éducation ; ses idées, son langage, ses manières sont d’une noble dame. A la cour du roi, elle se meut comme dans son milieu. Elle n’avait pas été bercée pourtant sur les genoux d’une duchesse ; mais elle avait pour maître le chef des Archanges...

A Chinon, Jeanne est introduite à la cour... elle va droit au dauphin confondu dans la foule Je suis envoyée par le roi du ciel ; j’ai nom Jeanne la Pucelle... Je ferai lever le siège d’Orléans puis je vous conduirai à Reims pour votre sacre royal. Vous serez lieutenant du roi des cieux qui est roi de France.

Au cours de la première entrevue avec le Dauphin, Jeanne fut soumise à une délicate épreuve. Les courtisans, qui ne furent jamais ses amis, firent amener un cheval fringant et dirent à la Pucelle "- Puisque vous venez faire la guerre, il vous faut un cheval, allons ! Mettez-vous en selle." Ils comptaient bien la décontenancer ; mais Jeanne saute sur le coursier avec la légèreté d’un oiseau, saisit les rênes d’une main ferme et gouverne l’animal avec une telle maîtrise que la cour applaudit... Or, Jeanne n’avait jamais monté à cheval avant son départ pour la France...

Sa mission divine élève la bonne Lorraine au niveau des rois et des princes, des généraux, des évêques et des docteurs.

Jeanne d’Arc la voyante, faiseuse de miracles

Quand elle est sur son terrain, c’est à dire dans tout ce qui touche à sa mission, Jeanne n’a rien à envier aux prophètes, les voyants de l’ancienne loi... bataille de Rouvray... épée de sainte Catherine de Clairbois...

Un jour on l’entraîna auprès d’un pauvre enfant mort sans baptême pour demander à Dieu qu’il put être baptisé. Jeanne consentit à prier avec les personnes présentes et tout à coup l’enfant ouvrit les yeux, respira, il était vivant : on put le baptiser.

Jeanne chef de guerre

Jeanne a rempli tous les devoirs d’un chef de guerre et l’on sait avec quel éclat... Sans être du métier on se rend bien compte des rares et nombreuses qualités d’un général d’armée. Il faut mettre en première ligne l’AUTORITE ; parce que à la guerre tout se fait par voie de commandement. Relisez le portrait du chef de guerre accompli que trace Bossuet dans l’Oraison funèbre du grand Condé... Dans tous ces traits nous pouvons reconnaître Jeanne la guerrière. Elle relève les courages abattus par de longs revers ; elle communique son patriotisme et sa confiance en Dieu ; elle fond sur l’ennemi qui se sent perdu d’avance...

L’histoire a conservé les appels au ralliement de la douce guerrière... A Patay : "- Chevauchons hardiment ; les Anglais fussent-ils pendus aux nues, nous les aurons." De nos jours, nous avons entendu des appels aux troupes à peu près semblables. Les grands chefs de la grande guerre disaient aussi : Nous les aurons... Tous ces coeurs sont français.

La sainteté de Jeanne d’Arc

Sitographie :

http://www.stejeannedarc.net/

http://books.google.fr/books?id=uoR...


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