SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE SYRIEN ! ( PG – SECTEUR INTERNATIONAL) 5 articles

lundi 2 mai 2011.
 

Le 15 mars dernier, la vague de soulèvements populaires qui balaye l’ensemble du monde arabe a gagné la Syrie à son tour, en dépit de la peur suscitée par le régime. Face à celui-ci, comme ailleurs, les manifestants, souvent très jeunes, ont réclamé la fin de l’état d’urgence, une justice impartiale, une véritable démocratie et la fin de la corruption généralisée.

La violence d’Etat aveugle a immédiatement été la seule réponse du régime à ces demandes légitimes. A Deraa dans le sud, puis à Damas, Homs, Lattaquié etc…les forces de sécurité n’ont pas hésité à tirer à balles réelles sur les manifestants, puis sur les cortèges funèbres, lors de l’enterrement des victimes.

Aujourd’hui, selon des sources indépendantes et fiables, les morts se comptent par centaines, les blessés par milliers. C’est désormais l’armée appuyée par des tanks qui intervient pour écraser la contestation.

Solidaire des soulèvements des peuples arabes depuis leur déclenchement, le Parti de Gauche condamne totalement ce déchaînement de violence, et réclame son arrêt immédiat : Bachar el Assad ne peut bénéficier d’aucune indulgence pour les crimes qu’il commet contre son peuple. Les prétendus « complots » qui menaceraient son régime, ne sont que l’exigence de la démocratie, de la justice et la dignité qui anime le peuple de Syrie , comme tous les peuples de la région, face aux régimes despotiques qui les ont trop longtemps opprimés, avec la complicité agissante des oligarchies occidentales.

Le PG appelle les citoyens à soutenir les mobilisations organisées en France en soutien au peuple syrien.

Il a participé au rassemblement à Paris du 27 avril où s’est exprimée la porte-parole internationale du PG, Raquel Garrido.

Source :

http://www.lepartidegauche.fr/edito...

4) Le mauvais chemin de Damas

Le président syrien Bachar Al Assad commet les mêmes fautes que ses ex-homologues tunisien et égyptien. À l’expérience, pourtant, les événements qui ont emporté Ben Ali et Moubarak auraient dû être médités à Damas avec davantage de sagesse. Si le régime du parti Baas s’imagine trouver son salut dans une répression meurtrière, il court le risque de deux défaites  : soit être renversé par l’insurrection, soit, au cas où il parviendrait à se maintenir au prix de la terreur, se discréditer définitivement auprès de son propre peuple. Ce serait alors un pouvoir en sursis, un régime aux abois.

En fermant le pays aux journalistes étrangers, le gouvernement de Damas croit circonscrire et contrôler l’information. C’est encore un mauvais calcul. À l’heure où le moindre internaute, le plus modeste manifestant peuvent prendre des images furtives sur leur téléphone portable et les transmettre au monde entier, l’interdiction faite aux journalistes d’exercer leur mission laisse la voie libre à toutes les approximations.

L’histoire en cours
a déjà livré au moins
 un enseignement  : la peur
 peut faire reculer pendant
 un temps limité une
 jeunesse éprise de liberté.
 Une fois que cette étape
 est dépassée, le recours
 à la violence d’État 
ne peut que se retourner
contre ceux qui en usent et les oblige à en faire 
toujours davantage, accroissant leur isolement. On a évoqué la chute de Ben Ali et de Moubarak, on observera que le seul autocrate à parvenir à se maintenir en place malgré la rébellion populaire est Kadhafi. Faut-il y voir l’effet de l’intervention armée de l’Otan  ? La question vaut d’être posée.

La Syrie occupe dans le Proche-Orient une place
 importante et singulière avec, au nord, la Turquie 
et la proximité de l’Europe, à l’est, l’Iran et l’Irak, au sud,
Israël (qui occupe toujours le Golan syrien). On sait 
le rôle que Damas a joué dans la crise qui a secoué le
Liban, culminant avec la guerre civile des années 
quatre-vingt. Et comme le Liban, et dans des proportions
plus vastes, cette ancienne province de l’Empire ottoman
devenue « protectorat français » jusqu’en 1946 
et, depuis son indépendance, l’une des principales voix 
du nationalisme arabe, fédère de nombreuses communautés, ethniques (Arabes, Kurdes, Arméniens, Tcherkesses, Bédouins) et religieuses (musulmans
sunnites, chiites, alaouites et chrétiens de toutes les
églises). En restant sourd aux revendications en faveur 
de réformes démocratiques, le régime baasiste met en
danger la stabilité du pays. Or l’opposition démocratique
tient à cette stabilité et ses exigences ne sont pas teintes de ce coloris islamiste qui avait marqué les émeutes,réprimées dans le sang à Hama en 1982 par Hafez Al Assad.

Que demandent les opposants face aux chars et aux mitrailleuses  ? La déclaration commune signée par 102 intellectuels syriens réclame la liberté de la presse, les libertés politiques (droit de réunion, de manifestation, la fin de la corruption, la fin réelle de l’état d’urgence en vigueur depuis 1967), autant de demandes qu’un régime se réclamant officiellement d’une orientation socialiste inspirée de Nasser se devrait de garantir. Et si, à l’origine du mouvement, la demande du départ du président Al Assad n’était pas posée par les manifestants de Deraa, une escalade dans la répression pourrait rendre impossible tout compromis et déboucher sur une situation sans retour. La direction syrienne est au pied du mur.

En restant sourd aux revendications en faveur de réformes démocratiques, 
le régime baasiste met en danger 
la stabilité du pays.

Jean-Paul Piérot, L’Humanité

3) Le huis clos meurtrier du régime syrien de Al Assad

Vingt-cinq personnes auraient été tuées hier à Deraa, épicentre de la contestation, investi par près de 3 000 hommes appuyés par des blindés. D’autres villes ont été ciblées. Plus d’une centaine d’écrivains et journalistes condamnent la répression et appellent les intellectuels à se positionner.

Pas de pause dans la répression. Le régime syrien a décidé de reprendre en main la situation, quitte à faire de nouvelles victimes. Ainsi, après le vendredi sanglant, qui a fait près de 80 morts, les autorités syriennes ont lancé plusieurs opérations répressives dans plusieurs villes du pays. Deraa, 75 000 habitants, épicentre de la contestation au régime de Bachar Al Assad, a été investie tôt dans la matinée de lundi par 3 000 hommes appuyés par des blindés. « Des snipers ont pris position sur les toits et les chars sont dans le centre-ville », a déclaré un militant des droits de l’homme cité par l’AFP. « Au moins 25 martyrs sont tombés, tués par les tirs et le pilonnage à l’artillerie lourde », a affirmé Abdallah Abazid, autre militant des droits de l’homme cité par l’agence. Lequel a précisé que Deraa est soumise « à un pilonnage intensif à l’artillerie lourde et aux mitrailleuses ». Selon un autre défenseur des droits humains, Abdellah Al Hariri, ils « tirent dans toutes les directions et avancent derrière les blindés qui les protègent. L’électricité est coupée et les communications téléphoniques sont presque impossibles ». La frontière, toute proche, avec la Jordanie aurait été fermée. Pour rappel, vendredi, à la fin de la prière, 14 personnes au moins ont été tuées à Deraa et dans les localités toutes proches  : les manifestants scandaient des mots d’ordre exigeant la suppression de l’article 8 de la Constitution stipulant sur la suprématie du parti Bass au pouvoir.

« Une guerre barbare »

La ville de Naoua, à 25 km au nord de Deraa, est également dans le collimateur des forces syriennes  ! Douma, 15 km au nord de Damas, et Al-Mouadamiyeh dans la banlieue de la capitale syrienne, sont également depuis hier le théâtre d’interventions policières musclées.

La poursuite de ces protestations populaires prouve au moins une chose  : les mesures annoncées par le président Al Assad le 9 avril dernier n’ont pas ramené le calme. Pourtant, en plus de la loi sur la levée de l’état d’urgence, il avait annoncé l’abolition de la Haute Cour de sûreté de l’État, un projet de loi sur l’organisation de manifestations publiques, la préparation de projets de lois sur les partis, la liberté de la presse. Des concessions qui auraient été bien accueillies il y a de cela un mois à peine, si le chef de l’État syrien avait fait montre de volonté politique au lieu de céder à la tentation répressive. Les rares militants, qui témoignent quotidiennement, ne s’y sont pas trompés, accusant, à l’instar de Mme Souhair Al Atassi, le régime de Bachar Al Assad de mener « une guerre barbare destinée à annihiler les démocrates syriens ». Même constat pour le président de l’Observatoire syrien des droits de l’homme pour qui « il est clair que les autorités syriennes ont pris la décision d’une solution militaire et sécuritaire ». L’indignation est telle que 102 écrivains et journalistes syriens, présents dans le pays ou exilés, de diverses sensibilités politiques et religieuses, parmi lesquels l’ex-prisonnier politique Loay Hussein, les femmes écrivains Samar Yazbek et Hala Mohammad et le réalisateur Mohammad Ali Al Attassi, ont signé un texte appelant les intellectuels syriens « qui n’ont pas brisé la barrière de la peur à prendre une position claire ».

Le black-out des autorités

Une chose est sûre  : le black-out imposé par les autorités syriennes (les journalistes étrangers sont toujours interdits d’entrée en Syrie) fait qu’il est difficile de se rendre compte de la réalité de la situation sur le terrain. Il est, par exemple, impossible de vérifier les informations de l’agence officielle Sana faisant état de la présence de groupes armés qui tireraient à la fois sur les forces de sécurité et sur les manifestants. En plus des liaisons téléphoniques, qui sont coupées, le réseau Internet est souvent perturbé. En dépit de ces faits, les autorités syriennes ne parviennent pas à empêcher la diffusion de l’information et des images. Grâce aux puces libanaises, achetées au marché noir, de nombreux possesseurs de téléphones portables se branchent sur les réseaux libanais, diffusent ainsi des images vers l’étranger. Il en est de même d’Internet où les jeunes du réseau Facebook se connectent sur les serveurs libanais ou chypriotes pour communiquer et informer  !

En France, le PCF « a condamné la répression » du régime syrien et réaffirmé la « solidarité » des communistes français « avec l’ensemble des forces qui agissent pour les libertés, pour un État de droit et pour la justice sociale ».

Hassane Zerrouky, L’Humanité, 26 avril 2011

2) Syrie : "La pression internationale doit croître" (par Abdelhamid Al Atassi, opposant syrien)

Opposant vivant en France, Abdelhamid Al Atassi s’est rendu lundi devant l’ambassade syrienne à Paris pour mobiliser l’opinion publique contre un pouvoir autoritaire sans limites. Il est secrétaire pour la diaspora du conseil national issu de la déclaration de Damas, écrite en 2005. Les principaux dirigeants de cette organisation qui demandait un changement démocratique ont été incarcérés en 2007. D’autres ont été soumis à la clandestinité ou à l’exil.

Comment jugez-vous la situation actuelle en Syrie ?

Abdelhamid Al Atassi. Il est devenu très urgent d’intervenir pour arrêter le massacre de la population à Deraa. L’utilisation de tanks par le pouvoir risque d’aggraver un bilan déjà terrible, avec plus de 400 morts à la sixième semaine de mobilisation. Pour faire taire la population et imposer un silence général, le régime souhaite répéter le génocide qu’il a commis en 1982 en détruisant la ville de Hama (entre 15 000 et 30 000 personnes auraient été tuées et le tiers de la ville rasé – NDLR). À cette époque, la société internationale n’avait d’ailleurs pas réagi.

Qu’attendez-vous, justement, 
de la communauté internationale ?

Abdelhamid Al Atassi. Il faut mettre les instances internationales devant leurs responsabilités et appeler l’opinion publique à multiplier les pressions contre le régime syrien. Assad fait ce que l’on reproche de pire à Kadhafi, alors même qu’en Libye les opposants avaient pu riposter. En Syrie, nous sommes désarmés et nous n’avons même pas un sabre. La tyrannie, là-bas, n’a pas de pareille. En Égypte, en Tunisie, les opposants sont parvenus à se réunir et à manifester sur des places. Impossible pour les Syriens face à des services de sécurité omniprésents.

Al Assad a brandi le 30 mars la menace d’affrontements interconfessionnels. Et cette lecture de ce mouvement est reprise par certains observateurs...

Abdelhamid Al Atassi. Le mouvement de contestation n’est ni confessionnel ni islamique. C’est au contraire Bachar Al Assad qui joue sur cette division, en se fondant sur une minorité alaouite. Mais la majorité des Alouites sont des personnes pauvres. Et certains d’entre eux, comme Mahmoud Issa, viennent d’être emprisonnés. C’est un mouvement pacifique de toute une société et de jeunes qui réclament un retour à la démocratie. Il suffit de lire les revendications et les mots d’ordre sur les pancartes pour voir qu’ils ne demandent qu’à retrouver dignité, liberté et justice sociale.

Comment expliquez-vous que Bachar 
Al Assad continue dans cette fuite 
en avant sanguinaire ?

Abdelhamid Al Atassi. Le régime ne veut pas céder, espère toujours manœuvrer et continuer à faire taire la société. Après l’expérience démocratique dans les années quarante et soixante, les dignitaires ont imposé une dictature militaire, qui a profité du soutien des Soviétiques pendant la guerre froide. Avec Bachar Al Assad, cette dictature est devenue familiale, mais rien n’a changé. Ce régime est incorrigible. La seule solution, c’est qu’il y ait des fissures qui apparaissent à l’intérieur des dirigeants au pouvoir grâce, je le répète, à un redoublement de la pression internationale.

Entretien réalisé par Pierre Duquesne

1) Damas. Un pouvoir aux mains d’une minorité

Les Alaouites qui détiennent la réalité du pouvoir instrumentalisent la crainte d’une dérive à l’irakienne pour rester aux commandes.

Les protestations populaires, auxquelles est confronté le pouvoir syrien depuis le 15 mars, ont gagné pour la première fois la ville de Damas. Pour l’heure, elles se produisent dans les régions à majorité arabe sunnite et au Kurdistan syrien, plus précisément à Kachimlié, dans le Nord, où Arabes et Kurdes ont manifesté ensemble après la grande prière de vendredi. Dans ce pays fragmenté, les montagnes alaouites et druzes, les communautés chiites et chrétiennes sont restées dans leur majorité à l’écart de la contestation, et ce même si des personnalités qui en sont issues, comme Michel Kilo, Loay Hussein, sont résolument dans le combat contre la dictature du Baas syrien. Pour l’heure, cette diversité confessionnelle mais aussi ethnique (en plus des Kurdes, il existe des petites communautés d’Arméniens et de Tcherkesses turcophones) joue au profit du régime de Bachar Al Assad. Le 28 mars, sa porte-parole, Mme Bousseina Chaabane, n’a pas hésité d’ailleurs à accuser les « extrémistes sunnites » de chercher à « susciter des dissensions confessionnelles dans le pays afin de venir à bout du modèle unique de coexistence en Syrie ». En fait de « modèle unique », le panarabisme du Baas s’est surtout distingué par une négation autoritaire de l’identité plurielle syrienne. En refusant d’accorder des pièces d’identité aux Kurdes, en affirmant qu’il n’existe ni musulmans, ni chrétiens, ni sunnites, ni Alaouites, mais uniquement des Arabes, le laïcisme panarabiste autoritaire du Baas n’est pas étranger à la résurgence des identités religieuses. En outre, cette volonté de gommer la diversité confessionnelle est contredite par le fait que le pouvoir politique et militaire est pratiquement détenu par les seuls Alaouites.

Certes, les protestations contre le régime se font au nom de l’unité nationale. Mais hormis Kachimlié, ailleurs tout permet de penser que cette unité ne dépasse pas le cercle des intellectuels et démocrates opposés au régime. Si les communautés non sunnites tardent à rallier l’opposition au régime, c’est parce qu’elles développent une méfiance, instrumentalisée par le régime, à l’égard des sunnites majoritaires (plus de 60 % de la population), et craignent un chaos épouvantable à l’irakienne, pouvant se traduire par de sanglants affrontements intercommunautaires et par l’implosion de la Syrie en tant que pays. C’est pourquoi même la bourgeoisie sunnite de Damas et d’Alep hésite à rallier le camp des opposants résolus au régime. Dans ces conditions, seul un compromis acceptable par toutes les parties peut mettre fin à la crise que traverse le pays.

H. Z, 26 avril 2011


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