Le Congrès du Parti communiste de Cuba veut "actualiser le système" mis en place dans l’île

mardi 19 avril 2011.
 

2) Avec la petite entreprise, Raul Castro veut stopper la crise (Article de L’Humanité

Le Parti communiste de Cuba (PCC) tient, de samedi à mardi, son premier congrès depuis quatorze ans. Un moment crucial pour l’île, qui est engagée dans de profonds changements économiques et sociaux. En décembre dernier, le président Raul Castro avait lancé ce vaste chantier et insisté sur « la nécessité et l’urgence » des mesures à prendre pour dépoussiérer le modèle socialiste cubain afin d’aller de l’avant. Pour procéder à cette « actualisation » d’un système où, selon lui, gratuité était confondue avec subvention et égalité avec égalitarisme, le 6e Congrès du PCC, parti unique à Cuba, devrait adopter une série de réformes capables de « vaincre les difficultés ».

Stimulation du secteur privé

Le projet de texte d’orientation – « Les grandes lignes de la politique économique et sociale » –, rendu public par le Parti, discuté par sept millions de Cubains dans les assemblées locales et dans les cellules à travers tout le pays, donne une idée des évolutions susceptibles de propulser une société cubaine asphyxiée par la crise et entravée par le blocus. La planification de l’économie reste centrale et, en même temps, une autonomie plus grande est accordée aux entreprises avec comme leitmotiv la productivité et la rentabilité  : stimulation du secteur privé, ouverture aux capitaux privés, rentabilité et autofinancement des entreprises d’État, création d’un tissu de coopératives, décentralisation, réduction des subventions, mise en place d’un système fiscal et salaires en rapport avec la production.

Certains bouleversements ont déjà commencé. Et pas des moindres. Le plus lourd est la suppression de 500 000 emplois, 1 million d’ici à 2015 (sur un total d’environ 5 millions) dans les secteurs relevant de l’État. Pour répondre à une augmentation prévisible du chômage, les Cubains qui perdent leur travail sont incités à se mettre à leur compte et à devenir ainsi travailleurs indépendants, ou à rejoindre des coopératives agricoles (40% des terres cultivables sont en friche). Il s’agit aussi de substituer une partie des importations par la production locale et de résorber le déficit de la balance extérieure. Enfin, l’État continuera d’être le garant des acquis sociaux, distinctifs du système socialiste cubain  : l’éducation et la santé demeureront gratuites.

Lors des débats, de multiples doléances sont remontées de la base, qui s’inquiète de la disparition progressive de la « libreta » (le carnet de rationnement assurant les produits de base à prix subventionnés), le faible niveau des salaires (15 à 20 euros mensuels), la coexistence d’une double monnaie, le peso et le CUC, créant une société à deux vitesses, la crise du logement, surtout à La Havane, et, s’agissant des jeunes, l’inadéquation de leur formation à l’offre de travail.

Renouvellement des cadres

Raul Castro avait dit en décembre que le congrès serait par « loi vitale » le dernier pour bon nombre de ceux qui constituent « la génération historique » appelés à passer la main. Le rassemblement de ce millier de délégués qui éliront la centaine de membres du comité central, qui désigneront ensuite le bureau politique et son secrétariat, sera l’occasion d’un renouvellement des cadres et des générations. Il leur sera demandé d’être des combattants de l’économie plus que d’être habillés en vert olive.

Bernard Duraud


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