Catastrophe nucléaire de Fukushima : Privatisation, rentabilité maximum et plutonium...

mercredi 18 novembre 2020.
 

Privatiser et sécuriser ce sont des verbes qui se conjuguent très mal ensemble.

Une fois de plus, le webzine Médiapart perce le mur du silence des médias français sur une affaire sensible touchant à des intérêts industriels et financiers puissants. La société privée qui construit et gère les centrales nucléaires japonaises est mise en cause dans l’article ci-dessous

Concernant les économies budgétaires réalisées au détriment de la sécurité nucléaire,cet article est à mettre en relation avec un processus particulièrement contestable dans notre pays : la privatisation progressive des entreprises nationales construisant, exploitant, gérant l’électricité nucléaire et notamment le recours à des sociétés privées pour la maintenance des centrales.

La chaîne de télévision Arte a diffusé un excellent reportage intitulé : RAS nucléaire, rien à signaler. La présentation de Arte était : "Des ouvriers du nucléaire sortent de l’ombre pour dresser un tableau inquiétant de leurs conditions de travail et de sécurité. Une enquête exemplaire." (Voir : http://www.arte.tv/fr/semaine/244,b... ) .

On peut consulter les vidéos à : http://www.dailymotion.com/playlist...

On trouve une présentation du documentaire par son auteur, avec quelques extraits marquants à : http://television.telerama.fr/telev... .

La puissance exceptionnelle de ce documentaire tient au fait que les personnes interviewées ne sont pas, pour la nième fois des écologistes antinucléaires, des bureaucrates loin du terrain mais des ouvriers et des techniciens travaillant dans les centrales et vivant donc du nucléaire.

On ne peut donc les accuser de ne pas savoir concrètement de quoi ils parlent ou d’avoir un préjugé défavorable pour le nucléaire. On comprend qu’un tel film ait été diffusé sur une chaîne ne dépassant pas 2 % d’audience et à des heures creuses car elle est susceptible d’ébranler la confiance quasi aveugle des pro-nucléaires envers ce mode de production énergétique et remet aussi en cause la foi quasi religieuse des libéraux envers les bienfaits de la privatisation.

Sans vouloir faire ici une récupération politique de bas étage, ce documentaire et les événements qui se déroulent au Japon en cette fin d’hiver 2010 - 2011, soulignent avec éclat, si j’ose dire, le bien-fondé de la ligne politique du parti de gauche concernant le nucléaire : nécessité absolue pour des raisons de sécurité de garder le nucléaire dans le secteur public avec plus de transparence et de démocratie et d’autre part, de prendre toutes les mesures économiques et politiques pour en sortir le plus rapidement possible en exploitant d’autres ressources énergétiques alternatives : solaire, géothermie, éolien, etc, couplées à des stratégies d’économie d’énergie.

Voici donc l’article publié par Médiapart

Japon : la catastrophe nucléaire avait été prévue

Source : http://www.mediapart.fr/article/off...

15 Mars 2011. Par Michel de Pracontal

« A moins que des mesures radicales ne soient prises pour réduire la vulnérabilité des centrales aux tremblements de terre, le Japon pourrait vivre une vraie catastrophe nucléaire dans un futur proche. » Cet avertissement est tiré d’un article paru le 11 août 2007 dans le quotidien International Herald Tribune/Asahi Shimbun (l’article est à lire ici http://www.japanfocus.org/-Ishibash... ). Son auteur est le sismologue Ishibashi Katsuhiko, professeur à l’université de Kobe (sa biographie est à lire ici http://www.planet.sci.kobe-u.ac.jp/... ).

Ishibashi Katsuhiko faisait partie du comité d’experts chargé d’établir les normes sismiques des centrales nucléaires japonaises. Il en avait démissionné pour protester contre la position du comité. Il estimait que les recommandations fixées par le comité étaient beaucoup trop laxistes.

En d’autres termes, le professeur Katsuhiko avait prévu ce qui est en train de se produire à la centrale de Fukushima.

Il avait prévenu les autorités de son pays que les centrales japonaises souffraient d’une « vulnérabilité fondamentale » aux séismes. Mais ses avertissements ont été ignorés tant par le gouvernement que par Tepco (Tokyo Electric Power Company), premier producteur privé mondial d’électricité, qui exploite un tiers des centrales nucléaires japonaises, dont celle de Fukushima.

Katsuhiko a lancé son alerte en 2006, année où les normes de sécurité anti-sismiques japonaises ont été renforcées. Selon le sismologue, ce renforcement était encore très insuffisant. Les faits lui ont donné raison dès l’année suivante. Le 16 juillet 2007, un séisme de magnitude 6,8 a provoqué des incidents sérieux à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, la plus importante unité de production d’électricité nucléaire au monde. Cette centrale se trouve sur l’île de Honshu, la principale île du Japon, comme presque toutes les centrales nucléaires japonaises, qui encerclent les trois plus grandes villes du pays, Tokyo, Nagoya et Osaka.

Avant le séisme de juillet 2007, un autre s’était produit en août 2005, affectant la centrale d’Onagawa, au nord de Fukushima ; encore un autre en mars 2007, dont l’épicentre était à 16 kilomètres de la centrale de Shika. Et cela s’est répété l’année suivante, avec une secousse de magnitude 6,8 à l’est de Honshu, près d’Onagawa et de Fukushima. Même s’il n’y a pas eu de dégâts importants, Tepco a signalé alors trois fuites de liquide radioactif à Fukushima Daini.

Ainsi, l’accident qui vient de se produire à Fukushima ne peut être considéré comme une véritable surprise, même s’il a pris de court les opérateurs de la centrale comme les autorités. Cet accident est la reproduction, en beaucoup plus grave, d’événements qui se sont répétés au moins depuis 2005. Ishibashi Katsuhiko avait analysé le risque, expliquant que, dans les différents cas, « le mouvement sismique à la surface du sol causé par le tremblement de terre était plus important que le maximum prévu dans la conception de la centrale ». Lors du séisme qui a affecté la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, le pic d’accélération sismique était plus du double de la valeur que la centrale était censée supporter. « Ce qui s’est passé à Kashiwara-Kariwa ne devrait pas être qualifié d’inattendu », écrivait le sismologue.

Voilà : fin de l’article de Médiapart.

Hervé Debonrivage

Catastrophe nucléaire au Japon : capitalistes et gouvernement japonais ont une grave responsabilité dans ce qui est un véritable crime contre l’humanité


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