Davos : la Bastille est à prendre

jeudi 30 janvier 2020.
 

Obscène étalage d’arrogante richesse. 2153 milliardaires possèdent autant de richesses que 4,6 milliards d’êtres humains. Une bonne partie de ces gavés d’argent se retrouve cette semaine en Suisse, à Davos. Ce « forum économique mondial » est un lieu de réunion privilégié de l’oligarchie mondiale. Patrons, actionnaires, dirigeants du capitalisme financier globalisé y devisent sur l’avenir du monde. BlackRock y sera par exemple représenté. C’est le plus grand fond de pension du monde qui applaudit en France les initiatives de Macron pour développer les retraites par capitalisation. Le but de tout ce petit monde est, selon le site internet du forum « de façonner les programmes mondiaux en matière économique ». C’est-à-dire un rôle qui est normalement dévolu, dans le cadre des principes démocratiques et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, par les États-nations, leurs gouvernements et les institutions internationales qui les réunissent comme l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Mais les lieux comme le Forum de Davos sont créés pour contourner les peuples au plan international comme les activités de lobbying au niveau de chaque État. Il est donc logique que les politiques qu’il contribue à « façonner » aillent toujours dans le sens de la concentration des richesses dans les mains d’un petit nombre. Par exemple, la discussion que le ministre de l’Économie français, Bruno Le Maire va avoir avec son homologue des États-Unis en Suisse aura pour conséquence que la France va renoncer à sa taxe sur les géants du numérique. De seulement 3% du chiffre d’affaire, cette taxe, ne compensait qu’une très faible partie de l’argent volé à notre État par ces entreprises à travers l’évasion fiscale. Mais c’était encore trop pour les propriétaires américains de Google, Facebook, Microsoft, Amazon ou Apple. Pour l’occasion, ils ont été bien contents de trouver Trump pour faire pression sur Macron afin qu’il renonce à cette idée. C’est donc chose faite. Merci Davos !

Cette fois, Emmanuel Macron ne se rend pas en personne au Forum. Il avait fait forte impression en 2018 lorsqu’il avait déclaré devant un parterre de patrons « France is back ! ». La traduction était : « je mets le modèle social des Français en vente : venez vous servir ! ». Tellement soucieux de plaire à ce petit monde, le président français a créé son propre mini-forum de Davos. Cela s’appelle « Choose France » est ça s’est passé lundi au Château de Versailles. 200 grands patrons étaient conviés. Et pour eux, la fête est belle depuis l’élection de Macron : suppression de l’ISF, baisse de l’impôt sur les revenus du capital, baisse de l’impôt sur les sociétés, suppression de cotisations sociales, privatisations, destruction du régime de retraites par répartition. Et ce n’est pas fini : Macron leur promet désormais un « pacte productif » c’est-à-dire une nouvelle baisse d’impôts de 15 milliards d’euros. Cette fois, ce sont les impôts locaux qui vont disparaitre. Et donc les services publics des communes, des départements et des régions qui vont trinquer.

Avec Macron, la France est le bon élève de Davos. Le résultat, le rapport d’Oxfam nous le présente par l’absurde dans une petite histoire. Si un Français était né le jour de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 et qu’il était encore en vie et s’il avait pu économiser 8000 euros chaque jour depuis lors, sa fortune actuelle n’atteindrait que 1% de celle de Bernard Arnault. La prise de la Bastille n’aura pas été inutile cependant. La citadelle est donc à reprendre. On sait qui peut le faire : le peuple. On sait quel monarque détrôner : l’argent-roi.


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