Des inspecteurs d’académie imposent aux enseignants une " période de réserve" pendant les cantonales

mardi 8 mars 2011.
 

Le Parti de Gauche juge avec consternation le fait que plusieurs inspecteurs d’académie aient pris leur plume pour imposer aux enseignants, à l’occasion de ces élections cantonales, une « période de réserve durant laquelle il convient de s’abstenir de participer à des manifestations publiques ».

Cette mesure fera date tant par le mépris qu’elle affiche à l’égard des enseignants que par sa volonté de museler le débat public. Incapable de convaincre les français sur sa politique de casse du service public, le gouvernement recourt à l’argument d’autorité, la force et la censure.

C’est un détournement éhonté de la définition du devoir de réserve ! Si celui-ci s’applique légitimement à l’exercice de leur fonction, les enseignants demeurent des citoyens dont le métier s’inscrit résolument dans la défense de l’intérêt général !

Chercher à bâillonner les fonctionnaires en les empêchant de prendre la parole lors de réunions publiques, criminaliser leurs actions militantes est une atteinte inacceptable à la liberté d’expression !

Alors que des dictatures sont en train de disparaître dans plusieurs pays du Maghreb et que la liberté d’expression et la demande de débat public s’y fait jour, la situation inverse s’installe progressivement et de façon insidieuse chez nous.

Le Parti de Gauche dénonce ces tentatives de mise sous l’éteignoir des enseignants et plus largement de l’ensemble des agents de la fonction publique. Nous appelons au contraire l’ensemble des enseignants à venir débattre dans le cadre des assemblées citoyennes du Front de Gauche et dans les forums du programme partagé du Front de Gauche pour promouvoir une Ecole de l’émancipation et de la réussite pour toutes et tous. Nous les invitons à continuer, à travers leur combat, à défendre le service public et les principes républicains de notre pays.

Source : http://www.lepartidegauche.fr/edito...

2) Les profs privés d’élections  ?

Une circulaire volontairement ambiguë exige des personnels de l’éducation nationale qu’ils s’abstiennent de « participer à des manifestations publiques » d’ici aux cantonales.

Ils s’en frottent encore les yeux. Alors que se profilent les élections cantonales, bon nombre de personnels de l’éducation nationale ont eu la surprise de recevoir un courrier de leur inspecteur d’académie leur demandant de « s’abstenir de participer à des manifestations publiques » du 7 au 27 mars inclus, au titre de la « période de réserve électorale ».

Mieux  : le courrier précise que dès le 14 février ils doivent « apprécier, au cas par cas, l’opportunité de (leur) présence lors de manifestations susceptibles de présenter un caractère préélectoral, soit par les discussions qui pourraient s’y engager, soit en raison de la personnalité des organisateurs ou de leurs invités », et de « soumettre à l’arbitrage » de l’inspecteur d’académie toute situation « appelant une interrogation ». Rien que ça.

Cette circulaire, expédiée courant février, a suscité pas mal d’émotion dans la profession, apparemment sommée de mettre en sourdine sa liberté d’opinion. Le 1er mars, André Chassaigne, candidat à la candidature du Front de gauche, a interpellé Luc Chatel. « Non seulement cette injonction est en contradiction avec l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, a rappelé le député (PCF) du Puy-de-Dôme, mais elle remet également en cause l’article 6 de la loi Le Pors de 1983, qui garantit aux fonctionnaires la liberté d’opinion. »

Sur le fond, cette « période de réserve électorale », dont la durée est fixée par le préfet, n’a rien de nouveau. Inscrite ni dans la loi ni dans le statut des fonctionnaires, il s’agit, selon les explications officielles, d’un « usage » observé par l’administration à chaque élection afin de garantir la neutralité de l’État et de s’assurer qu’aucun fonctionnaire n’utilisera sa fonction à des fins partisanes. En clair  : si un enseignant est convié en tant que tel à une réunion publique sur l’école, il se doit de décliner l’invitation durant cette période. En revanche, rien ne lui interdit, en tant que citoyen, de se rendre à une réunion publique, voire de se présenter aux élections.

Bizarrement, le courrier incriminé est loin d’être aussi précis. Rédigé de manière très floue (on ne sait même pas si cette « réserve » s’applique au fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et/ou en dehors), le texte ne peut que laisser entendre à l’enseignant que la moindre expression publique lui est interdite. À l’heure des suppressions de postes à répétition, c’est peut-être plus prudent pour le gouvernement…

Laurent Mouloud, L’Humanité


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