Goldman Sachs et autres barons-voleurs ou comment la voyoucratie financière contrôle le pouvoir

dimanche 9 mai 2010.
 

Pendant qu’on amuse la galerie avec des histoires de burqa et de niqab – qui prouvent, une fois de plus, que les intégristes islamistes sont des pantins qui font exactement le jeu pour lequel la classe dominante les paie – les choses sérieuses intéressent nettement moins la gent journalistique.

Les choses sérieuses, c’est d’abord la commission d’enquête du congrès américain sur les activités de Goldman Sachs, vénérable et richissime institution financière, qui place des « produits à risque » d’un côté et conseille à d’autres clients de spéculer contre ces produits … placés par Goldman Sachs qui ramasse la mise des deux côtés et peut engraisser l’armée de parasites, chairman et traders, qu’emploie cette association de malfaiteurs. Évidemment Goldman Sachs n’est pas absolument pas une exception. C’est la règle. Les banques françaises – on l’a vu – ne sont pas plus vertueuses. Elles ne doivent leur tranquillité qu’à la protection toute particulière dont elles jouissent en vertu des pratiques fort anciennes du capitalisme d’État à la française, qui fait passer les hauts fonctionnaires censés contrôler les banques à direction desdites banques et vice-versa.

Il faut noter le rôle très spécial que jouent les agences de notation, sociétés très officielles d’escrocs et de gangsters, qui jouissent de la protection de tout l’establishment et notamment de ces gouvernements qui passent à la caisse quand la Standard & Poor’s et autres Al Capone sans mitraillettes passent à l’attaque.

Car toutes ces canailles sont tout de même d’un tout autre calibre que les gangsters traditionnels. Ceux-ci attaquaient la banque, dévalisaient le train postal, organisaient le racket des commerçants d’un quartier de Chicago ou Marseille, mais ils prenaient des risques et pouvaient finir en prison ou trouver dans la mort dans quelque règlement de comptes comme le fameux massacre de la Saint-Valentin. Les barons voleurs financiers ne prennent pas de tels risques et, pourtant, ils s’attaquent à des cibles autrement prestigieuses et imposantes. Comme Fantomas, le célèbre et néanmoins imaginaire génie du crime, c’est aux États qu’ils s’en prennent. Et ils font cela en toute quiétude, car ils ont dans la place tous les complices nécessaires, complices irréprochables et auréolés des vertus du suffrage universel.

J’ai toujours pensé que « Le Parrain », grand film en trois parties de Francis Ford Coppola, est un des meilleurs films politiques jamais tournés. Le hold-up planétaire organisé par les institutions financières vérifie tout ce que laisse devenir le troisième épisode du « Parrain ». La mafia est l’avenir du capitalisme, mais c’est une mafia BCBG, sortie des meilleures écoles de « business ». Ses tueurs ne sont pas des immigrés miséreux embauchés pour se faire trouer la peau. Ce sont des jeunes gens bien sous tous rapports, drogués à l’idéologie qu’on enseigne dans toutes les « high schools » du monde entier, et qui ne se salissent jamais les mains. Leurs manoeuvres ruinent et tuent des dizaines de milliers d’ouvriers, mais ils ont la conscience tranquille. Ce sont des spécialistes du crime de bureau nouvelle manière.

Pour Marx, le capitalisme deviendrait nécessairement un système purement parasitaire et c’est ce qui, selon lui, rendrait son renversement infiniment plus aisé que celui des modes de production antérieurs. La première partie de la prédiction de Marx est avérée, mais pour la deuxième, c’est une autre paire de manches : Marx n’avait sans doute pas imaginé à quel point la corruption de la machine politique bureaucratique s’étendrait, menaçant d’étouffer la société tout entière.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message