SARKOLEON et la 5ème république sur la sellette

dimanche 4 avril 2010.
 

Et si le taux d’abstention aux deux tours des élections régionales constituait un nouvel indice de l’inadéquation entre les institutions de la Vème République et une véritable expression démocratique ? Au terme de deux ans et demi de vaine agitation, l’hyper ou omniprésident a déçu ses électeurs. Et conforté les autres dans la certitude que Sarkozy n’a jamais été le président du pouvoir d’achat et de l’emploi, mais celui des grands groupes financiers qui, en 2007, l’ont porté sur le pavois et fêté au Fouquet’s.

Or que se passe-t-il en France lorsque le sommet de l’Etat tombe en disgrâce populaire ? Rien, au risque de démoraliser le corps civique, de le détourner des urnes et de l’action politique. Nous avons maintes fois dénoncé dans ces colonnes les institutions bonapartistes imposées par de Gaulle en 1958 dans un contexte qui n’a plus cours aujourd’hui (instabilité de la IVème République, guerre d’Algérie, crise du franc). Et si le rôle octroyé par la constitution au chef de l’Etat était à la mesure du fondateur de la Vème, il ne sied définitivement pas à Napoléon le tout-petit - comme aurait pu écrire le père Hugo. Redonner à l’Assemblée Nationale le pouvoir de désigner et de contrôler le gouvernement devrait figurer parmi les priorités d’un programme de gauche. Non que nous soyons des nostalgiques de la IVème, ni que nous pensions qu’il suffit d’instaurer le parlementarisme pour réconcilier la grande masse des Français avec la politique. Refonder la République implique de mettre en oeuvre de nouvelles pratiques démocratiques, d’instaurer une participation citoyenne qui associerait le peuple à toutes les grandes décisions le concernant. En attendant, nous ne nous priverons pas du plaisir d’approuver François Léotard, aujourd’hui retiré de la politique active, qui a récemment qualifié Sarkozy de despote dans l’émission télé de Frédéric Taddeï et appelé de ses voeux l’avènement d’une démocratie parlementaire. Que n’y a-t-il pensé lorsqu’il était à la tête de l’UDF !

Désavoué par les électeurs, Sarkozy voit son autorité ouvertement contestée à l’intérieur de la majorité parlementaire. Certains n’hésitent pas à évoquer une éventuelle candidature de François Fillon à l’élection présidentielle de 2012. De son côté, Villepin profite de l’affaiblissement du chef de l’Etat pour lancer son mouvement et poser en recours d’une droite désemparée par la débâcle des régionales. Le bonapartisme, pour qu’il « fonctionne », suppose que l’homme providentiel garantisse l’unité de son camp et l’hégémonie de ce camp sur la société. Mais il « dysfonctionne » lorsque les querelles internes prennent le dessus et que soufflent des vents de défaite. Ce n’est pas le mini remaniement ministériel ou le renvoi aux calendes de la taxe carbone qui suffiront à calmer l’inquiétude de ces messieurs de l’UMP. La discorde s’est installée durablement à droite : à la gauche et au mouvement social d’en profiter.

Car la prochaine bataille approche. Patronat et gouvernement veulent s’en prendre, une fois de plus, au droit à la retraite. Pour le moment, nous assistons au pilonnage médiatique qui consiste à « prouver » que la « réforme » - lisez : la prolongation de la durée de cotisation – est inévitable. Or l’argent nécessaire à la consolidation des organismes sociaux (caisses de retraite, Sécurité Sociale) existe : non seulement dans les bénéfices des sociétés du CAC 40 (voir ci-contre) mais encore dans les niches fiscales dénoncées par le dernier rapport annuel de la Cour des Comptes, et dont le manque à gagner pour l’Etat s’élève à 146 milliards d’euros !

La bataille qui vient aura valeur de test. Même si les « conciliateurs » ne manqueront pas, à gauche et dans le mouvement syndical, il est possible de susciter une puissante mobilisation pour empêcher ce nouveau coup bas porté aux acquis sociaux. Léotard a décidément raison : le despotisme en France, ça finit toujours mal…


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