SNCF RATP : Le train du libéralisme… (par Pascale Le Néouannic, PG, tête de liste FG en Hauts de Seine)

samedi 4 avril 2015.
 

Les transports sont en étroite relation avec le droit à la mobilité, la santé, l’environnement, l’aménagement du territoire, l’urbanisme et les modes de vie. C’est donc un atout politique majeur. Comment aménager pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales et participer à la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

La droite prétend répondre à ces questions en imposant la concurrence supposée assurer la sortie de crise en alignant les services publics sur le modèle de l’entreprise. Or, nous savons depuis la libéralisation des transports de marchandises imposées par l’Union Européenne le désastre qu’elle a produit tant socialement qu’environnementalement. Le trafic routier a doublé en volume quand le trafic ferroviaire diminuait de 20 % (en 1988 161,1 milliards de tonnes/km pour le routier et 52,9 tonnes/km pour le ferroviaire, en 2008 323,3 milliards de tonnes/km pour le routier et 42,6 pour le ferroviaire). Le secteur des transports est devenu le 1er responsable des émissions de gaz à effet de serre (26,6 %). Et la libéralisation a contribué à la circulation des marchandises des pays à bas coûts sociaux et environnementaux vers les marchés de consommation avec leur corollaire, le dumping social !

Les méfaits de ces politiques ne font pas reculer cette droite qui, durant la campagne des régionales, n’aura de cesse de dénigrer le service public des transports car elle veut préparer les esprits à la privatisation… La droite veut ainsi éviter tout débat sur ses désengagements financiers qui ont mis à mal les transports publics. Rappelons-nous qu’elle a vendu une partie du patrimoine du réseau ferré de France, le privant de plus de 350 M€, alors qu’i faudrait investir chaque année 800 M€ supplémentaires pour son entretien, faute de quoi 60 % de ce réseau sera inutilisable en 2020.

Elle a essayé de faire de même en 2007 en lorgnant sur le milliard d’€ de bénéfices de la SNCF pour renflouer les caisses de l’État vidées par la politique du bouclier fiscal. Quant à la privatisation des sociétés d’autoroutes, elle a enlevé à l’État des ressources pérennes qui auraient pu et dû servir au déploiement d’une politique ambitieuse en faveur des transports collectifs publics de voyageurs et de fret.

Mais Sarkozy et son équipe sont aussi passés à l’offensive en faisant accélérer le calendrier d’application de la directive européenne de mise en concurrence des transports de voyageurs, et en « imposant » aux entreprises publiques de transport (SNCF et RATP) la logique du profit au détriment de celle du service public.

Ainsi la SNCF a choisi une stratégie d’acquisition sans fin : Géodis spécialiste du fret aérien et maritime, logistique et messagerie express, Novatrans, opérateur de transport combiné rail-route et les activités internationales de Véolia cargo… La SNCF est ainsi devenue le quatrième opérateur mondial de marchandises sans que cela contribue à réduire le trafic routier. D’autant qu’en 2009 la SNCF a abandonné son secteur de transport de marchandises des « wagons isolés ».

Pour Sarkozy, la RATP aussi doit devenir l’un des principaux groupes sur le marché mondial des transports de voyageurs. Résultat immédiat, en 2009, la RATP a investi 100 millions d’€ pour acheter des compagnies de bus aux Etats-Unis et en Asie. Qui a payé ? Les usagers avec leurs abonnements, les salariés de qui on exige toujours plus de productivité, les collectivités territoriales et leur contribution… Dans tous les cas, ce sont les citoyens/contribuables qui paient.

Ces stratégies économiques ne sont pas neutres. En choisissant d’investir le terrain de la compétition internationale, ces entreprises de transport sont de moins en moins des services publics. Chaque centime investi à l’étranger ou/et pour acheter un concurrent se fait au détriment de la qualité de service pour les voyageurs, l’exemple le plus visible étant la multiplication des pannes faute d’entretien du réseau. Si l’affrontement sur le terrain avec la droite est si brutal, c’est fondamentalement parce qu’elle veut substituer à la conception de l’égalité, une autre conception centrée sur la concurrence de tout et de tous.

Aujourd’hui, le fret est un bon indicateur de ce qu’il adviendra si on étend la concurrence aux transports ferrés voyageurs. Dans ce secteur, les entreprises privées ont bénéficié du refus du gouvernement d’étendre l’application de la réglementation du travail de la SNCF à tous les salariés du secteur ferroviaire… Le fret SNCF se réduit comme peau de chagrin tandis que les entreprises privées prennent des parts de marché. Dernier acteur et non des moindres dans ce jeu de dominos, RFF, le propriétaire des infrastructures, qui a été créé en 1997 pour, expliquait-on à l’époque, « libérer la SNCF de sa dette ». Depuis, les tarifs des péages (droit exigé pour faire rouler les trains sur le réseau) imposés par RFF à la SNCF sont plus importants que le remboursement de sa dette. Et ces péages devraient augmenter de 75 % entre 2008 et 2013. Sur 10 ans, la hausse serait de 145 %.

Mais à quoi va servir cette augmentation du prix des péages ? À financer des aménagements qui profiteront à … des groupes privés grâce à la libéralisation du trafic ferroviaire. C’est tout un réseau et de infrastructures, financés par de l’argent public, qui vont être ainsi offerts aux opérateurs privés avec l’ouverture à la concurrence. La même logique que pour les hôpitaux et la poste.

Ainsi Sarkozy et son gouvernement mobilisent la puissance publique, non pour l’intérêt général, mais pour dégager le maximum d’espace aux intérêts du monde des affaires. Ces stratégies, toutes orientées sur la sélection des territoires et des personnes, sur la soumission aux intérêts privés et à la spéculation financière, ont produit la crise, dans ses dimensions économiques, sociales et écologiques. Mais ce sont elles que la droite veut imposer à l’échelle des régions.

Pascale Le Néouannic


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