Les négociations sont mal en point au Front de Gauche

jeudi 31 décembre 2009.
 

Je fais la part qui revient aux intrigues byzantines qui traversent les rangs de nos partenaires et compliquent leurs prises de décisions. Mais à ma place je ne m’intéresse qu’aux effets généraux que produit un système. Et le fait qu’il échappe à peu près complètement à ceux qui sont censés le contrôler n’y change rien. Le Front de gauche est une formule unique en Europe. Ce n’est pas la seule. Je les ai toutes en vue parce que je ne suis pas un dogmatique. Nous devons déclencher une dynamique ou bien nous ne servons à rien.

Réduire le Front de gauche à une bonne vieille alliance à l’ancienne avec son centre et sa périphérie est la formule magique avec laquelle le parti communiste espagnol a tué « izquierda unida ». Je mets en garde contre la tentation d’oublier l’expérience des amis. Déjà, j’ai les abeilles en lisant « l’Humanité », journal dont j’ai mille fois fait la publicité et dont je suis un abonné. Mon quotidien parle sur les questions qui concernent le Front de gauche la langue de la fée clochette. Un univers magique où tout va mieux grâce au PCF. Pourquoi pas. Ca donne en légende de photo « le PCF lance l’idée de Front de gauche dynamique ouvert aux contestataires du système et pour construire une politique à gauche. » Wee ! Wee ! Evidemment, ca n’a rien avoir avec les faits. Mais à Noël règne la guirlande d’apparat.

C’est mieux que « l’Huma dimanche » qui, elle, me taille un costard à propos de ma proposition aux Verts. Passe encore ! Un journal peut aussi aider les ruses d’une organisation, je n’y nai pas d’objections. Mais qu’il me prête des raisonnements aussi faibles à propos du PS qui ne sont pas les miens voila qui est le comble. Mais heureusement, « L’huma dimanche » aussi avait rassuré tout le monde : « le Front de gauche avance grâce aux communistes » Ouf ! Ca redonne le moral.

En fait et en réalité les communistes ont voté en congrès qu’ils voulaient faire « des » fronts, élections par élection, lutte par lutte. Quand nous décidâmes de nommer « Front de gauche » notre alliance aux européennes cela fut finalement accepté en y adjoignant la mention « pour changer l’Europe ». Nous n’avons aucune difficulté avec tout cela. Nous sommes parfaitement d’accord pour qu’une stratégie soit d’abord vérifiée avant d’en faire une ligne définitive. Mais le fait demeure. Non de notre initiative mais du fait que les porte parole communistes y reviennent sans cesse chaque fois qu’ils veulent « remettre le compteur à zéro ». C’est tellement vrai que, comme en témoignent les rapports de Pierre Laurent et de Marie Georges Buffet devant le conseil national du PCF et reproduits dans le supplément « communistes » de « l’humanité », cette définition « des Fronts » est celle qui justifia la stratégie à géométrie variable sur laquelle débouche la pratique de notre partenaire telle que des régions font alliance avec le PS au premier tour, deux hésitent encore à la date d’aujourd’hui et dix sept autres partent dans la formule du Front de Gauche.

Le concept « d’un » front est la proposition du PG. Nous sommes heureux qu’elle soit devenue un patrimoine commun. Mais il est d’une toute autre nature. Il implique une dynamique collective. C’est le mot « collective » qui compte. Cela signifie qu’il n’y a pas de parti guide ni aucune de ces vieilleries du siècle précédent. Le dire n’efface ni les différences de taille et d’influence (personne ne conteste la primauté en nombre des communistes), ni non plus les autres réalités qui composent un champ politique en mouvement. Pas la peine de faire un dessin.

Ma candidature en Ile de France n’ a pas pour objet mon ambition mais ma contribution. Quoiqu’il en soit, pour nous le Front de gauche est destiné à évoluer. Comme le disent d’ailleurs les communistes eux-mêmes « il ne doit pas nous enfermer ». L’objectif doit rester d’y inclure tous ceux qui en comprennent la nécessité pour être crédibles devant nos concitoyens. Oui, crédibles, si nous voulons réellement leur proposer de prendre en main les affaires du pays. Donc il ne peut être question de renoncer à s’entendre avec le NPA si rude que soit la piste qui y conduit. Ni avec les autres partenaires de l’autre gauche. Ni avec les Verts, dernière force de gauche disponible pour faire une majorité de Gauche sans le Modem.

Si les Verts écartent le Modem, compte tenu du rapport de force électoral, ils ont vocation à mes yeux à être le centre de gravité de la recomposition générale de la gauche dont le pays a besoin. J’assume ce que j’écris à condition qu’on le lise tel que je l’écris. Vous avez bien lu, cher rédacteur de « l’Humanité Dimanche » ? En majuscule ? « SI LES VERTS ECARTENT LE MODEM ». Est-ce bien lu ? Je vais expliquer. Cela signifie : s’ils sont d’accord pour faires des majorités sans le Modem. Ou autrement dit : s’ils ne veulent pas du modem. Ou autrement dit : s’ils refusent l’accord avec le modem au deuxième tour. Je pense que tout le monde a compris cette fois ? Je me demande pourquoi je me donne ce mal ! Car tout cela a déjà été dit et conservé en vidéo. Et de plus écrit sur ce blog. Mais bien sûr personne n’est obligé de regarder tout ça. A "L’Huma dimanche" non plus. Ni même de respecter ses amis. Quand on en a autant ! Un de plus un de moins, quelle différence ? Je suppose que c’est ça le raisonnement qui conduit à ce genre de prose. N’empêche !

Moi, ce que je voudrais comprendre c’est ce que préparent ceux qui ne disent rien sur le sujet du MODEM. Et quel genre de commentateur peut être sérieux en contournant cette question ? Que veut dire ce fait que « l’Humanité » quotidienne, dans son papier agiographique sur le protectorat bienveillant du PCF, voit Martine Aubry « n’écartant pas, par ailleurs, des alliances avec le Modem ». N’écartant pas ? On ne regarde pas la télé à « l’Humanité » ? On n’écoute pas la radio ? Alors qu’on lise mon blog et qu’on vérifie si mes citations sont inexactes sur ce sujet ! Martine Aubry ne se contente pas de « ne pas écarter l’alliance avec le modem » ! Elle a dit qu’elle souhaitait cette alliance ! Cette bienveillante indulgence a-t- elle un sens politique ? En fait le papier de « l’Huma dimanche », pour y revenir, a troublé l’image de ce journal. C’est son affaire. Mais il trouble surtout l’identité du Front de gauche.

Ce front n’est pas une combine électorale. Ni un brevet de pureté que délivrerait un comité de saintes personnes. C’est une formule politique mise au service exclusif d’un but politique. Ce but c’est la construction d’une nouvelle majorité électorale (oui, électorale !) de gauche dans ce pays sur la base de la rupture avec le capitalisme et le productivisme. Comment y parvenir ? Je ne cesse de faire des propositions concrètes et non sectaires sur ce sujet. Il m’y est répondu par des formules de suspicion. Comment allons-nous faire pour constituer cette majorité ? Comment ? Ca c’est le débat, concret, pratique, réel. C’est de cela dont il faudrait parler dans "l’humanité dimanche" plutôt que de m’y faire des procès en sorcellerie. D’autant que jusqu’à ce jour, ce sont des élus communistes qui sont allés rejoindre Europe écologie, sans condition politique ! Et jusqu’à affronter comme Stéphane Gatignon en tête de liste d’Europe Ecologie du 93 , Marie Georges Buffet tête de liste dans le même département. Cela trouble l’image du PCF. D’autant qu’il reste muet sur le sujet. Et sa presse aussi, si prompte, pour le reste, à me chercher pouilles, de même.


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