Le 49è Congrès de la CGT s’est ouvert lundi (9 articles)

samedi 12 décembre 2009.
 

1) Editorial de Pierre Tartakowsky, rédacteur en chef du Quotidien du Congrès, Le Peuple

2) Bernard Thibault  : « Laisser à d’autres la résignation »

3) Bernard Thibault veut accélérer la mutation de la CGT

Article Le Monde

4) Où en est la syndicalisation à la CGT ? (L’Humanité)

5) CGT : contestations au congrès

Texte du NPA

6) La mutation réformiste de Bernard Thibault à l’épreuve (Le Monde)

7) La CGT est-elle en train de rater une occasion historique ? (Démocratie et Socialisme, Filoche)

8) La CGT débat à partir du lundi 7 décembre de sa ligne pour les trois années à venir (Nouvel Observateur)

9) Jean-Pierre Delannoy, opposant à Bernard Thibaut : « La CGT a tourné le dos à la lutte des classes »

1) Editorial de Pierre Tartakowsky, rédacteur en chef du Quotidien du Congrès, Le Peuple

La Cgt entend débattre des problèmes posés par la crise au monde du travail  ; elle affiche l’ambition de dégager les voies et les moyens d’alternatives économiques et sociales  ; elle souhaite enfin relever le défi démocratique posé à la société toute entière.

Tache considérable  ; abordons là – en prenant le risque de la simplification – à partir d’une question : de quoi ont besoin les salariés pour être entendus et peser sur les politiques mises en œuvre  ? D’une Cgt plus forte. Comment peut-elle le devenir ? En améliorant son rapport à la réalité du travail ; en opposant aux conséquences de la crise la légitimité de ses refus, la pertinence de ses propositions, la force du rassemblement et donc, sa capacité, à être enfin et réellement la Cgt de tous.

C’est dire si la responsabilité du 49e congrès est grande. Les problématiques de l’emploi, du salaire, de la protection sociale sont bousculées comme jamais, imposant au syndicalisme un devoir d’intelligence collective, de solidarité et d’efficacité.

La Cgt y travaille. Confrontée aux politiques publique est aux stratégies des employeurs, elle entend défendre dans le débat public son propre agenda social et ses priorités. C’est cette ambition que reflètent les textes préparatoires au congrès, en même temps que sa volonté de mettre en débat son propre fonctionnement, ses structures, leur capacité à être davantage au service des salariés.

De ce point de vue le diagnostic posé par la réflexion soumise aux congressistes est sans ambiguïté : anémie. La Cgt souffre d’un développement insuffisant et inégal au regard de l’objectif qu’elle s’était fixée d’un million d’adhérents. Encore faut-il comprendre ce chiffre comme un élément d’appréciation des changements qualitatifs à opérer  ; il s’agit sans doute moins ici de travailler davantage qu’autrement…

C’est cet «  autrement  » que la Cgt met en débat au travers de ses propositions et de ses axes revendicatifs. En articulant sa proposition de développement humain durable avec celle de sa sécurité sociale professionnelle, en replaçant sur le marbre du présent sa structuration historique, en affichant la priorité qu’elle entend accorder à la jeunesse. Le cahier des charges est dicté par la période. L’ignorer, repousser les décisions qu’elle appelle reviendrait à éluder ses responsabilités  ; vis-à-vis des travailleurs, des salariés, de la société.

Attentes et espoirs sont immenses. être a leur hauteur suppose une grande Cgt. Plus forte de la confiance des salariés, de leur adhésion  ; plus forte de son intelligence et de son audace collective. Alors bienvenue aux déléguées et délégués du 49e congrès. Bon travail.

2) Bernard Thibault  : « Laisser à d’autres la résignation »

Le secrétaire général de la CGT, qui va être réélu pour un quatrième mandat, veut faire la démonstration que l’action syndicale est utile. Pour lui, il est normal que des points de vue différents s’expriment.

Nicolas Sarkozy fait 
de l’autosatisfaction 
à propos de sa gestion 
de la crise. Êtes-vous d’accord avec lui  ?

Bernard Thibault. Il y a au moins quelqu’un qui est satisfait de la politique du président de la République, c’est Nicolas Sarkozy. Plus nous avançons, et plus il y a de mécontents. Sur le plan économique et social, sur le plan des réformes. Et le président de la République contribue à rendre le climat malsain avec le type de débats qu’il tente d’imposer, pour des raisons politiciennes mais aussi pour détourner l’attention sur cette politique économique et sociale qu’il conduit. Je ne partage pas l’idée qu’on serait dans la sortie de la crise. Aucun indicateur sérieux ne peut accréditer cette thèse, sauf que les affaires reprennent pour la finance. On nous parle de sortie de crise, mais il y a plusieurs millions de chômeurs supplémentaires en Europe depuis le déclenchement de la crise.

À la CGT, vous voulez valoriser des succès, des avancées  ? Qu’est-ce que ça veut dire dans ce contexte  ?

Bernard Thibault. À chaque fois qu’on peut faire reculer la pression qui s’exerce, depuis plus de vingt ans, sur tout ce que les employeurs et le chef de l’État appellent « le coût du travail », une augmentation de salaire, la conversion d’emplois précaires en emplois pérennes, contredire un plan de restructuration, la préservation d’un service public… il faut l’appréhender comme un succès, même si ça ne change pas profondément la marche du monde. Il faut faire la démonstration que l’action syndicale est utile et laisser à d’autres les messages de résignation.

Une enquête CSA de septembre montre un décrochage des syndicats, de la CGT aussi, dans la fonction publique. Vous payez votre volonté 
de rééquilibrer votre activité vers 
le privé  ?

Bernard Thibault. Nos forces demeurent majoritairement dans le public. Nous ne voulons pas être moins forts dans le public, mais au moins aussi forts dans le privé. Fondamentalement, les fonctionnaires sont en crise d’identité face à la politique de démantèlement, et face au discours les assimilant à une charge pour la collectivité. Dès le rapport introductif au congrès, je ferai la suggestion d’une campagne syndicale sur la place et l’utilité des services publics dans le pays. C’est un enjeu de société. Des batailles se sont menées secteur par secteur. Il faut une convergence de ces luttes.

La stratégie d’action avec l’intersyndicale a montré ses limites. Vous allez y renoncer ou la relancer  ?

Bernard Thibault. Je ne crois pas que ce soit la stratégie de l’intersyndicale qui ait montré ses limites. La dynamique créée au début de l’année 2009 s’est traduite par les mobilisations syndicales les plus élevées que toute l’Europe ait connues. Et c’est la dimension unitaire de ces initiatives qui explique en grande partie leur succès. Il faut mesurer l’évolution de l’état d’esprit des salariés au fil des mois. Les sentiments de colère, d’indignation, de refus de payer pour une crise dont on n’est pas responsable ont fait place à un certain scepticisme sur la possibilité de faire bouger les lignes. Cela renvoie à notre propre capacité à maintenir une mobilisation à un haut niveau dans la durée. Mais l’état de mobilisation ne se mesure pas exclusivement aux actions interprofessionnelles. Il faut regarder ce qui se passe au quotidien dans le pays, même si le journal de 20 heures n’en parle pas.

Lors du congrès de l’Unsa, François Chérèque et Alain Olive ont dessiné une vision commune du syndicalisme, avec une ligne de partage entre un « pôle réformiste » et un « pôle contestataire ». Partagez-vous cette vision  ?

Bernard Thibault. C’est le schéma souhaité par le patronat et le gouvernement. Ils aimeraient des interlocuteurs syndicaux favorables au consensus. Avec les prud’homales, par exemple, ils ont constaté que ce qu’ils appellent « le syndicalisme contestataire » ne peut pas être éliminé du paysage. On essaye donc de forger un bloc qualifié de « réformiste » pour s’y opposer. Ce serait revenir à une sorte de guerre froide intersyndicale. Ce serait servir le patronat et le gouvernement que de leur offrir cette possibilité. Il faut que la CGT reste sur sa démarche unitaire…

Alors, en quelques mots, 
quelle est la démarche de la CGT, 
son orientation  ?

Bernard Thibault. Il ne faut pas réviser ce qu’on a défini depuis plusieurs congrès  : un syndicalisme qui sache contester, mobiliser, proposer et négocier. Il faut mobiliser parce que si les salariés ne se battent pas pour leurs intérêts et leur place dans la société, personne ne le fera pour eux. On attend aussi de nous d’être capables d’élaborer des propositions alternatives aux solutions du gouvernement et du patronat. Si on veut marquer à un moment donné une avancée en faveur des salariés, ça passe par la négociation. Et on ne choisit pas les interlocuteurs qui sont de l’autre côté de la table.

Vous étiez à l’université d’été 
de la CFDT. Vous organisez 
un colloque avec la FSU. On parle 
de bouleversement du paysage syndical. Que souhaitez-vous  ? 
Un rapprochement avec la CFDT  ? Avec la FSU  ?

Bernard Thibault. La CFDT avait décidé de faire son université d’été sur l’avenir du syndicalisme. Elle invite le secrétaire de la CGT pour en parler. Mais il y a quelques années, la CFDT prétendait incarner à elle seule l’avenir du syndicalisme. Alors c’est plutôt la CFDT qui a changé en la matière. Avec la FSU, la démarche est tout à fait différente. Sur beaucoup de valeurs et d’analyses, de conceptions, nous sommes assez proches. Nous avons décidé de travailler un certain nombre de thèmes en commun. Si on entend par rapprochement une fusion, une absorption, ce n’est pas cela qui est à l’ordre du jour. Mais il y a plus à faire entre nos deux organisations en travaillant ensemble sur des contenus.

Quelles réformes des structures 
de la CGT proposez-vous  ? 
Est-ce que c’est remettre en cause l’organisation par fédérations  ?

Bernard Thibault. Non, pas du tout  ! Il n’est pas question de changer l’ossature confédérale de la CGT. Par contre, nous sommes au contact régulier d’un salarié sur quatre seulement. Nous souhaitons que chaque syndicat tienne un congrès d’ici deux ans pour examiner comment élargir son champ de présence et d’intervention. Par exemple, à la centrale de Flamanville, la CGT a fait le choix de devenir un syndicat de site, s’occupant de tous les salariés quel que soit l’employeur, quelle que soit la convention collective dont ils dépendent. À Flamanville, EDF, c’est la moitié du personnel de la centrale. Mais il y a pour la maintenance, le nettoyage, le gardiennage, 20 ou 25 entreprises. Il n’y a pas de modèle à transposer partout, mais nous proposons à chaque syndicat de réfléchir à son périmètre d’intervention.

Pour la première fois, 
une candidature se déclare contre vous. Y a-t-il une opposition à la CGT et que représente-t-elle  ?

Bernard Thibault. Une candidature a été présentée à la presse, pas dans les instances de la CGT. On va présenter le débat dans la CGT comme on présente les débats au sein des partis  : il y aurait une majorité et une opposition. En réalité, la CGT est l’organisation syndicale qui a la plus grande diversité d’adhérents en ce qui concerne les convictions religieuses, philosophiques, politiques… Cette diversité est exigeante. Il est souhaitable que les adhérents puissent s’exprimer dans un débat respectueux des individus et des règles de vie communes. Dans une période aussi lourde qu’aujourd’hui, il n’est pas anormal que des points de vue différents s’expriment. Mais les salariés savent de quel côté est la CGT et les adhérents n’ont pas de doute sur la CGT.

Une commission exécutive 
et un bureau confédéral réduits. 
Vous resserrez la direction autour 
de vous  ?

Bernard Thibault. C’est le comité confédéral national (CCN) de la CGT (fédérations, unions départementales…) qui proposera la direction au vote des syndicats. C’est la commission exécutive qui verra son rôle politique renforcé, d’où la réduction approuvée du bureau confédéral. C’est exactement l’inverse d’une centralisation. La direction de la CGT doit rester plus que jamais une affaire collective.

Entretien réalisé par Olivier Mayer

3) Bernard Thibault veut accélérer la mutation de la CGT

Article Le Monde du 7 décembre

A partir de lundi 7 décembre, un millier de délégués se retrouvent à Nantes pour le 49e congrès de la CGT, doyenne des syndicats français. Après dix ans passés à sa tête, son secrétaire général sortant, Bernard Thibault, rempile pour un quatrième et probable dernier mandat. Dans la foulée de son prédécesseur Louis Viannet, il a conduit la mutation du syndicat au risque de s’exposer à un regain d’oppositions. Etat des forces avant le début des joutes.

QUE PÈSE LA CGT ?

Dans un paysage social marqué par l’un des plus faibles taux de syndicalisation de toute l’Europe, moins de 10 % et quelque 5 % dans le seul secteur privé, la CGT reste la première centrale syndicale. Aux dernières élections prud’homales de décembre 2008, elle s’est maintenue en tête avec 34 % des voix, devant la CFDT (21,8 %) Mais alors qu’en 1987, la CGT revendiquait un million d’adhérents, elle n’en avance que 654 000.

Autres faiblesses : le rééquilibage public-privé n’est pas achevé avec une implantation encore majoritaire dans le secteur public, (56,6 %). Et dans le privé, la CGT pèse davantage dans les secteurs en déclin. Comme les autres organisations, elle a du mal à s’implanter dans les petites entreprises, là où le travail est plus précaire, où se retrouvent les femmes à temps partiel et les jeunes. C’est l’une des raisons pour lesquelles, il compte peu de femmes (34,4 %)

Dans un entretien au Monde (10 novembre), Bernard Thibault déplorait que la CGT soit "implantée dans les secteurs où l’emploi recule et absente des secteurs où l’emploi se développe", reconnaissant, à cet égard, un "échec". La CGT veut cependant croire au renouvellement. Pour 2009, elle annonce quelque 46 000 nouveaux adhérents dont 67,6 % venus du privé, 43 % de femmes et près d’un tiers de jeunes de moins de 35 ans alors que ces derniers ne pèsent que 15, 5 % dans le total des effectifs.

EST-ELLE DEVENUE RÉFORMISTE ?

Conscient d’avancer en terrain miné, Bernard Thibault évite les débats philosophiques, mais progresse dans le sillage de son prédécesseur Louis Viannet qui définit ainsi la mue vers un "syndicalisme de conquête" : "La ligne de clivage entre négociation et action ne signifie rien : aucune négociation ne peut déboucher sur quelque chose de positif si elle ne s’appuie pas sur la mobilisation des salariés".

Les chiffres le montrent : la CGT signe moins d’accords que les autres syndicats. Au niveau national ou dans les branches professionnelles, elle paraphe 40 % des accords contre 68 % pour FO et 81 % pour la CFDT (chiffres 2008 du ministère du travail). Dans les entreprises, le pourcentage atteint cependant 54,3 %. Il est plus proche de celui de la CFDT ( 60,9 %) et supérieur à celui de FO (43,9 %).

Il n’a cependant échappé à personne que Bernard Thibault a été, à l’automne 2007 l’interlocuteur privilégié de Nicolas Sarkozy dans la réforme des régimes spéciaux de retraite. Les observateurs ont aussi noté que la CGT s’était rapprochée de la CFDT pour mener à bien la réforme de la représentativité qui recompose le paysage syndical au profit des grosses centrales.

Ils ont enfin noté que Bernard Thibault refusait la classification entre syndicats réformistes et contestataires proposée par l’UNSA lors de son dernier congrès (Le Monde du 28 novembre) . Son secrétaire général, Alain Olive, avait alors proposé la création d’un pôle réformiste incluant la CFDT, à la CFTC et la CFE-CGC mais excluant la CGT. "Inadequate", avait alors rétorqué le responsable cégétiste.

QUELLE OPPOSITION ?

Le regroupement, qui a pris pour nom "Comité pour une CGT de lutte de classes et de soutien à la candidature de Jean-Pierre Delannoy", métallugiste du Nord, revendique quelque 2000 signatures d’individus ou de structures et s’appuie sur des collectifs comme Où va la CGT ? Tous ensemble, le Front syndical de classes…

Pour ces opposants qui n’ont pas les moyens statutaires de présenter un candidat face à Bernard Thibault, la CGT est en dérive. Elle a abandonné la lutte des classes pour mieux s’adapter au libéralisme. Des preuves ? Son rapprochement avec la CFDT ou encore son investissement dans le syndicalisme européen : le 1erdécembre, c’est un cégétiste, Joël Decaillon, qui a été élu au poste de numéro deux de la Confédération européenne de syndicats.

D’autres syndicats et militants émettent des critiques. Le leader des Continental, Xavier Mathieu, a traité, cet été, le numéro un de la CGT, de "racaille", lui reprochant de préférer les rencontres à l’Elysée au terrain des luttes. Dans un texte du 1er décembre envoyé à la confédération, la fédération des industries chimiques critique les états généraux de l’industrie qui avaient été réclamés par la CGT et ont été acceptés par Nicolas Sarkozy : "La CGT ne doit pas se laisser instrumentaliser dans une manœuvre politicienne", affirme le texte qui dénonce le manque de "vision claire quant aux objectifs de lutte". Cette opposition, plus structurée qu’aux derniers congrès, risque de compliquer la tâche du secrétaire général.

QUELLE ORGANISATION ?

La réforme des structures est pour Bernard Thibault le grand enjeu du congrès. A l’heure actuelle, la confédération ne confédère pas grand-chose : les fédérations professionnelles, les unions départementales, les syndicats d’entreprise, chaque structure veut garder son indépendance, constituant parfois des baronnies concurrentes qui n’appliquent qu’imparfaitement les décisions du congrès. Bernard Thibault a décidé de réduire l’importance du bureau confédéral qui ne comptera plus que huit membres contre douze, transférant une partie du pouvoir à la commission exécutive (54 membres). Une façon aussi d’avoir les mains plus libres pour commencer à organiser sa succession.

de Rémi Barroux

http://www.lemonde.fr/societe/artic...

4) Où en est la syndicalisation à la CGT ?

La chercheuse Françoise Piolet a étudié pendant trois ans les structures et pratiques au sein de la CGT, en regard des objectifs affichés au précédent congrès. Elle est professeur de sociologie à l’université de Paris-I et auteur de "la CGT et la recomposition syndicale" (PUF, 2009).

Pourquoi l’objectif d’une syndicalisation massive est-il essentiel pour la CGT  ?

Françoise Piotet. La première raison évoquée régulièrement par Bernard Thibault est que la citoyenneté et l’émancipation des salariés passent par l’adhésion à un syndicat. Deuxièmement, le syndicalisme français a toujours été un syndicalisme de militants plus que d’adhérents. Mais il y a un moment où le nombre de militants ne garantit plus le renouvellement. La transmission de l’expertise n’est plus assurée. Cela touche le syndicalisme dans son ensemble. La troisième raison tient à la transformation du salariat qui est de plus en plus éduqué, travaille dans des établissements de plus en plus petits avec une atomisation des lieux de production. La proposition de la CGT de constituer des bases syndicales interprofessionnelles et des syndicats de site est bonne, mais il y a loin de l’idée à sa réalisation.

Pourquoi la CGT n’y arrive-t-elle pas  ?

Françoise Piotet. Je réponds avec prudence et sur la base de ce que nous avons rencontré dans notre étude et qui n’est pas forcément à généraliser. Il y a l’ostracisme patronal. Mais en plus les militants de la CGT se refusent pour la plupart à faire du prosélytisme. Il y a une sorte de code d’honneur  : le syndicat est au service de tous les salariés, on ne monnaye pas ses services pour faire des adhérents. Par contre, on repère parmi les salariés ceux qui sont capables de s’opposer au patron, de ne pas vivre le rapport de subordination comme une exploitation.

Qui adhère à la CGT  ?

Françoise Piotet. Plus qu’une idéologie, ceux qui adhèrent à la CGT ont une culture en commun, des parcours engagés. L’adhésion est très dépendante de la qualité du militant de l’entreprise. S’il y a un bon militant CGT, les gens adhèrent à la CGT, s’il y a un bon CFDT, les mêmes adhéreront à la CFDT. Enfin dernière raison  : à un moment donné, il y a une injustice qui devient inacceptable et déclenche l’adhésion. On ne naît pas syndicaliste, on le devient. Ce qui semble important, c’est la qualité de la représentation, c’est-à-dire la capacité de défendre les salariés contre les patrons et la capacité d’avoir une vision alternative, des projets.

Comment la CGT peut-elle surmonter les obstacles à la syndicalisation  ?

Françoise Piotet. Ce n’est pas aux chercheurs à dire ce que doivent faire les syndicalistes. Contrairement aux clichés, la CGT n’est pas un instrument, c’est une anarchie plus ou moins organisée. Chacun fait ce qu’il veut. C’est sa force parce que ça donne une très grande proximité et il n’y a pas de scission comme à la CFDT où la ligne descend du haut en bas et est appliquée. Mais c’est une faiblesse quand il s’agit de modifier les structures, par exemple. Problème supplémentaire  : la plupart des structures interprofessionnelles (unions locales et unions départementales) sont dirigées par des syndiqués du public. Or toutes les réformes structurelles et les efforts de syndicalisation engagés par la CGT, ça concerne le privé.

Entretien réalisé par O.M.

Source : L’Humanité

5) CGT : contestations au congrès

Texte du NPA

par Dominique MEZZI

Du 7 au 11 décembre, la CGT va tenir son 49e congrès confédéral. À l’approche de ce rendez-vous, les critiques fusent à l’égard de la direction.

À l’approche de son 49e congrès, la direction de la CGT n’a que peu de succès à présenter pour son bilan depuis l’an dernier et cela fait plus que transpirer, tant dans les documents préparatoires que dans les réunions de la Commission exécutive confédérale ou les couloirs du siège de Montreuil.

Et pourtant, pas un regret, pas une critique, à peine une interrogation dans le rapport d’activité  ! Cela pourrait déboucher sur un record de votes contre ce rapport. Seuls le filtrage des délégations et la comptabilisation des votes (seuls les rejets exprimés dans un compte rendu sont comptabilisés, toutes les autres voix étant considérées «  pour  »), pourront camoufler les désaveux qui s’expriment à la base.

De la lourde défaite sur les retraites au calamiteux enchaînement des journées d’action espacées qui a dilapidé le potentiel de mobilisation apparu de janvier à mars, la stratégie confédérale basée sur le syndicalisme rassemblé et la priorité donnée au dialogue social comme principal objectif des mobilisations ont largement contribué à la dégradation du rapport de forces de ces derniers mois. L’organisation et le soutien de la lutte des sans-papiers, à l’initiative d’équipes militantes déterminées mais souvent isolées, sont d’autant plus à saluer que le développement du chômage peut fournir le terreau des pires régressions.

Plus grave encore, l’état de l’organisation reflète le désarroi des équipes combatives et l’incompétence des bureaucrates qui ont pris place dans l’appareil dans les décombres laissés par le stalinisme. Les batailles bureaucratiques sont visibles tant au niveau d’unions départementales que dans la construction de la direction confédérale où Thibault se constitue une garde rapprochée pour conduire les réformes internes et assurer sa succession. Et les vieilles méthodes ne sont pas oubliées  : construction de structures parallèles à celles qui ne sont pas dans la ligne, dé-mandatement de militants critiques.

Syndicalisme en berne

L’affaiblissement du mouvement syndical en général et de la CGT en particulier est sensible dès la fin des années 1970. La succession des gouvernements de gauche, trahissant les espoirs des travailleurs avec l’accompagnement complaisant des directions syndicales, a accéléré les processus de désyndicalisation, la déstabilisation politique des équipes militantes et le rejet viscéral de la «  politique  ». Dans le même temps, la casse du monde du travail avec les restructurations, les externalisations, le développement de la sous-traitance, la précarisation de l’emploi et la répression ont individualisé les statuts et fait reculer les résistances collectives. Au final, un redoutable fossé s’est creusé entre les travailleurs et le syndicalisme.

C’est à ces difficultés que prétend répondre la direction confédérale, à sa manière  : dépolitisation de l’action syndicale (version CGT du recentrage initié par la CFDT dans les années 1980), soit un refus d’engager un affrontement global contre la politique du gouvernement légitimé par les élections  ; organisation systématique de la démobilisation (régimes spéciaux de retraites, grève à la SNCF, manifestations contre la «  crise  »)  ; abandon de tout mot d’ordre capable d’asseoir des mobilisations  ; refus de la coordination voire dénonciation des luttes contre les licenciements et fermetures de sites en raison de luttes trop radicales (Continental, New Fabris) ou sous le faux prétexte d’acceptation de primes, soit un renoncement à la bataille pour le maintien de l’emploi (Conti, Freescale)  ; contribution à une réforme de la représentativité qui rend les syndicats plus dépendants de l’État et la modification de l’organisation de la Confé-dération visant à aggraver la main mise des sommets de l’appareil sur les structures de base  ; tentative désespérée de se tourner vers les jeunes, peu réceptifs au langage et aux méthodes d’un syndicalisme enlisé dans les compromis. Face à cette situation, de nombreuses critiques émergent des syndicats, des unions locales, voire de certaines unions départementales. Les luttes contre les licenciements et les fermetures de sites mettent en avant des équipes syndicales qui refusent la stratégie confédérale. Les manifestations du 17 septembre et du 22 octobre ont rendu visibles des revendications, une combativité en rupture avec la direction confédérale.

C’est une partie de ces critiques éparses que la candidature de Jean-Pierre Delannoy, responsable de la métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, exprime en leur donnant la possibilité de se faire connaître, tant dans le congrès que plus largement et de façon plus durable.

La méthode de sélection des délégués (jeunes, femmes, ICT [1]), triés sur le volet par l’appareil, en font une masse de manœuvre facilement manipulable dans le congrès par la direction. Mais il reste toujours possible que l’air frais d’une lutte, le refus d’une manœuvre bureaucratique fassent sortir le congrès des rails posés par Thibault.

Camille

6) La mutation réformiste de Bernard Thibault à l’épreuve

NOBLECOURT Michel

A la tête de la CGT depuis dix ans, Bernard Thibault a apporté à la première centrale syndicale française, qui a conforté cette place, le 3 décembre 2008 aux élections prud’homales, une autre manière d’être. Il a surtout imprimé un nouveau cours réformiste qui va être mis à l’épreuve lors du 49e congrès, du 7 au 11 décembre à Nantes. A bientôt 51 ans, M. Thibault entend continuer à creuser son sillon. « Ce n’est pas mon dernier mandat », confie-t-il, même s’il est peu probable qu’il rempile, en 2013, pour un cinquième mandat qui lui ferait battre le record de Georges Séguy (1967-1982). Mais annoncer son départ l’affaiblirait alors qu’avec une direction resserrée, rééquilibrée et renouvelée, il disposera d’une autorité qui lui donnera les coudées franches pour bien ancrer la CGT dans le réformisme.

Depuis le congrès de Lille, en avril 2006, que M. Thibault, auréolé de sa victoire sur le contrat première embauche (CPE), avait remporté, le paysage a bien changé. Nicolas Sarkozy est à l’Elysée. M. Thibault voyait en lui un clone de Margaret Thatcher. Mais, lors du conflit de l’automne 2007 sur les régimes spéciaux de retraite, il s’est imposé comme le pivot du compromis. Du coup, M. Sarkozy en a fait un interlocuteur privilégié, quitte à réveiller les critiques de ses opposants qui vilipendent ses « complaisances ». Par son ampleur inédite, la crise économique a fait naître une unité syndicale tout aussi inédite à huit qui a résisté jusqu’à l’été. Avec François Chérèque, le secrétaire général de la CFDT dont il s’est beaucoup rapproché, M. Thibault a obtenu une réforme de la représentativité syndicale, basée sur l’audience électorale, qui va révolutionner le champ social et le syndicalisme.

M. Thibault n’arrive donc pas à Nantes les mains vides. Mais, tel Sisyphe, il va devoir reprendre son combat autour de trois défis : la syndicalisation, la mutation réformiste, les relations intersyndicales. Au congrès de Montpellier, en 2003, il avait fixé l’objectif, non daté, de refranchir le « cap du million d’adhérents », qui n’a plus été officiellement atteint depuis 1987.

Avec 654 000 adhérents en 2009, sur la base de dix timbres par an - dont 539 000 actifs -, la CGT en est loin. Certes si elle calculait ses effectifs comme la CFDT, qui, sur la base de huit timbres, en revendique 814 636, elle aurait 817 500 adhérents. Mais M. Thibault ne barguigne pas : il reconnaît son « échec ». Et le document d’orientation enfonce le clou : « Les secteurs où le taux de syndicalisation est le plus élevé sont ceux où les effectifs salariés sont en déclin, tandis que les secteurs en croissance d’emplois restent ceux où la syndicalisation est la plus faible. »

Pour M. Thibault, l’enjeu est de doter la CGT d’une puissance à la hauteur de ses ambitions en transformant ses structures. Pour séduire les salariés des petites entreprises, isolés ou précaires, la CGT envisage d’innover, au niveau des territoires, à travers des « syndicats de site, des syndicats multiprofessionnels ». La priorité est le secteur privé alors que le secteur public, qui ne se reconnaît pas dans les revendications sur « le nouveau statut du travail salarié » et la « sécurité sociale professionnelle » se sent abandonné. Faute de le convaincre d’ici à 2013, le combat de M. Thibault risque de ressembler à celui de Don Quichotte contre les moulins à vent.

Si M. Thibault ne reprend pas à son compte le concept, il fait du réformisme comme monsieur Jourdain faisait de la prose. L’ambition de la CGT est de « participer par l’action à un processus de transformations sociales progressives ». Il s’agit de faire reconnaître la CGT comme un « acteur à part entière des transformations sociales qui n’est pas subordonné à la stratégie et aux objectifs de quelque parti politique que ce soit ». Dans cette démarche, les réformes et les « avancées sociales, même partielles » sont recherchées. Indissociable du rapport de force, la négociation devient un outil pour arracher des « compromis » et donc obtenir des résultats.

A cet égard, M. Thibault est bien l’héritier de M. Séguy qui, au congrès de Grenoble (26 novembre-1er décembre 1978), alors que la CGT comptait 2 192 862 membres, avait tenté une ouverture que le Parti communiste avait stoppée net. « L’action syndicale revendicative, avait lancé M. Séguy, c’est, par définition, la lutte pour des réformes, petites, moyennes et grandes. Toute amélioration du niveau de vie et des conditions de travail, aussi minime soit-elle, toute extension même partielle des droits démocratiques des travailleurs (...) sont autant de jalons placés sur la voie du progrès social et démocratique. »

A Nantes, l’opposition va faire du bruit. Mais elle est morcelée. Elle a peu à voir avec Jean-Pierre Delannoy, un métallo du Nord, un leurre agité par le dernier carré orthodoxe du « Front syndical de classe » contre M. Thibault alors qu’il ne remplit aucune condition statutaire pour se présenter contre lui. Ce qui est plus sérieux, c’est de savoir si les autres syndicats réformistes donneront à la CGT son ticket d’entrée dans le club. Au congrès de l’UNSA, le 26 novembre à Pau, Alain Olive a esquissé un « pôle réformiste » avec la CFDT mais sans la CGT. En 1978, quand la CFDT « recentrée » s’était convertie au réformisme, FO lui avait fait barrage. Trente ans après, ce serait périlleux de reproduire à l’égard de la CGT la même erreur.

Michel Noblecourt

7) La CGT est-elle en train de rater une occasion historique ?

dimanche 29 novembre 2009 par Daniel Marceau

Source : Démocratie et Socialisme, courant du Parti Socialiste

Le congrès confédéral de la CGT qui aura lieu dans quelques jours risque de faire rater à la principale confédération française une occasion historique d’entrer dans une dynamique d’unification du syndicalisme. La question, pourtant centrale dans toutes les réflexions actuelles, est à peine évoquée dans le "document d’orientation", texte soumis au débat qui forme la base de la résolution finale qui sera adoptée par le congrès.

Les partenaires principaux sont pourtant prêts. Le principal syndicat de la FSU, le SNES (plus de 65 000 syndiqués dans les collèges et lycées), a ouvert la voie en se prononçant, lors de son dernier congrès, pour que la FSU s’engage dans une dynamique visant à la création d’un nouvel outil syndical par le rapprochement des forces syndicales, en citant au premier chef la CGT.

L’Union Syndicale Solidaires, de son côté, a réagi en expliquant qu’un tel rapprochement n’était pas son projet, mais que si une telle dynamique se mettait en place, elle en serait forcément partie prenante.

Ailleurs, nul doute que les mécanismes de survie syndicale qu’entraînent les nouvelles règles de représentativité, et qui voient, un peu partout, des alliances absolument incohérentes se mettre en place, conduiront de nombreux militants syndicaux à s’interroger sur leur appartenance et sur la nécessité d’oeuvrer pour sauvegarder à tout prix leur boutique.

Alors, qu’attends la CGT ? Tout porte à croire qu’elle est actuellement paralysée par trois questions :

- la première, c’est que sa disparition progressive du monde ouvrier la terrifie totalement : c’est d’abord et avant tout le mythe d’une confédération "ouvrière" qui est fondateur de la CGT, et, quelles que soient les évolutions du monde du travail, elle ne peut se défaire de cette image de ce qu’elle n’est plus... quitte à refuser de faire ce qu’il faudrait pour le redevenir, comme en témoignent les réactions très hostiles aux propositions de modifications des pratiques faites par la direction (syndicats de site, rôle des UL, etc...)

- la seconde, c’est l’incroyable bataille interne qui voit se confronter d’une part une direction convertie à un syndicalisme qui n’oppose pas mobilisation et négociation, et d’autre part des nostalgiques d’un passé révolu dans lequel la CGT pouvait se contenter d’être le "bras armé" d’une alternative politique qui se construirait à côté d’elle ; et dans ce cadre, un rapprochement avec la FSU qui est fondamentalement construite sur le concept de syndicalisme de transformation sociale, donc de proposition, d’action et de négociation, bouleverserait des équilibres internes qui ne sont pas stabilisés

- enfin, il est possible que la confédération mise sur les nouvelles règles de représentativité pour "faire le vide" autour d’elle, dans un paysage syndical où ne survivraient plus comme organisations réellement nationales que la CGT et la CFDT, et donc qu’elle compte, après ce temps de table rase, sur des ralliements "pieds et poings liés" sans avoir à discuter du fond, des orientations et des méthodes.

Quoi qu’il en soit, le congrès confédéral qui vient engagera bien plus que l’avenir de la direction actuelle de la CGT ou de la confédération elle-même : c’est l’ensemble du syndicalisme français qui est en attente d’un signe mobilisateur, celui de l’ouverture vers une nouvelle confédération unitaire. Le moment est propice, il est venu. Il ne reviendra pas de sitôt : laisser passer l’occasion, c’est barrer pour des années la voie de l’unité !

Il est donc essentiel que les militants syndicaux qui aspirent à cette unité s’expriment, partout où ils sont, pour peser de tout leur poids dans ce combat pour l’unification.

Daniel Marceau

8) La CGT débat à partir du lundi 7 décembre de sa ligne pour les trois années à venir

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/depe...

La CGT ouvre lundi son 49e congrès à Nantes (Loire-Atlantique), un rendez-vous qui devrait voir la réélection de l’actuel secrétaire général Bernard Thibault à la tête de la première confédération syndicale de France pour un quatrième et sans doute dernier mandat.

Le congrès commencera lundi à 14h, et s’achèvera vendredi prochain à la mi-journée, quelques heures après l’élection du bureau confédéral et du secrétaire général.

A l’occasion de l’élection de cette nouvelle direction, la CGT devrait resserrer son bureau confédéral, qui passera de 12 à 8 membres avec notamment le départ à la retraite de deux personnalités de la confédération, Maryse Dumas et Jean-Christophe Le Duigou.

Ce congrès doit permettre à la CGT de faire le point sur sa stratégie, alors qu’une opposition - certes minoritaire - à la ligne de Bernard Thibault donne de la voix au sein même de l’organisation syndicale, défendant un "syndicalisme de classe" face à une direction confédérale que ses opposants accusent d’être trop "réformiste".

Cette opposition, qui s’était déjà manifestée lors du 48e congrès en 2006, a trouvé une visibilité avec la crise et la multiplication des plans sociaux, une partie de la base opposant la "lutte" au plus près du terrain, dans les usines, à la négociation nationale avec le patronat et le gouvernement.

Une partie de cette opposition a même un candidat en la personne de Jean-Pierre Delannoy, responsable des métallurgistes CGT dans le Nord-Pas-de-Calais, qui se présente au poste de secrétaire général de la confédération contre Bernard Thibault pour peser sur les orientations de ce congrès.

Une première pour l’organisation syndicale, même si M. Delannoy n’a aucune chance d’être élu, sa candidature n’étant pas prise en compte par la confédération et n’ayant pas été présentée en respectant les règles statutaires.

Ses partisans organisent un meeting de soutien en marge du congrès mercredi prochain dans la soirée à Nantes.

La CGT va aussi devoir faire le bilan de sa stratégie au sein du mouvement social interprofessionnel impulsé au début de l’année pour exiger un changement de politique économique et sociale face à la crise, mouvement qui a trouvé ses limites au début de l’été, avant de prendre fin début octobre.

Le 7 octobre, la sixième journée d’action interprofessionnelle de l’année avait en effet peu mobilisé, sur fond de divisions entre les syndicats, alors que le mouvement avait connu une phase ascendante unitaire en début d’année, culminant à 3 millions de personnes dans les rues de toute la France -selon les syndicats- le 19 mars dernier.

Depuis, l’intersyndicale à l’origine de ce mouvement, qui a enregistré la défection de FO, n’a pas reprogrammé d’autre date, sans pour autant pouvoir afficher de réelle victoire.

Un contexte bien différent de celui de 2006, où syndicats - en tête desquels la CGT - et mouvements de jeunesse avaient infligé un cuisant recul au gouvernement Villepin en gagnant la bataille contre le CPE.

9) Jean-Pierre Delannoy : « La CGT a tourné le dos à la lutte des classes »

Du 7 au 11 décembre, on va voir « rouge » au 49e Congrès national de la CGT. Jean-Pierre Delannoy, le bouillonnant responsable régional nordiste de l’Union des syndicats des travailleurs de la métallurgie, a décidé de faire entendre fort sa voix de « dissident » en se présentant face à Bernard Thibaut au poste de secrétaire général.

« Cela fait plusieurs années que la contestation couve, mais nous n’arrivions pas à la rendre visible. Avec l’arrivée du syndicalisme rassemblé et d’une nouvelle direction confédérale à la fin des années 1990, on a senti une accélération du recentrage de la CGT. Celle-ci a tourné le dos à son identité, la lutte des classes. Elle a suivi une stratégie d’accompagnement du système, plutôt que d’être dans le combat ».

En métallo pur et dur, ayant forgé son expérience dans les usines du valenciennois, Jean-Pierre Delannoy sait de quoi il parle : « Quatre cent mille emplois ont été supprimés en 2009, il y en aura autant en 2010. Devant cette catastrophe humanitaire, il fallait construire un vrai plan de lutte. Ça n’a pas été fait ».

La ligne de Jean-Pierre Delannoy et le projet qu’il va soutenir au congrès sont clairs : « On veut redéfinir un contenu revendicatif sans ambiguïté. Nous voulons créer les conditions d’un rapport de force massif, jusqu’au blocage de l’outil de production, ce que refuse Bernard Thibaut. Nous dénonçons également la centralisation du pouvoir au sein de la confédération, qui se coupe de la base. C’est l’identité même de l’organisation syndicale qui doit redevenir un outil de lutte, et non une organisation institutionnelle dans une démarche de renoncement et d’accompagnement ».

Le ton est donné. La lutte sera-t-elle finale au 49e congrès de la CGT ?

Source : http://www.lavoixeco.com/actualite/...


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message