Un repenti mafieux réitère de graves accusations contre Berlusconi et Dell’Utri

samedi 5 décembre 2009.
 

TURIN (Italie) - Un repenti de la mafia sicilienne a réitéré vendredi devant la justice à Turin (nord) de lourdes accusations impliquant le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi lors du procès en appel pour collusion mafieuse d’un de ses proches Marcello Dell’Utri.

Gaspare Spatuzza a témoigné à la barre en affirmant que son boss Giuseppe Graviano s’était félicité en 1994, après une campagne d’attentats sanglants de la mafia, d’"avoir tout obtenu grâce au sérieux de ces personnes" avant de citer nommément Berlusconi et Dell’Utri.

Selon Spatuzza, Graviano s’était vanté que la mafia sicilienne avait "grâce au sérieux de ces personnes, le pays entre ses mains" et que "tout le monde en tirerait profit y compris ceux (les mafieux) qui sont en prison". Le repenti a indiqué que son boss "était content comme quelqu’un qui vient de gagner au loto ou d’avoir un enfant".

Selon des déclarations à la justice de Spatuzza faites fin 2008 et répétées en détail vendredi, MM. Berlusconi et Dell’Utri auraient été les interlocuteurs privilégiés dans le monde politique du boss mafieux, Graviano, au moment où la mafia commettait une série d’attentats sanglants en 1993.

L’année suivante, Silvio Berlusconi et Dell’Utri créaient le parti Forza Italia et Berlusconi remportait les premières législatives le portant au pouvoir.

A la barre, le repenti a qualifié d’"anormales" pour la mafia les attentats de Florence, Rome et Milan de l’année 93 qui firent 10 morts et des dizaines de blessés et dont il fut lui-même l’un des auteurs matériels.

"Après les tueries de Capaci et Via d’Amelio (en 1992), nous étions réjouis énormément parce que (les juges Giovanni) Falcone et (Paolo) Borsellino étaient nos ennemis, alors que les morts de Florence et Milan ne nous appartenaient pas", a ajouté Spatuzza.

Le repenti était auditionné devant la Cour d’appel de Palerme déplacée pour raisons de sécurité à Turin (nord), en présence du sénateur Dell’Utri. Il était masqué par un paravent blanc pour ne pas être reconnu et sous très haute protection policière. Le statut de repenti lui permet de bénéficier d’une réduction des condamnations à son encontre.

Avant sa déposition, M. Dell’Utri, interrogé par les journalistes, avait nié catégoriquement connaître ou avoir jamais rencontré Graviano et avait accusé la mafia de "vouloir faire tomber le gouvernement" Berlusconi avec les déclarations de Spatuzza.

Le week-end dernier, Silvio Berlusconi avait qualifié la publication par la presse de l’interrogatoire de Spatuzza sur ses liens présumés avec la mafia, d’"attaque la plus incroyable et ignoble qu’il ait subie ces dernières années".

Selon des sources gouvernementales citées par les médias italiens, M. Berlusconi était "tranquille et optimiste" et a fait des plaisanteries vendredi matin en conseil des ministres. Il a qualifié d’"absurde machination" les accusations du repenti en soulignant que son gouvernement était celui qui a le plus fait contre la mafia.


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