Unité aux régionales : la gauche radicale va-t-elle passer son tour ?

dimanche 15 novembre 2009.
 

Le Front de gauche (PCF, PG, Gauche unitaire) et ses éventuels partenaires, dont le NPA, se réunissaient ce mardi soir. Les discussions achoppent toujours sur la question de l’indépendance à l’égard du PS.

A la table des négociations, encore et toujours

Les composantes de la gauche radicale se sont retrouvés à nouveau, ce mardi soir, au siège du Parti de gauche, pour se prononcer sur un projet de listes communes aux régionales. Une réunion qui pourrait être celle « de la dernière chance », mais qui ne suffira sans doute pas à concilier les positions du Front de gauche — PG de Jean-Luc Mélenchon, PCF, Gauche unitaire — et du NPA.

Les discussions continuent en effet d’achopper sur la question de la participation aux exécutifs régionaux avec les socialistes et les écologistes. Sur ce point, le NPA, qui a voté sa ligne dimanche dernier, lors de son conseil politique national, écarte toute participation « dans le cadre d’exécutifs qui seraient dominés par le PS et/ou Europe-Ecologie qui mènent des politiques d’adaptation au libéralisme ».

En clair, le parti anticapitaliste propose un « accord national » sur « des listes indépendantes » du PS et d’Europe Ecologie au premier tour des régionales et des « fusions démocratiques » au second, pour battre la droite sans se mouiller dans des majorités dominées par le PS. « On n’ira pas avec le PS car les divergences sont profondes sur le programme. Mais si certaines mesures vont dans le bon sens, on pourra les voter, explique Myriam Martin, du NPA. On demande cette liberté. »

Là où le NPA dit « non », le Front de gauche pose, lui, des conditions : la mise en oeuvre des principaux points du programme qu’il aura défendu au premier tour, le « rapport de force permettant de les appliquer », et l’exclusion d’une alliance avec le Modem. Si ces conditions « sont réunies », banco pour un exécutif régional avec le PS et les écologistes.

« Deux approches sont sur la table, résume Christian Picquet, chef de file de Gauche unitaire - anciens NPA : « Pour nous, au Front de gauche, il s’agit de sortir de la posture de témoignage et d’affirmer une ambition majoritaire à gauche. On ne veut pas faire un tour de piste au premier tour et chacun vit sa vie. » Le NPA, lui, réclame des précisions sur ce lot de conditions : « On veut clarifier cette question. L’unité c’est trop sérieux pour accepter de la brader », prévient Myriam Martin, qui dit le NPA toujours ouvert aux discussions.

« On ne partage pas la même feuille de route »

Reste que les lignes du Front de gauche et du NPA semblent difficilement conciliables et compliquent sérieusement une perspective d’accord. « Il y a un désaccord de fond, nous sommes dans le dur, on ne partage pas la même feuille de route », constate Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.

La faute à qui ? « C’est le PCF qui met des préalables », reproche Myriam Martin. « Le NPA nous donne la même réponse, ils ne sont pas disponibles pour construire des rassemblements de gauche pour la mise en oeuvre de politiques de gauche », coupe Dartigolles, qui avait parlé dimanche d’une « fin de non recevoir » de la part du NPA. Et s’agace : « On ne va pas attendre Besancenot comme on attend Godot. »

D’autant que l’heure tourne. A trois mois des régionales, la gauche de la gauche, en stagnant dans les négociations, donne l’impression de « s’enfermer dans un petit cénacle pour bloquer sur des petites formules », déplore un participant. Et se laisse devancer par ses concurrents : « Pendant qu’on tergiverse, les écologistes sont en campagne, le PS a ses têtes de liste. Et nous n’avons pas bougé d’un iota », s’inquiète Picquet. « On veut commencer à travailler, on ne peut pas attendre encore un mois alors que pour l’instant, il y a un point de blocage », conclut Eric Coquerel, chargé des relations extérieures au PG.

Pour autant, les discussions pourraient ne pas se clore définitivement même si la réunion de ce mardi soir ne débouche pas sur un accord. « On laisse les portes ouvertes jusqu’au bout », assure Coquerel.

Entre-temps le soin de trancher la stratégie de chaque composante reviendra à leurs militants respectifs : une consultation des adhérents du NPA se tiendra du 30 novembre au 6 décembre « sur ce qui est sorti du CPN et de la réunion du 10 novembre » alors que les communistes se se prononceront, eux, du 19 au 21 novembre.

LAURE EQUY


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