La situation au Honduras est dramatique. Soutenir la "médiation" est une "grossière erreur" (Chavez)

vendredi 17 juillet 2009.
 

1) La situation au Honduras est dramatique (par Willy Meyer, eurodéputé espagnol de la gauche Unitaire Européenne)

Article L’Humanité

Willy Meyer, eurodéputé espagnol, membre du groupe de la gauche unitaire européenne, est de retour d’une mission au Honduras

Depuis jeudi, un dialogue s’est ouvert au Costa Rica entre le président Manuel Zelaya et les putschistes qui l’ont renversé le 28 juin. « Le dialogue produit des miracles, mais pas immédiats, et il est possible que cela prenne plus de temps que prévu », a déclaré le président costaricain et médiateur de la crise hondurienne, Oscar Arias. Pour l’eurodéputé Willy Meyer, l’Europe doit hausser le ton.

Quelles recommandations allez-vous présenter au parlement européen ?

Willy Meyer. Nous proposons à tous les eurodéputés de signer une déclaration commune que nous présenterons à Strasbourg lors de la session constituante du parlement. En accord avec les organismes internationaux, nous demandons à l’Union européenne la suspension préventive de l’accord d’association avec l’Amérique centrale (ADA, traité de libre-échange - NDLR) tant que la légalité constitutionnelle et le retour du président Manuel Zelaya au Honduras ne seront pas respectés. Enfin, nous proposons de constituer une commission ad hoc pour qu’elle se rende le plus vite possible sur place.

Quel est votre constat à l’issue de la mission que vous avez réalisée à Tegucigalpa, la capitale hondurienne ?

Willy Meyer. La situation est dramatique. Les militaires exploitent le couvre-feu pour arrêter le peuple qui manifeste dans la rue contre le coup d’État. Il y a beaucoup de blessés dans les hôpitaux. Mais la résistance populaire, qui englobe toutes les organisations sociales, reste très déterminée. J’ai également pu me rendre compte de l’aveuglement des putschistes qui, en dépit de l’ultimatum de l’Organisation des États Américains (OEA), n’ont pas permis le retour de Zelaya. Leur irresponsabilité me préoccupe, même si on assiste à un certain changement. Les putschistes avaient dans l’idée d’anticiper des élections. Selon leur feuille de route, l’élection d’un nouveau président aurait signifié un retour à la normalité que l’OEA, les Nations unies et l’UE auraient pu reconnaître. Mais le président de l’OEA, José Miguel Insulza, a été très clair : tout acte réalisé par ce gouvernement illégitime sera reconnu comme nul...

L’UE ne devrait-elle pas faire monter la pression d’un cran ?

Willy Meyer. L’UE a publié une résolution de condamnation. Certains de ses États membres ont rappelé leur ambassadeur au Honduras pour consultation. Ceux qui sont restés sur place ont pour instruction de n’avoir aucun contact avec le gouvernement illégitime. Les aides à la coopération sont en train d’être gelées. Mais il faut une déclaration réactualisée de la Commission européenne. Une déclaration claire qui affirme que le retour de Manuel Zelaya au Honduras n’est pas négociable et apporte son soutien au dialogue actuel.

Entretien réalisé par Cathy Ceïbe

2) Conflit du Honduras : Chavez critique Obama

Article Le Figaro

Le pays s’enfonce dans l’impasse politique après l’échec de la médiation du Costa Rica. L’initiative, défendue par Washington, a été qualifiée de « grossière erreur » par le président du Venezuela.

Le Venezuela a suspendu ses livraisons de pétrole à prix subventionnés en direction du Honduras.

La situation semble se normaliser à Tegucigalpa, la capitale hondurienne.

Le président par intérim Roberto Micheletti a levé le couvre-feu et les démonstrations pro ou anti-Zelaya réunissent de moins en moins de manifestants. Mais plus de deux semaines après la destitution et l’exil forcé de Manuel Zelaya, la situation politique est dans une impasse. La médiation du président du Costa Rica, Oscar Arias, prix Nobel de la paix pour son rôle dans les règlements des conflits en Amérique centrale dans les années 1980, n’a pas permis de rapprocher les points de vue. Roberto Micheletti et Manuel Zelaya ont refusé de se rencontrer à San José, la capitale du Costa Rica, jeudi, et les négociateurs se sont séparés vendredi sur une vague promesse de se retrouver en cette fin de semaine.

Roberto Micheletti a certes quelque peu assoupli sa position. Il a notamment remplacé son ministre des Affaires étrangères, Enrique Ortez Colindres, qui avait qualifié Barack Obama de « petit Noir qui ne sait même pas où est Tegucigalpa ». Après avoir affirmé pendant la première semaine de sa prise de pouvoir que « la place de Zelaya, comme tous les délinquants, est en prison », il envisage désormais de lui accorder une amnistie.

Manuel Zelaya a, de son côté, entendu les appels du département d’État américain à changer de stratégie, après son rocambolesque survol en avion de la capitale hondurienne dimanche 5 juillet, une équipée peu appréciée à Washington. « Il doit y avoir de meilleurs moyens (pour revenir au pouvoir) » avait déclaré Hillary Clinton à l’issue d’un entretien avec le président déchu.

Plus de deux mois après la très médiatique poignée de main entre Barack Obama et Hugo Chavez au sommet des Amériques de Trinité-et-Tobago, Washington peine à définir une réponse appropriée au coup d’État hondurien du 28 juin dernier. L’Administration américaine a trouvé en Chavez et ses alliés des « partenaires compliqués ». Si tous s’accordent pour condamner le putsch, les soupçons et l’animosité contre « l’empire yankee » perdurent.

Sanctions économiques

Ainsi Chavez a estimé que les négociations de San José, soutenues activement par Washington, étaient « une erreur grossière ». En appelant Washington à évacuer leur base militaire de Palmerola au Honduras, il a interpellé le président Obama : « Faites-le et montrez ainsi que vous ne soutenez pas le coup d’État. »

Le président bolivien Evo Morales, fidèle allié de Chavez, a accusé le commandement militaire des États-Unis d’être derrière le coup d’État : « Je dispose d’informations selon lesquelles l’empire, par le biais du commandement sud des États-Unis, a fait le coup d’État au Honduras. »

La seule réaction coordonnée porte pour l’instant sur l’économie : les États-Unis ont bloqué une partie de leur aide au Honduras. Le Venezuela a suspendu ses livraisons de pétrole à prix subventionnés. La Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement ont gelé 200 millions de dollars de crédits.

http://www.lefigaro.fr


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