13 mars 1906 Catastrophe de Courrières Obsèques des 1099 morts

jeudi 14 mars 2024.
 

Environ 1800 mineurs viennent de rejoindre leur poste, lorsqu’au petit matin du 10 mars 1906 un violent coup de grisou surgit dans l’un des puits de la Compagnie des mines de Courrières, non loin de Lens. Des particules de poussières charbonneuses sont alors projetées dans les fosses puis s’enflamment instantanément. En moins de deux minutes, 100 km de galeries sont traversés par un mur de flammes. La force de l’explosion est ressentie dans l’ensemble des cités ouvrières du bassin. Affolés, familles et collègues des mineurs accourent pour tenter de les secourir, mais une épaisse fumée noire puis des flammes surgissent déjà à l’entrée des puits. Quelques rescapés parviennent cependant à remonter.

Un témoin de la scène raconte : « ce que je viens de voir me rappelle un champ de bataille en 1870. Il n’y a que morts et blessés ». Les secours procèdent à leurs premières interventions. Malheureusement, ce sont essentiellement des cadavres qui sont remontés. Asphyxiés, brûlés, victimes d’éboulement, de très nombreux mineurs ont été pris au piège. En surface, l’émotion est vive. Plus préoccupée par la conservation de ses installations que par la recherche d’éventuels survivants, la Compagnie des mines de Courrières prend plusieurs décisions qui vont alors déclencher la colère de tout le bassin minier. Pour étouffer l’incendie, l’accès à certaines galeries est muré et l’aérage inversé au mépris de la survie d’éventuels rescapés.

« Nous n’avons plus de larmes », la douleur des familles est vive le 13 mars lorsque les obsèques des premières victimes ont lieu. Faute d’identification, 272 corps sont enterrés dans une fosse commune. Les représentants de la compagnie sont accueillis par la foule aux cris de « Assassins ! A bas les capitalistes ! Vive la grève ! ». C’est le début d’un long mouvement de grève qui se poursuivra jusqu’en mai. Les mineurs pointent du doigt les responsabilités de la compagnie et réclament de meilleures conditions de travail ainsi que des augmentations de salaire. Le retour à la surface de 13 rescapés, trois semaines après le drame, accentue davantage la colère. D’autres auraient certainement pu être secourus… La mobilisation ne sera pas vaine puisqu’elle débouchera sur l’instauration du repos dominical. Rien ne pourra cependant compenser la disparition de 1099 mineurs dans ce qui reste aujourd’hui la catastrophe minière la plus meurtrière en Europe.

Matthieu Lépine

Catastrophe de Courrières (10 mars 1906) : l’actionnariat assassin


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