15 août 1209 : Carcassonne est prise par la "Croisade des Albigeois"

dimanche 1er octobre 2023.
 

(article n°4 de notre série sur la croisade contre les Albigeois)

En l’été 1209, des milliers de pauvres gens fuient devant la croisade dirigée par les légats du pape contre les "Albigeois".

Eté 1209 Cathares et civilisation occitane sont assassinés par les croisés SS assoiffés de sang assemblés par le pape

Ils fuient apeurés par le massacre des 15000 habitants de Béziers.

22 juillet 1209 Massacre de Béziers par la Croisade catholique : "Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens"

Ils fuient avec leurs familles, quelques biens, des animaux de ferme. Ces habitants du Carcassès marchent vers la fière Carcassonne où ils pourront se protéger des barbares croisés.

La ville paraît apte à se défendre. Son jeune vicomte Raymond-Roger Trencavel s’est dépensé depuis 15 jours pour résister à un siège : soldats, armes, nourriture, amélioration des défenses... Il compte user l’armée papiste au-delà des 40 jours que dure un tel rassemblement dans le cadre de l’ost féodal.

L’abjecte armée croisée arrive devant la ville le 1er août. Elle dispose d’une force sous-estimée par Béziers comme par Carcassonne : les dizaines de milliers de "piétons", très probablement des routiers, brigands de grand chemin, enrôlés sans être payés (le roi de France a refusé de participer aux dépenses) et qui doivent se défrayer par rapines et pillages.

Dès le 3 août, ces piétons qui ont déjà fait merveille dans l’assaut de Béziers, se lancent à l’attaque du bourg (faubourg Sud) et des points d’eau sur le flanc du plateau. Leur offensive est tellement vigoureuse qu’ils emportent tout sur leur passage.

Peu de temps après, Pierre II d’Aragon, roi suzerain de Carcassonne, se pose en médiateur. Légats du pape et barons français proposent que Trencavel puisse quitter la cité avec 11 hommes de son choix mais la ville et ses habitants seraient livrés aux croisés pour le même sort que Béziers (sauf que les barons veulent empêcher l’incendie pour ne pas gaspiller le butin possible).

Trencavel refuse. Pierre d’Aragon repart.

Le 7 août de violents combats se déroulent dans le faubourg Nord (le Castelar) dont les croisés réussissent à s’emparer.

Durant plusieurs jours, les Carcassonnais défendent les remparts de leur cité. Cependant, la vie est très difficile pour tous les habitants pris au piège par ce siège. Plus d’eau à boire. Le bétail est écorché en plein été pour manger et sa viande putréfiée attaquée par des milliers de mouches. Les malades sont de plus en plus nombreux.

Aussi, les Carcassonnais prennent l’initiative de pourparlers. Trencavel veut éviter le même massacre qu’à Béziers.

Les légats du pape font une nouvelle proposition : que tous les habitants sortent "nus" et sans rien emporter de la ville, que celle-ci soit remise aux croisés, que le vicomte reste otage pendant un an.

Trencavel ne peut qu’accepter ; il est fait prisonnier pendant les négociations et ne peut revenir dans la cité.

Les Carcassonnais sortent donc de la ville, en chemise pour les femmes, en caleçon pantalon pour les hommes, "par une étroite poterne qui pouvait à peine donner passage à une seule personne", "n’emportant que leurs péchés" précise le moine croisé Pierre des Vaux de Cernay.

La prise de Carcassonne va être suivie d’une décision surprenante du point de vue du droit féodal mais dans le droit fil de l’exposition en proie décrétée par le pape. Trencavel est spolié de toutes ses terres et remplacé par un baron croisé : Simon de Montfort, qui devient le chef militaire de la croisade. De nombreux seigneurs occitans des domaines de Trencavel sont également spoliés et remplacés par des croisés.

Trois mois après la reddition, le 10 novembre, Raymand-Roger Trencavel meurt dans son cachot, officiellement d’une dysenterie mais très probablement assassiné sur l’ordre de Simon de Montfort.

Jacques Serieys

D’autres articles de notre site concernent la Croisade contre les Albigeois. Pour y accéder, il suffit de cliquer sur le titre ci-dessous :

22 novembre 1210 : Termes (Aude) se rend aux croisés catholiques, acteurs d’une politique de terreur digne du nazisme (série croisade des Albigeois 5)

3 mai 1211 : Les croisés du pape prennent Lavaur, égorgent, lapident et brûlent hommes et femmes (Croisade des Albigeois 6ème épisode)

En assiégeant Toulouse, la croisade contre les Albigeois connaît un échec (fin juin 1211)

12 septembre 1213 MURET. La grande civilisation occitane est défaite

16 mars 1244 Le bûcher de Montségur, symbole du génocide cathare

Génocide des cathares et crimes contre l’humanité perpétrés dans le Languedoc au 13ème siècle ? Pourquoi ? Qui en porte la responsabilité ? Quelques pistes

Engels et la nation occitane du Moyen Age

Bibliographie :

* L’épopée cathare ; auteur : Michel Roquebert ; Editions Privat, 1970.


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