Après l’URSS : Puissance américaine Expansion de l’OTAN et enjeux des tensions du Caucase

samedi 30 août 2008.
 

Mieux vaut examiner les enjeux concrets de la montée des tensions au Caucase si l’on veut chercher un axe de travail pour la paix. La politique des russes est gouvernée par la riposte à la pression que les USA ont immédiatement fait peser sur eux, dès la chute de l’URSS. Ceux-ci ont non seulement immédiatement pesé pour le démantèlement des marches de l’ancien empire et leur annexion au système « occidental » mais organisé ensuite concrètement une longue série de mesures destinées à diminuer durablement les moyens de la Russie pour l’avenir y compris comme puissance régionale. Ils ont instrumentalisé l’expansion de l’Union européenne vers les pays de l’Europe de l’est. Deux pierres d’un coup : l’union y a perdu toute cohérence politique en intégrant dix pays d’un coup, de l’autre leur adhésion préalable à l’OTAN a permis sans autre justification de pérenniser une alliance militaire qui était pourtant censé n’avoir plus d’objet avec la fin de la guerre froide.

Sans trêve l’encerclement de la Russie a été, pas à pas, étendu :

* Localement par l’appui à des regroupements régionaux ouvertement mal disposés à l’égard de la Russie. Par exemple le groupe Mer Noire-Caucase, le GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan, Moldavie).

* Mais aussi beaucoup plus ouvertement et agressivement en soutenant l’adhésion à l’OTAN de la Géorgie et de l’Ukraine. Une pure provocation. Il est alors intéressant de se souvenir que ces adhésions ont été repoussées par les Français et les Allemands au dernier sommet de Bucarest.

Dans ce contexte, la provocation géorgienne est alors une vraie opportunité.

Car depuis lors, les Allemands ont changé de point de vue et il est peu probable que Sarkozy reste en retrait. Il y a ainsi plusieurs "heureux concours de circonstances" à la suite des événements dans le Caucase. Ainsi les Polonais ont fini par accepter l’installation chez eux des stations de missiles anti missiles américains dont ils ne voulaient plus depuis quelques temps. Ces systèmes d’armes, les russes ont toujours refusé de croire qu’elles soient vraiment destinées à se défendre des iraniens comme le prétendent les américains…

Dans ce tableau, il ne faut pas oublier ce qui en est l’enjeu concret et immédiat, c’est-à-dire à l’instrument de puissance qu’est la maitrise des richesses naturelles. Et surtout de l’énergie.

On peut dire que le tracé des oléoducs a été particulièrement significatif, au prix de contournements spectaculaires. Ainsi de l’acheminement du pétrole et du gaz de la Caspienne et de l’Asie centrale en contournant la Russie par des tuyaux géopolitiquement corrects Caspienne-Méditerranée, Bakou-Tbilissi-Ceyan (pétrole) et Bakou-Tbilissi-Erzeroum (gaz). Pour quelle raison « l’occident » fait-il tout cela ?

Quel problème pose le retour de la puissance russe ?

Seulement ceux de l’existence d’un monde multipolaire. Cette perspective est pourtant celle qui convient à l’intérêt de la France autant qu’à une pensée pacifique sur notre temps. D’abord parce que c’est elle qui garantit notre propre indépendance et celle de l’Europe. Ensuite parce que c’est celle qui est conforme à l’évolution du monde ou de nouvelles grandes puissances émergent. Imagine-t-on toutes les contrer par des mesures de force ? On ne doit pas laisser les images de la période de la guerre froide envahir l’espace de la réflexion sur le présent.

La Russie actuelle est une grande puissance qui revient. C’est une économie capitaliste.

La compétition avec elle n’a pas de contenu idéologique objectif. Choisir le mode de la violence et des méthodes de guerre contre elle signifie que nous décidons d’inscrire tout l’avenir du monde dans cette logique. Exactement comme cela est fait avec la Chine sous prétexte de Tibétains. Et ainsi de suite. C’est la logique du « choc des civilisations ». Dans ce genre de situation la prime va sans cesse aux plus provocateurs et aux plus violents. Il est absurde de se mettre dans leurs mains.

Saakachvili a organisé l’agression contre l’Ossétie pour répondre à des problèmes de politique intérieure.

Faut-il l’en féliciter ? Quand les Etats baltes, membres de l’union européenne se précipitent à Tbilissi pour manifester leur solidarité doit-on accepter que l’Union européenne soit entrainée par eux dans cette direction belliqueuse. Et d’ailleurs devra t on toujours fermer les yeux sur leur propre politique ethnique et linguistique ? Au total, il est vain, inutile, contreproductif et dangereux d’affronter la Russie. Ce pays doit être compris, ses intérêts respectés et avec lui la règle doit être la négociation et la coopération plutôt que les tentatives d’intimidation et d’encerclement.


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