France et zone euro : la récession menace

mardi 19 août 2008.
 

Après le recul enregistré de la production industrielle, l’INSEE annonce une croissance en recul de 0,3%. C’est l’ensemble de la zone euro qui est touchée par ce recul de la croissance (-0,2%).

Le produit intérieur brut de la France s’est contracté de 0,3% au deuxième trimestre par rapport aux trois mois précédents après une croissance de +0,4% (révisée de +0,5%) au premier trimestre, selon les résultats provisoires des comptes nationaux publiés jeudi par l’Insee.

L’Allemagne a annoncé de son côté une contraction de 0,5% de son PIB au deuxième trimestre, l’Italie de 0,3%. C’est la zone euro qui subit ce recul économique.

L’économie de la zone euro s’est contractée de 0,2% au deuxième trimestre comparé au premier, soit le premier recul du Produit intérieur brut (PIB) depuis la création de la zone, selon des données publiées jeudi par l’office européen des statistiques Eurostat.

C’est la plus mauvaise performance réalisée par l’économie de la zone euro depuis sa création. Jusqu’ici, la pire situation remontait au deuxième trimestre 2003, avec une croissance nulle.

Le mauvais chiffre du deuxième trimestre pourrait alimenter les craintes d’une récession dans la zone euro, un risque évoqué depuis plusieurs semaines par certains économistes. Mauvaise surprise

Pour la France, vingt-neuf économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une croissance de 0,2% en avril-juin mais beaucoup craignaient une mauvaise surprise au vu de la dégradation des indicateurs économiques publiés ces dernières semaines. Le chiffre est encore plus mauvais.

La ministre de l’Economie Christine Lagarde a toutefois tenté de minimiser la portée de ce chiffre sur France Inter en parlant d’un "ralentissement économique auquel on s’attendait ".

"Toute personne qui crierait au loup à la récession aurait un trimestre d’avance", ajoutait la ministre, rappelant qu’une récession correspond à une "contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs".

Cette baisse de la croissance se décline dans tous les domaines. En France, les dépenses de consommation des ménages, jusqu’à l’année dernière un des moteurs de la croissance, ont peu évolué au deuxième trimestre (+0,1% après -0,1% au premier trimestre), selon l’Insee. Les investissements ont chuté de 1,5% après +0,7% au trimestre sous l’effet des baisses conjointes des investissements des entreprises non financières (-1,0% après +1,2%) et de celle des ménages (-2,9% après -0,1%).

Les exportations ont diminué (-2,0% après +2,4% au premier trimestre de 2008) ainsi que, dans une moindre mesure, les importations (-0,3% après +1,8%).

La contribution du solde extérieur à l’évolution du PIB s’établit ainsi à -0,5 point (après +0,1 point). La contribution des variations de stocks s’élève quant à elle à +0,3 point, après +0,1 point au trimestre précédent. Récession, dites-vous ?

"On peut quasiment parler de récession industrielle", juge Nicolas Bouzou, d’Asterès, qui s’inquiète du recul "très rapide" de la production, revenue "à son plus bas depuis le premier semestre 2006".

Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, avait réfuté sur France-Info ce terme de récession, estimant que le "léger tassement de l’activité industrielle" était lié aux difficultés mondiales de la production automobile et constituait "évidemment le contrecoup du pétrole élevé".

Pourtant, le recul global de la production industrielle (voir notre article) s’ajoute à la litanie de mauvaises nouvelles de ces dernières semaines.

Le déficit commercial s’est encore creusé au premier semestre, atteignant 24,387 milliards d’euros contre 15,801 milliards un an plus tôt. La consommation est tombée dans le rouge en juin, même si elle reste à la hausse sur un an.

Le moral des industriels est au plus bas depuis depuis 3 ans, et celui des ménages depuis 20 ans.

Vu ces mauvais indicateurs (voir notre tour d’horizon), la croissance du deuxième trimestre, qui sera publiée le 14 août, est attendue faible.

"Tous les voyants sont dans le rouge, ce qui ne peut que renforcer nos craintes d’une très mauvaise surprise pour la croissance du deuxième trimestre", estime Alexander Law, de Xerfi.

Nicolas Bouzou table, lui, sur une hausse du PIB limitée à 0,1 ou 0,2% au deuxième trimestre et sur 1,4% ou 1,5% pour 2008.

Le gouvernement espère entre 1,7% et 2% de croissance, mais reconnaît qu’elle risque d’être proche du bas de cette fourchette. Inquiétudes des marchés

Le repli de l’euro et des cours du pétrole apporte toutefois une note d’espoir. Ce qui n’est pas le cas des nouvelles en provenance des résultats des banques comme la Société Générale et BNP-Paribas qui laissent présager un contrecoup de la crise financière des subprimes sur le secteur bancaire.

La Bourse de Paris maintenait sa baisse mercredi à la mi-journée, le CAC 40 cédant 0,92% dans un marché pénalisé par les valeurs financières, que les chiffres de la production industrielle ne sont pas venus soutenir.

"Les valeurs financières pèsent fortement sur le marché", a indiqué à l’AFP Frédéric Rozier, conseiller de gestion chez Meeschaert Asset Management, à l’image de la clôture la veille à Wall Street.

Le secteur payait les inquiétudes des investisseurs à la suite des nouvelles dépréciations annoncées par JPMorgan, et des poursuites de la crise financière avec les obligations ARS.

Par ailleurs, "on marque une pause sur le repli des matières premières, ce qui bénéficie à quelques valeurs qui avaient baissé", comme celles liées à l’énergie et au pétrole, a ajouté M. Rozier.

Les chiffres de la production industrielle en zone euro n’ont pas rassuré le marché. Celle-ci est restée stable en juin, comparé en mai où le recul était de 1,8% sur un mois. Sur un an, la production industrielle accusait en juin un recul de 0,5%.

"C’est une preuve de plus que le PIB de la zone euro (qui doit être publié jeudi) montrera très certainement une contraction", a observé Martin van Vliet, économiste à la banque ING.

BNP Paribas (-3,07% à 60,92 euros), Crédit Agricole (-4,86% à 14,28 euros), Dexia (-2,68% à 9,45 euros) et Société Générale (-5,01% à 64,62 euros) sont victimes du regain d’inquiétude sur le secteur bancaire.

L’Oréal (-2,13% à 73,50 euros) a subi une défaite judiciaire en Belgique face à eBay dans une affaire de contrefaçon de parfum, alors que le numéro un mondial des cosmétiques accusait le groupe d’enchères sur internet de ne pas se montrer assez coopératif pour empêcher la vente de produits contrefaits de sa filiale Lancôme.

EDF (+2,64% à 56,83 euros) : Le producteur britannique d’énergie nucléaire British Energy a confirmé mercredi qu’il était toujours en négociations avancées au sujet d’une éventuelle offre d’acquisition, deux semaines après que les négociations avec le français EDF ont achoppé sur la question du prix.

Récession, dites-vous ?


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