Renault : Carlos Ghosn fait des profits et licencie (articles de L’Humanité et Rouge)

mardi 29 juillet 2008.
 

"1000 emplois en moins, inacceptable" Article de L’Humanité

Restructuration Renault a annoncé la suppression de 5 000 à 6 000 emplois en Europe, dont un millier sur le site de Sandouville, en Seine-Maritime. Les salariés sont remontés et dénoncent un coup de force dans une période estivale expressément choisie.

À l’usine Renault de Sandouville (Seine- Maritime), près du Havre, 16 h 33, c’est l’heure de sortie de l’équipe de jour. Un sentiment général prévaut : « l’écoeurement », « le ras-le-bol », « l’énervement ». Hier matin, le PDG de Renault, Carlos Ghosn a en effet annoncé la suppression de 5 000 à 6 000 emplois en Europe. Dans l’usine normande, c’est une équipe qui doit disparaître, soit environ un millier d’emplois. Sans compter les sous-traitants. « Pour un salarié Renault, il faut compter cinq sous-traitants. Faites les comptes : ça fait près de 5 000 salariés extérieurs qui risquent également de perdre leur boulot à cause de Renault », calcule Alain Richeux, le secrétaire CGT de l’usine.

LES SALARIÉS ONT L’IMPRESSION DE S’ÊTRE FAIT AVOIR

La colère est d’autant plus grande que les salariés ont l’impression de s’être fait avoir « sur toute la longueur ». « Carlos Ghosn était venu ici en 2006 et nous avait promis que si on réussissait le lancement de la Laguna 3, on obtiendrait la fabrication d’un nouveau véhicule. Au lieu de ça, il décide d’arrêter une équipe pour conforter ses actionnaires. Mais c’est la même technique partout : on met en difficulté les usines françaises pour mieux délocaliser », déplore Alain Richeux. « On nous prend pour des idiots », poursuit Michaël Deschamps, rappelant que « les gars qui travaillent sur les chaînes de Sandouville font des efforts depuis trois ans. Ils ont tout fait pour que la Laguna 3 sorte avec une qualité irréprochable. Ils ont respecté leur engagement, et voilà comment ils sont remerciés… » La pilule est aussi difficile à avaler vu les bons chiffres de la firme au losange, annoncés quelques heures auparavant. « Comme d’habitude, on sacrifie les salariés au profit des actionnaires », résume un ouvrier, à la sortie. Mais pour lui, comme pour ses collègues, l’arrêt d’une équipe n’est qu’une « demi-surprise ». « On s’y attendait plus ou moins, lâche un autre ouvrier, la cinquantaine passée. Ça fait des mois qu’on subit l’équivalent d’une semaine de chômage technique par mois. C’est comme si la direction voulait nous préparer. » Si certains se disent « résignés à subir », bon nombre sont particulièrement remontés. « Ça va mal finir, ça va être chaud, ça va craquer », pouvait-on entendre hier dans les couloirs des locaux du comité d’entreprise, après les réunions organisées dans les différentes équipes. « Les mecs ont pris un coup sur la tête. Ils ne supportent plus d’être pris pour des cons », ne peut que constater le secrétaire de la CGT.

« Lors du dernier comité d’entreprise qui a eu lieu le 18 juillet, la direction du site de Sandouville nous a assuré que tout allait bien », donne pour exemple Philippe Beaufils, élu CGT au CE. Et même maintenant que la nouvelle a été annoncée, la direction de l’usine se borne à parler de « projet » et ne donne aucune information. « On n’a aucune réponse. Il est question de départs volontaires, mais qui sera concerné ? Et dans quelles conditions ? On n’en sait rien », s’insurge Alain Richeux. Qui plus est, rien ne garantit que la situation sera meilleure après cette nouvelle restructuration. « Une usine qui se vide est une usine qui se meurt », scande la CGT. « On n’a aucune garantie pour le long terme. Il n’y a pas de remplacement de véhicules en vue pour l’instant, pas de projet », analyse Michel Robert, délégué CGT, qui, bien que sur le départ (il a trouvé un boulot ailleurs), a endossé un teeshirt au slogan évocateur : « Renault, créateur de chômeurs ». « Les conditions vont se re-dégrader », surenchérit Alain Richeux, qui se dit « très inquiet » pour ceux qui resteront. Il est vrai que du boulot, dans la région havraise, il n’y en a plus beaucoup.

LA RESTRUCTURATION À LA VEILLE DES VACANCES ESTIVALES

Le fait d’avoir annoncé cette restructuration à la veille des vacances estivales ne fait que renforcer la vindicte des salariés : L’usine ferme en effet ses portes jeudi prochain pour quatre semaines, auxquelles se rajoutera une semaine de chômage technique d’ores et déjà programmée début septembre… Laquelle sera suivie de quatre autres jours non travaillés en octobre. « Avant les vacances, ça casse le moral », reprend Michaël Deschamps. « Déjà qu’avec les jours de chômage qu’on a subis, c’est dur financièrement… » Aucun comité d’entreprise extraordinaire n’étant prévu avant les vacances, les salariés devront donc attendre septembre pour en savoir davantage. En attendant, la CGT, la CFDT, FO et la CFTC appellent à une grève de deux heures en fin de poste tous les jours jusqu’à jeudi prochain, jour des congés. Pour la CGT, syndicat majoritaire, les revendications sont simples : « Récupérer le véhicule promis par Carlos Ghosn afin de maintenir les effectifs. » Le mois de septembre s’annonce d’ores et déjà très tendu à Sandouville. Les salariés ont prévenu : « On n’a rien à perdre. »

Alexandra Chaignon pour l’Humanité du Vendredi 25 Juille

2) Communiqué de la LCR

Les mauvais coups de l’été ne sont pas à porter seulement à l’actif du gouvernement et de sa cascade de lois qui détruisent les droits des salariés.

Pour ceux et celles qui travaillent chez Renault, la mauvaise nouvelle vient de tomber : 6000 suppressions d’emplois prévues dont 1000 à Sandouville. A la veille des vacances, cette annonce officielle c’est un vrai coup de massue pour les salariés.

Renault fait des profits et licencie et quand même : c’est le constat brutal qui s’impose. Malgré 1,5 milliards d’euros de bénéfices au premier semestre 2008 et des marges bénéficiaires voisines de celles fixées par le PDG pour ses actionnaires, le licenciement de 6000 salariés est motivé par la recherche du profit maximum.

La LCR, profondément révoltée par cette décision de la direction du groupe Renault, apporte toute sa solidarité militante aux salariés de cette entreprise dans les luttes qu’ils ne manqueront pas de mener pour faire annuler ces suppressions d’emplois.

L’interdiction des licenciements, à commencer dans les entreprises qui font des profits, c’est bien une revendication essentielle d’un programme politique d’urgence pour une alternative anticapitaliste.

Les licenciements, aujourd’hui, se multiplient, comme à Goodyear à Amiens où la direction veut supprimer plus de 400 emplois.

C’est pourquoi, il faut travailler, dès à présent, à la convergence des luttes, au tous ensemble contre les licenciements, que ce soit à Renault, Goodyear, Doux ou ailleurs.

Le 25 juillet 2008.


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