La crise financière déroule ses anneaux et franchit par palier des niveaux élevés de contagion

mardi 22 juillet 2008.
 

Danger.. Dorénavant le pire est en vue. Pendant ce temps au Sénat continue la deuxième lecture de la réforme constitutionnelle. Je fais nombre. Les collègues ferraillent sur fond de grosses manœuvres présidentielles pour enfoncer un coin décisif dans le pauvre dispositif de l’opposition de gauche.

Le premier effet de la crise est que la cascade des faillites répand du papier pourri dans tous les bilans d’entreprises. Cette contamination menace l’existence de toutes sortes de firmes jusqu’aux plus improbables. Surtout quand elle s’ajoute, côté production réelle, d’une part aux effets de l’envolée des prix des matières premières d’autre part à la raréfaction du crédit qui diminue les clients. Etc. Ca devient d’un classique pour école de formation de base de militants socialistes. De compartiment en compartiment, de pays en pays, l’onde de choc touche tout.

Et pendant ce temps les gouvernements n’ont aucune intention de prendre des mesures à contre cycle pour atténuer l’impact. La guerre au déficit des comptes publics provoque des plans de rigueur terribles. En France on connaît ça. On est en plein dedans. Pas seulement par les restrictions de crédit de fonctionnement et d’investissement. Mais aussi par l’aggravation de l’appauvrissement de l’Etat à coup de faveurs fiscales (dont 73 milliards de niches fiscales) aux gros contributeurs et de baisse de cotisations sociales (- 41 milliards) payée par le budget de l’Etat (+12% par an !) Et voila le tour des collectivités locales, qui accomplissent 73 % de l’investissement public et se trouvent être le premier investisseur (et de très loin) du pays.

Quels moteurs alors pour la croissance ? Récapitulons. Pas l’Europe puisqu’elle ne peut pas emprunter. Pas le crédit puisque la BCE le raréfie. Pas l’Etat puisqu’il contracte ses dépenses. Pas les particuliers parce qu’ils gagnent moins et bientôt encore moins tout en travaillant plus grâce à la loi temps de travail dont le débat commence demain au Sénat ! Le pays va donc vers l’état de choc. Les libéraux l’intègrent à leur stratégie de combat (du moins tant qu’ils peuvent). Ils en tireront argument pour appuyer à fond sur l’accélérateur anti-Etat, anti redistribution. Ils invoqueront l’épouvantail du déficit, valoriseront l’effort individuel, désigneront des boucs émissaires à la vindicte publique (chômeurs, immigrés, jeunes, Al Qaïda, l’Iran, et ainsi de suite). On connaît le registre.

Côté sociaux démocrates c’est l’état de sidération. Que faire ? Ils avaient épousé le marché invincible, la concurrence libre et non faussée et tout le reste du catéchisme des « modernes ». Que faire si rien ne se passe comme annoncé mais au contraire tout à rebours ? « Une meilleure redistribution des richesses » ? Lesquelles ? Deux pays sont déjà en récession. Que faut-il y « mieux » redistribuer ? Et meilleur que quoi ? Meilleure est un superlatif de bon. La redistribution est bonne et on veut qu’elle soit meilleure ? Quelle foutaise ! Cette foutaise est pourtant dans toutes les contributions ou presque du congrès socialiste. Cela signifie qu’ils n’ont aucune idée de ce qu’il faut faire face à la crise qui va déferler. Comme les dinosaures, parait-il, la gravité du moment va mettre beaucoup de temps pour arriver jusqu’à leur cerveau. Pour l’instant ce que l’on entend est de la médecine cafardeuse : « le gouvernement doit dire la vérité », les mesures contre le déficit doivent être équilibrées et bla bla bla bla. Si ni les uns ni les autres ne savent que faire d’autre que ce qu’ils font déjà, alors le scénario latino américain de l’effondrement est en vue.


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