PCF : des stratégies pour en finir avec le capitalisme (Olivier Dartigolles, membre du comité exécutif national du PCF)

mercredi 2 juillet 2008.
 

Il ne s’agit pas pour les communistes de desserrer une « tenaille » entre un Parti socialiste inscrivant son action dans le cadre d’un capitalisme baptisé « économie de marché » et une extrême gauche se posant en fer de lance de l’anticapitalisme. Il s’agit, pour être vraiment utile à la transformation révolutionnaire de la société, de mieux identifier tant les obstacles que les potentiels pour les surmonter.

Comment transformer un rapport de forces au départ défavorable à ceux qui veulent mettre fin au capitalisme ?

Pour aborder cette question, il faut avoir en vue l’humanité entière. Sortir par le haut du capitalisme, le dépasser, ne peut pas être un acte unique, quasi instantané. Ce ne peut être qu’un processus de longue durée et n’avançant pas partout en même temps. Qui dit durée dit forcément coexistence avec l’adversaire, coexistence conflictuelle. Sauf à attendre le petit matin du grand soir, il faut travailler à des rassemblements, à toutes les échelles où c’est possible : en France, en Europe, avec d’autres forces de progrès dans le monde. Et ce à fin d’imposer des conquêtes réellement anticapitalistes - c’est-à-dire correspondant à des reculs effectifs de la domination de la loi du profit. Des conquêtes viables en partant de la réalité du monde actuel, donc crédibles, et qui soient autant de moyens de se renforcer contre le capitalisme et de lui porter de nouveaux coups. Ce que nous parviendrons à faire en France dans ce sens y contribuera. Comme y contribue et y contribuera ce que d’autres font et feront ailleurs.

Cette question des conquêtes nécessaires à la transformation du rapport des forces n’entre visiblement pas dans les préoccupations de la LCR. En témoigne le texte adopté par sa direction nationale lors de sa réunion des 17 et 18 mai comme « Contribution de la LCR à la réunion nationale des 28 et 29 juin » et où on lit : « Nous sommes plongés en pleine globalisation capitaliste. C’est désormais dans cet espace qu’il faut penser les luttes, la construction d’un nouveau mouvement ouvrier, la rupture avec le système et le socialisme. Plus que jamais, il n’existe pas de solution nationale, tant les économies, les sociétés sont imbriquées, tant les problèmes de fond nécessitent une riposte et des réponses à cette échelle. »

A ce compte, on peut bien faire son beurre sur le thème des « deux gauches », l’une qui serait « révolutionnaire » et une autre, PCF compris, qui serait « définitivement convertie aux exigences de la mondialisation capitaliste », mais on n’a pas de raison de se battre pour que, dans notre pays, la gauche soit majoritairement sur une logique de transformation sociale anticapitaliste.

C’est pourtant indispensable. Et, pour ce qui concerne le Parti communiste, la question des nécessaires transformations à opérer - dont il doit discuter à son prochain congrès - n’a vraiment de sens que si elle n’est pas prise comme un objet pour lui-même mais au regard de l’urgence d’une bien plus grande efficacité politique pour contribuer à faire reculer les rapports d’exploitation et de domination.

Projet et rassemblement : on se bat mieux et on rassemble plus quand on sait que l’on peut faire autrement que ceux d’en face. L’écart est grand entre le mécontentement, voire l’exaspération existant dans le pays et la capacité à mener des luttes amples et victorieuses. Même parmi celles et ceux qui s’engagent dans l’action, le sentiment est fort que, finalement, « on ne coupera pas » à ce « qu’ils nous préparent ». Il n’est pas vrai, quoi qu’en ait dit Olivier Besancenot, que « la question de la reconduction et de la généralisation de la grève a été concrètement à l’ordre du jour dans les mobilisations depuis novembre-décembre 1995 ». Aujourd’hui pèse lourdement la conviction qu’il n’est pas réaliste de chercher à mettre fin au capitalisme. Et la prégnance de cette idée au sein même de la gauche se traduit par l’influence du PS avec les positions qu’on lui connaît.

Nous voulons sortir de cette impasse car il n’est pas possible de commencer à se libérer du capitalisme sans un rassemblement populaire majoritaire, fait de femmes et d’hommes divers par les courants de pensée dans lesquels ils se reconnaissent, assumant lucidement cette diversité pour s’en enrichir et capables de se mobiliser durablement, avec détermination, avec esprit de suite et d’initiative, avec inventivité et imagination. Un mouvement capable de faire échec aux tentatives de le diviser, de le décourager. Bref, quelque chose que nous n’avons jamais connu, pas même en 1968. Or, on se bat mieux, on se rassemble mieux, on suscite plus aisément une large sympathie, qui isole l’adversaire et l’oblige à reculer, quand on sait véritablement que l’on est porteur de solutions, d’un projet, bien meilleur pour la société que ce que le patronat et la droite ont entrepris d’imposer.


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