Jean-Luc Mélenchon met la pression à gauche

samedi 5 juillet 2008.
 

« Être des facilitateurs du rassemblement de l’aile gauche du parti mais pas à n’importe quel prix » : Trait d’union, la sensibilité animée par Jean-Luc Mélenchon, a, à son tour, sacrifié, à la présentation à la presse de sa contribution en vue du congrès de Reims. Ce courant « de gauche décomplexée » entend « se battre à visage découvert ». La perspective ? « réinventer la gauche ». Sans illusion quant à la possibilité de devenir majoritaire dans le parti, mais attentif à faire vivre « les ressorts de gauche » qui existent historiquement au sein du PS, le congrès s’annonce « tristounet, mic-mac-ratatouille », selon le sénateur de l’Essonne. Lequel lance un appel aux militants qui n’approuvent pas la « mutation définitive » du PS en un Parti démocrate à l’italienne : « Aidez-moi, n’acceptez pas le potage. »

Vers une motion commune avec qui ? Jean-Luc Mélenchon n’écarte rien mais fixe des limites de contenu. C’est sa revue de détail des questions « clivantes » pour « politiser » le congrès et inciter à un vrai débat sur « l’orientation générale de la gauche face à la droite de notre temps ». Trait d’union discerne six points qui font la différence : le rapport à l’ordre du monde dominé par les USA ; la politique européenne ; le choix de l’implication populaire pour le changement ; le nouveau partage des richesses ; la place de l’État et du collectif dans l’économie ; la stratégie d’alliance ancrée à gauche. L’un des acteurs les plus résolus du « non » au traité constitutionnel européen veut bien dépasser les querelles internes. À condition toutefois de ne pas dépasser le verdict des Français : le « non » a gagné. Reste à proposer « un plan D ». Une solution existe, souligne Jean-Luc Mélenchon : c’est la démocratie. Et de proposer « de donner un mandat constituant au prochain Parlement européen ». De quoi vivifier le débat l’an prochain lors de la campagne des européennes.

À propos du « combat central » qui est celui des partages des richesses, pas question pour Trait d’union d’être à équidistance du capital et du travail : « Il faut choisir. » Et il choisit : « Les dix points de part de la richesse nationale qui sont passés depuis vingt-cinq ans de la rémunération du travail à celle du capital constituent notre marge de manoeuvre pour une politique socialiste de réformes radicales bien financée. » Choisir : c’est le cas encore en matière d’institutions. Le sénateur reprend au passage le flambeau « d’une VIe République parlementaire de démocratie continue » dont le chantier avait été lancé puis abandonné par Arnaud Montebourg. Le but de la réforme étant « d’associer la population à la définition du bien commun » et de trancher entre la forme parlementaire et la forme présidentialiste. « C’est l’angle mort de la réflexion sur l’échec des gouvernements de gauche, dont la pratique a été coupée de l’implication populaire. » Autre clivage : la place de l’État. Il s’agit de le « réhabiliter ». Il propose un travail pédagogique sur l’intérêt général. Notamment à partir de ce qu’il considère comme une nécessité : une planification écologique. Choisir, c’est enfin le choix de la gauche, dont il s’agit de « reprendre de zéro le chantier de l’unité ». Avec une initiative : des Assises de la gauche du XXIe siècle ».

Dominique Bègle


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