Décrypter la réforme des retraites voulue par le gouvernement pour mieux la repousser (MARS Gauche Républicaine)

samedi 29 mars 2008.
 

À la veille de la rencontre entre les syndicats et le Ministre du travail Xavier Bertrand, et trois jours avant la première mobilisation syndicale, le MARS-Gauche Républicaine tient à rappeler quelques éléments simples qui replacent dans son contexte la volonté gouvernementale d’allonger la durée de cotisation à 41 annuités. Et qui en traduisent également l’inefficacité.

La discussion qui s’engage ne peut pas en effet être dissociée de l’attaque portée il y a seulement quelques mois aux régimes spéciaux. Fort des souvenirs du mouvement social de 1995, le gouvernement Fillon savait devoir briser les bastions de résistance les plus forts afin d’avoir le champ libre pour une nouvelle offensive contre le régime général cette fois. Les faits le prouvent : derrière la soi disant nécessité de mettre fin à des « privilèges », se profilait l’allongement des cotisations pour tous les salariés. Nous y sommes.

Pas plus que la fin des régimes spéciaux, l’allongement de la durée de cotisation de 40 à 41 annuités pour le régime général ne résout le vrai problème, quand on sait que l’emploi des seniors en France reste l’un des plus faibles d’Europe à 37,8 %. Il n’est évidemment pas raisonnable d’allonger encore la durée de cotisation quand presque 2 Français sur 3 ne sont plus en situation d’emploi lorsqu’ils atteignent l’âge de la retraite. Dans la situation d’atonie économique dans laquelle s’enfonce notre pays sous le double coup de la crise financière venue des Etats-Unis et de la politique libérale du gouvernement, cette situation ne risque pas de s’améliorer. Pas plus qu’il n’y a de travail disponible « pour travailler plus », pas plus les entreprises ne vont subitement embaucher des chômeurs approchant les 60 ans.

Une telle « arnaque » cache un plus sombre projet : celui de faire basculer progressivement notre système d’un régime par répartition à un régime par capitalisation, où chacun serait obligé d’assumer individuellement tout ou partie de sa propre retraite s’il veut maintenir un pouvoir d’achat décent. Non par décision brutale d’une loi qui verrait les Français s’opposer en masse, mais simplement en fragilisant de plus en plus le système par répartition. On sait que le choix n’est pas seulement idéologique, tant de grandes compagnies financières bâtissent ailleurs leur richesse sur l’épargne ainsi capitalisée. Avec également le danger que l’on sait pour l’économie mondiale et les épargnants eux-mêmes, comme le prouvent les frasques à répétition des organismes auprès desquels il faut souscrire ces contrats organiques et qui ont alimenté ces dernières années les chroniques économiques aux Etats-Unis mais aussi en Europe.

Il est un tout autre choix qui revient à la question politique centrale : dans des pays comme la France, où la richesse globale ne cesse de croître, quelle place accorde-t-on aux mécanismes de solidarité, à la retraite ou à la santé ? Comment répartit-on les richesses ? Il est bien évident qu’allonger d’un côté les annuités de cotisation et de l’autre ne cesser d’alléger, voire de supprimer, les cotisations sociales qui alimentent les fonds de solidarité dont la caisse des retraites, démontre la stupidité ou plutôt le cynisme de ces décisions.

Le MARS-Gauche Républicaine dénonce la supercherie du passage aux 41 annuités et met en garde le Président Sarkozy et son gouvernement contre toute tentative de passage en force qui ne manquerait pas d’attiser la colère de tous ceux, dont nous sommes, qui sont profondément attachés à un système viable qui maintient la solidarité entre individus et entre générations. Nous soutenons évidemment les mobilisations qui, nous sommes certains, vont s’amplifier dans les semaines à venir.

MARS-GAUCHE REPUBLICAINE


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