Shoah en CM2, curé et instituteur, morale publique et morale religieuse

mardi 19 février 2008.
 

Ce matin j’étais l’invité de Christophe Barbier sur LCI. Ca tombait bien... Le soir précédent, au diner du CRIF, Sarkozy reprenait ses couplets obscurantistes et tentait de se justifier à propos des affirmations les plus agressives de ce discours. Cependant je n’avais, pour en connaître, que les dépêches glanées dès les premières heures.

J’ai donc répondu aux questions qui m’étaient posées par Christophe Barbier sans connaître la totalité des sottises provocantes que le Président de la République avait proférées. De tout cela l’AFP a retenu ce que j’ai dit sur l’idée saugrenue de faire parrainer par chaque élève de l’enseignement primaire la mémoire d’un enfant déporté. Cette idée que le syndicat des enseignants a qualifié « d’ânerie morbide », jolie formule dont j’ignorais à cette heure là qu’elle avait été lancée. C’est un angle étroit. J’aime mieux la dépêche de l’agence Reuters qui reprend en titre ma formule de dénonciation du « président prédicateur ». Et surtout qui reprend mon analyse : « le président n’a pas à se transformer comme il le fait en une espèce de prédicateur. En réalité ce sont des provocations auxquelles il se livre, j’ai l’impression qu’il cherche une diversion par rapport au désastre annoncé des élections municipales ».

Je ne savais pas si bien dire. Car depuis le texte a été analysé par « Le Monde » et le quotidien relève que Nicolas Sarkozy a proposé un attentat contre la laïcité de l’école. Voici ce qu’il en dit : « Monsieur Sarkozy a pris le risque de réveiller la polémique en souhaitant « que nos enfants aient le droit de rencontre à un moment de leur formation intellectuelle et humaine des religieux engagés qui les ouvrent à la spiritualité ». » Je pense qu’à ce degré de provocation sur un sujet qui a suscité tant d’affrontements, le but ne peut pas être autre chose que de déclencher des confrontations sans rien attendre d’autre qu’une diversion. Quand au reste de ses propos tels que je les ai découverts ensuite, c’est de la même eau : une reprise de ses provocations du discours au Latran pour faire mine d’en rabattre tout en en rajoutant... Suivant une rhétorique désormais banale, le président commence par se poser en victime de la désinformation avant de proposer une lecture de ses propos qui est souvent l’exact contraire de ce qu’il a d’abord affirmé. Sur cette note je ne retiens que deux exemples en proposant que chacun de mes lecteurs se fasse une idée de la valeur des dénégations de Nicolas Sarkozy, texte en main....

Le curé et l’instituteur

Ce qu’il a dit dans son discours de Latran, version disponible sur le site de l’Elysée :

« Dans la transmission des valeurs et dans l‘apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l‘instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s‘il est important qu‘il s‘en approche, parce qu‘il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d‘un engagement porté par l‘espérance. »

Ce qu’il prétend avoir dit (discours du CRIF) :

"Jamais je n’ai dit que l’instituteur était inférieur au curé, au rabbin ou à l’imam pour transmettre des valeurs".... "ce dont ils témoignent n’est tout simplement pas la même chose". L’instituteur "témoigne d’une morale laïque, faite d’honnêteté, de tolérance, de respect". Le curé, le rabbin et l’imam "témoigne d’une transcendance dont la crédibilité est d’autant plus forte qu’elle se décline dans une certaine radicalité de vie".

La morale publique et la morale religieuse

Ce qu’il a dit à Latran, version disponible sur le site de l’Elysée :

« S’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser ou de se changer en fanatisme quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. »

Ce qu’il prétend avoir dit (discours du CRIF) dépêche AFP

"Jamais je n’ai dit que la morale laïque était inférieure à la morale religieuse". "Ma conviction est qu’elles sont complémentaires et que, quand il est difficile de discerner le bien du mal, ce qui somme toute n’est pas si fréquent, il est bon de s’inspirer de l’une comme de l’autre."

Chacun peut donc constater ce que valent les mises au point de Nicolas Sarkozy....


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message