Autres textes du Deuxième Congrès de l’Internationale Communiste (rapport du Comité exécutif, organisation, Allemagne

samedi 30 décembre 2006.
 

1) Rapport du Comité exécutif

Le Congrès prend avec satisfaction connaissance du rapport du Comité Exécutif et constate que la politique et l’activité du Comité Exécutif pendant l’année écoulée avaient pour objet la réalisation des décisions du 2e Congrès. Le Congrès approuve en particulier l’application par le Comité Exécutif aux différents pays des 21 conditions formulées par le 2e Congrès. Il approuve également l’activité du Comité Exécutif dans le but de favoriser la formation de grands partis communistes des masses et la lutte décidée contre les tendances opportunistes qui s’étaient manifestées dans ces partis .

1. En Italie, l’attitude prise par le groupe de chefs autour de Serrati immédiatement après le 2e Congrès mondial montra qu’il n’avait pas sérieusement la volonté de réaliser les décisions du Congrès mondial et de l’Internationale Communiste. Mais c’est surtout le rôle joué par ce groupe de chefs lors des luttes de septembre, son attitude à Livourne et plus encore la politique qu’il a suivie depuis, qui ont démontré clairement qu’ils voulaient se servir du communisme comme d’une enseigne cachant leur politique opportuniste. Dans ces conditions, la scission est inévitable. Le Congrès approuve l’intervention décidée et ferme de l’Exécutif dans ce cas, qui a pour l’Internationale Communiste une portée de principe. Il approuve la décision du Comité Exécutif qui alors a immédiatement reconnu le parti communiste d’Italie comme seule section communiste de ce pays.

Confirmant les décisions en vertu desquelles le Parti socialiste italien a adhéré à la IIIe Internationale, dont il a accepté sans réserve les principes fondamentaux, le 18e Congrès proteste contre l’exclusion de ce parti de l’Internationale Communiste - exclusion qui lui a été notifiée par le représentant de l’Exécutif, à la suite de divergences de vues dans l’appréciation de questions locales et de détails qu’on pouvait et qu’on devait aplanir au moyen d’explications amicales et d’une entente fraternelle.

Confirmant on adhésion pleine et entière à la IIIe Internationale, il déclare s’en remettre au prochain Congrès de celle-ci pour solutionner le conflit et s’engage d’ores et déjà à se soumettre à sa décision et à l’appliquer.

Après la sortie des communistes du Congrès de Livourne, le Congrès a adopté la résolution suivante, présentée par Bentivoglio :

Le 3e Congrès mondial de l’Internationale Communiste est persuadé que cette résolution est imposée aux groupes des chefs Serrati par les ouvriers révolutionnaires. Le Congrès attend que les éléments révolutionnaires et prolétariens fassent tout leur possible après les décisions du 3e Congrès mondial pour mettre en exécution ces décisions.

* Le Congrès mondial en réponse à l’appel du Congrès de Livourne déclare catégoriquement :

Aussi longtemps que le P.S.I. n’aura pas exclu ceux qui ont participé à la conférence de Reggio Emilia et ceux qui les soutiennent, le Parti socialiste italien ne peut appartenir à l’Internationale Communiste.

Si cette condition préalable - condition qui est un ultimatum - est remplie, le Congrès mondial charge le Comité Exécutif d’entreprendre les démarches utiles pour unir le P.S.I. purifié des éléments réformistes et le P.C.I. en une section unifiée de l’Internationale Communiste.

2. En Allemagne, le Congrès du Parti socialiste indépendant tenu à Halle a été la suite des décision du 2e Congrès mondial qui ont dressé le bilan de l’évolution du mouvement ouvrier.

L’intervention de l’Exécutif tendait à la formation forte d’un parti communiste en Allemagne et l’expérience a montré que cette politique était juste.

Le Congrès approuve entièrement l’attitude de l’Exécutif dans les événements ultérieurs qui s’étaient déroulés au sein du Parti communiste unifié d’Allemagne. Le Congrès attend du Comité Exécutif qu’il applique aussi à l’avenir les principes de la discipline révolutionnaire internationale.

3. L’admission du Parti communiste ouvrier d’Allemagne, en qualité de parti sympathisant de l’Internationale Communiste, avait pour but d’assurer par cette épreuve si ce parti se développerait dans le sens de l’Internationale Communiste.

La période écoulée est suffisamment concluante à cet égard. Il est temps de demander au P.C.O. d’Allemagne l’affiliation, dans un délai déterminé, au parti communiste, ou bien, dans le cas contraire, de décider son exclusion de l’Internationale Communiste en tant que parti sympathisant.

4. Le Congrès approuve la façon dont le Comité Exécutif a appliqué les 21 conditions au Parti français, ce qui a permis de soustraire de grandes masses ouvrières se trouvant en marche vers le communisme, à l’influence des opportunistes longuettistes et des centristes et d’accélérer cette évolution. Le Congrès attend de l’Exécutif qu’il contribue aussi à l’avenir au développement du Parti afin de fortifier la clarté de ses principes et sa force combative.

5. En Tchécoslovaquie, le Comité Exécutif a suivi avec patience, et en tenant compte de toute la situation, le développement révolutionnaire d’un prolétariat qui a déjà fourni des preuves de sa volonté et de sa faculté de combattre. Le Congrès approuve la résolution du Comité Exécutif. Qu’il veille à l’application intégrale, également au Parti tchécoslovaque, des 21 conditions et qu’il s’emploie à la formation dans un bref délai d’un parti communiste ferme. Il est nécessaire de réaliser le plus rapidement possible la lutte systématique pour la conquête des syndicats et pour leur unification internationale.

Le Congrès approuve l’activité de l’Exécutif dans le Proche et l’Extrême-Orient et salue le début de la propagande énergique de l’Exécutif dans ces pays. Le Congrès estime qu’il est nécessaire d’y intensifier également le travail d’organisation.

Enfin, le Congrès repousse les arguments opposés par des adversaires ouverts ou masqués du communisme contre une forte centralisation internationale du mouvement communiste. Il est au contraire d’avis que les partis communistes, indissolublement liés, ont besoin d’une direction politique centrale douée de plus d’initiative et d’énergie encore, ce qui peut être assuré par l’envoi au Comité Exécutif de leurs meilleures forces. Ainsi, par exemple, l’intervention de l’Exécutif dans la question des chômeurs et des réparations n’a été ni assez rapide, ni assez efficace. Le Congrès attend que l’Exécutif, soutenu par une collaboration renforcée des partis affiliés, améliore le système de liaison avec les partis. La participation renforcée des délégués des partis à l’Exécutif lui permettra mieux de remplir encore que jusqu’ici les tâches croissantes qui lui incombent.

2) Résolution sur l’organisation de l’Internationale Communiste

Le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste doit être organisé de telle sorte qu’il puisse prendre position sur toutes les questions d’action du prolétariat. Dépassant les cadres des appels généraux tels qu’ils étaient lancés jusqu’à présent sur telle ou telle question en discussion, le Comité Exécutif doit de plus en plus chercher à trouver les moyens et les voies pour développer son initiative pratique quant à l’action commune des différentes sections dans les questions internationales d’organisation et de propagande en discussion. L’Internationale Communiste doit devenir une Internationale de fait, une Internationale dirigeant les luttes communes et quotidiennes du prolétariat révolutionnaire de tous les pays. Les conditions indispensables pour cela sont les suivantes :

1. Les Partis adhérents à l’internationale Communiste doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour maintenir le contact le plus étroit et le plus actif avec le Comité Exécutif ; ils ne doivent pas seulement envoyer au sein de l’Exécutif les meilleurs représentants de leur pays, mais encore lui faire parvenir de façon permanente les informations les plus prudentes et les plus circonspectes, afin qu’il puisse prendre position en s’appuyant de documents et informations approfondis sur les problèmes politiques qui surgissent. Pour l’élaboration fructueuse de ces matériaux, l’Exécutif doit organiser des sections spéciales pour les différentes. branches. En outre, un

Institut international d’Economie et de Statistique du mouvement ouvrier et du communisme doit être créé auprès de l’Exécutif.

2. Les partis adhérents doivent entretenir les rapports les plus étroits pour leur information mutuelle et leur liaison organique, en particulier lorsque ces partis sont voisins et par suite également intéressés aux conflits politiques engendrés par les antagonismes capitalistes. Le meilleur moyen d’établir actuellement ces relations est l’envoi réciproque des résolutions des plus importantes conférences et l’échange général de militants bien choisis. Cet échange doit devenir un usage permanent et immédiat de toute section capable d’agir.

3. L’Exécutif doit provoquer la fusion nécessaire de toutes les sections nationales en un Parti international cohérent de propagande et d’action prolétariennes communes et pour cela publier en Europe Occidentale, dans les langues les plus importantes, une correspondance politique, à l’aide de laquelle l’idée communiste sera mise en valeur d’une manière de plus en plus claire et uniforme et qui, par une information fidèle et régulière, fournira aux différentes sections la base d’une action énergique et simultanée.

4. L’envoi de représentants autorisés dans les sections permettra au Comité Exécutif d’appuyer par le fait la tendance à une véritable Internationale de la lutte quotidienne et commune du prolétariat de tous les pays. Ces représentants auront pour tâche d’informer l’Exécutif des conditions particulières dans lesquelles les Partis Communistes ont à lutter dans les pays capitalistes ou coloniaux. Ils devront veiller ensuite à ce que ces partis conservent le contact le plus intime aussi bien avec l’exécutif qu’entre eux, afin d’augmenter la puissance d’attaque de l’un et des autres. L’Exécutif, de même que les Partis, devront veiller à ce que les rapports mutuels entre adhérents, tant personnels par camarades de confiance, que par correspondances écrites, deviennent plus fréquents et plus prompts de façon à pouvoir dans toutes les grandes questions politiques prendre une position unanime.

5. Pour être en mesure de déployer une activité aussi considérablement accrue, l’Exécutif doit être fortement élargi. Les sections auxquelles ce congrès a accordé 40 voix, ainsi que le Comité Exécutif de l’Internationale de la Jeunesse Communiste, auront chacun deux voix à l’Exécutif ; les sections qui ont eu 30 et 20 voix au Congrès en auront une. Le Parti Communiste de Russie dispose comme par le passé de 5 voix. Les représentants des autres sections ont voix consultative. Le président de l’Exécutif est élu par le Congrès. L’Exécutif est chargé de désigner trois secrétaires, qui seront choisis autant que possible dans des sections différentes. En outre, les membres délégués au Comité Exécutif par les différentes sections sont obligés de prendre part comme rapporteurs à l’expédition du travail courant, soit en dirigeant la section nationale correspondante, soit en se chargeant de l’étude de tel ou tel domaine. Les membres du Petit Bureau d’affaires sont élus par un vote spécial du Comité Exécutif.

6. Le siège de l’Exécutif est en Russie, premier Etat prolétarien. L’Exécutif, à l’effet de centraliser plus solidement la direction politique et organique de toute l’Internationale, devra toutefois chercher à étendre le cercle de son influence au moyen de conférences qu’il organisera hors de Russie.

3) Résolution sur l’action de Mars et sur le Parti Communiste Unifié d’Allemagne

Le 3e Congrès mondial constate avec satisfaction que les résolutions les plus importantes, et particulièrement la partie de la résolution sur la tactique, concernant l’action ardemment discutée de mars, ont été adoptées à l’unanimité et que même les représentants de l’opposition allemande dans leur résolution sur l’action de mars se sont placés en fait sur un terrain identique à celui du Congrès.

Le Congrès y voit une preuve qu’un travail cohérent et une collaboration intime sur la base des décisions du 3e Congrès sont non seulement désirés, mais encore possibles au sein du Parti Communiste Unifié d’Allemagne. Le Congrès estime que tout morcellement des forces au sein du Parti Communiste Unifié d’Allemagne, toute formation de fractions, sans parler même de scission, constitue le plus grand danger pour l’ensemble du mouvement.

Le Congrès attend de la Direction Centrale et de la majorité du Parti Communiste Unifié d’Allemagne une attitude tolérante à l’égard de l’ancienne opposition, pourvu qu’elle applique loyalement les décisions prises par le 3e Congrès ; celui-ci est de plus persuadé que la Direction Centrale fera tout son possible pour réunir toutes les forces du Parti.

Le Congrès demande à l’ancienne opposition de dissoudre immédiatement toute organisation de fraction, de subordonner absolument et complètement sa fraction parlementaire à la Direction Centrale, de subordonner entièrement la Presse aux organisations respectives du Parti, de cesser immédiatement toute collaboration (dans des revues, etc.) avec Paul Levi, exclu du Parti et de l’Internationale Communiste.

Le Congrès charge l’Exécutif de suivre attentivement le développement ultérieur du mouvement allemand et de prendre immédiatement les mesures les plus énergiques dans le cas de la moindre infraction à la discipline.


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